Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Après la «child penalty», voici la «menopause penalty»: youpie!

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

C’est une discrimination scientifiquement bien étudiée: l’arrivée d’un enfant au sein d’un couple pénalise fortement les mères dans leurs carrières. Mais une autre étude vient d’en rajouter une couche: ces dames, plus tard dans leur trajectoire, seront aussi affectée par la menopause penalty. Explications.

Un nouveau-né? Félicitations! En plus des courtes nuits, du corps déformé, de la charge mentale, de la sexualité en berne voire, peut-être même, des fuites urinaires et des poussées d’hémorroïdes, la société offre aux jeunes mères un autre cadeau tout aussi mignon: oh!, la jolie «pénalité de parentalité». D’après l’économiste français Camille Landais, professeur à la London School of Economics, cette child penalty mesure le recul du taux d’emploi après la naissance d’un enfant. En Belgique, selon son analyse, cette pénalisation s’élève à 26%. Moins pire qu’en Allemagne (41%) ou en Espagne (38%), mais franchement moins bien qu’en Norvège (3%) ou en Suède (9%).

Les pays nordiques font décidément tout bien, ces salauds, mais là n’est pas le propos. Car cette child penalty se répartit fort inégalement entre les hommes et les femmes, bien évidemment: 2% pour eux, 25% pour elles. Ce qui signifie, pour reprendre les savants termes de l’expert, que «l’emploi des femmes recule de 25% par rapport à celui des hommes après avoir eu un enfant». Alors qu’avant l’heureux événement, en début de carrière, la courbe féminine dépassait –légèrement– la masculine. Félicitations pour cette naissance, vraiment.

«L’emploi des femmes recule de 25% par rapport à celui des hommes après avoir eu un enfant.»

Truc marrant (hilarant, même): on pourrait imaginer que c’est parce qu’elles s’occupent davantage des gamins, les daronnes, qu’elles se montrent moins disponibles, donc moins performantes, tout ça, tout ça. Or, rappelle la professeure d’économie Pauline Grosjean (université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie), dans les couples d’hommes homosexuels, aucun des coparents ne subit cette penalty, alors qu’il n’est pas déraisonnable d’imaginer qu’il y en a bien un des deux qui gère le mouflet. Donc cette inégalité, au fond, ne relève que de la discrimination. Ah ah ah, c’est trop drôle, non?

Une étude américaine, publiée en mars dernier, prolonge cette bonne plaisanterie. A cette pénalité de maternité s’en ajoute une autre: la menopause penalty. En analysant des données norvégiennes et suédoises (parce qu’en matière de compilation, ils sont très bons aussi, ces deux pays-là), les chercheuses du National Bureau of Economic Research ont démontré que «l’autre extrémité du spectre reproductif» entraîne «une baisse durable des revenus et de l’emploi». Cette chute de revenus s’élèverait en moyenne à 10% et s’expliquerait par différents facteurs: déclin de la productivité au boulot, réduction des heures de travail, sortie du marché de l’emploi…

Comme si ce n’était pas assez rigolo comme ça, cette menopause penalty affecte plus particulièrement les femmes au statut socioéconomique plus faible que la moyenne. Notamment parce que les plus aisées peuvent s’offrir des traitements hormonaux de substitution pour alléger les symptômes, et que ces mêmes traitements ne sont que partiellement remboursés par les mutuelles. Juste un exemple: une boîte de Tresiquent (un traitement censé rétablir l’équilibre hormonal) coûte, en ligne, 63,99 euros pour seulement 28 comprimés, alors que Mutualia, la mutualité neutre (d’autres auraient pu être citées), ne rembourse que 40 euros par an.

Oh, et au fait, blague à part: les chercheuses américaines rappellent qu’au-delà de ces effets économiques insoupçonnés, la ménopause engendre également des effets non négligeables sur la santé mentale des femmes. Une double peine. Ah, vraiment, c’est trop drôle d’être une femme!

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