Onur Cinel est toujours le coach du Cercle. La preuve que la Belgique ne vit pas une saison comme les autres, mais aussi celle que les Brugeois croient en la religion des datas.
Dans beaucoup d’autres clubs de l’élite, il n’aurait probablement plus été là pour voir ça. Heureusement pour Onur Cinel, le Cercle a décidé de ne pas être un club comme les autres. Pas même un club tout court, en fait, puisque les Vert et Noir réfutent systématiquement cette appellation, trop liée à leur puissant et encombrant colocataire au stade Jan Breydel.
Avant de recevoir l’Union au lendemain de Noël pour conclure l’année, le Cercle a donc retrouvé la victoire. La première en championnat depuis le 23 août, lors d’un déplacement à Sclessin qui avait coûté sa tête à Mircea Rednic. Depuis, il y avait eu treize journées de championnat, soldées par six matchs nuls et sept défaites. Soit six petits points sur 39 possibles. Un bilan auquel presque personne n’aurait résisté, même dans cette saison si particulière où les changements de coachs volontaires se font plus rapidement en haut de tableau que dans la cave. Il faut dire qu’avec la réforme d’un championnat prêt à repasser à 18 têtes, même le dernier n’a que des chances limitées de basculer, puisqu’il disputera un barrage pour sa survie au sein de l’élite contre le troisième de D2. Une réalité qui aide à se montrer plus clément, parce que moins stressé.
Au Cercle, ce n’est toutefois pas seulement ce matelas d’avance sur la lanterne rouge et ces perspectives de catastrophe limitées qui ont maintenu Onur Cinel sur son banc de touche. Arrivé de Salzbourg l’été dernier, celui qui avait essentiellement officié comme entraineur-assistant depuis le début de sa jeune carrière se voyait confier un groupe parmi les plus jeunes d’Europe. Le genre de défi qui peut mal tourner, surtout quand les buts ne s’empilent pas comme prévu.
C’est là que les Brugeois ont péché. Parce que les «expected goals», qui évaluent la qualité de chaque tir au but tenté par une équipe en fonction de sa probabilité de finir au fond des filets, placent le Cercle parmi les cinq meilleures équipes du Royaume. Les hommes de Cinel font mieux qu’Anderlecht, l’Antwerp ou Genk en la matière. Et si leur défense est un peu moins intraitable, elle ne se trouve pas non plus parmi les quatre moins performantes de la division. De quoi faire de leur position au classement une anomalie statistique quand on l’évalue dans le détail. Ca tombe bien: au Cercle, on est converti depuis plusieurs années à la religion de l’analyse des données. Le nouveau patron sportif, le jeune Mexicain Luciano Murchio, est un adepte du regard dépassionné sur les évènements, et a probablement pesé très lourd dans le maintien d’Onur Cinel à la tête de l’équipe malgré des résultats loin d’être à la hauteur. Parce que même s’il est avant-dernier, le Cercle affiche des lignes de performance qui pourraient faire pâlir Malines, pourtant bien installé dans le top 6 depuis de longues semaines.
Aux alentours du stade Jan Breydel, il se dit toutefois que les résultats avaient logiquement fini par mettre son poste en péril, et qu’il ne devait sa présence sur le banc de Den Dreef, pour affronter OHL, qu’à l’absence d’unanimité sur l’identité de son successeur. Le débat ne sera peut-être bientôt plus nécessaire.