L’empreinte de ministres d’extrême droite racistes et d’un Premier ministre exalté par sa toute puissance est de plus en plus affirmée dans les actions d’Israël à Gaza et en Cisjordanie.
Le 4 mai 2018, le tour d’Italie cycliste prend son envol depuis Jérusalem. Trois étapes se déroulent en Israël. L’année suivante, l’Etat hébreu enregistre une affluence touristique record avec l’accueil de 4,9 millions de visiteurs. Au tournant de 2020 et 2021, son mode de vaccination est salué comme un modèle de par son efficacité. Soft power, richesse patrimoniale, avancée technologique…: la fin des années 2010 consacre une forme d’apogée d’Israël et l’installe comme un acteur incontournable du monde occidental.
La réputation repose cependant sur des sables mouvants. Elle se fonde sur le credo que puisque les pistes de règlement du conflit israélo-palestinien sont enlisées et que les diplomaties occidentales se lassent d’essayer de lui trouver une solution, le monde peut s’accommoder sans trop de dommages de ce statu quo. Israël poursuit pourtant son œuvre de colonisation en Cisjordanie pour transformer cette situation qui indiffère à son avantage.
L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 fera voler en éclats ce tableau. Israël est la cible de la plus meurtrière agression de son histoire. Parce que des citoyens sont massacrés parce qu’ils sont juifs, elle ravive légitimement le souvenir des horreurs de la Shoah. Le traumatisme est incommensurable en Israël. Les pays démocratiques occidentaux, face à la tragédie d’un des leurs, lui offrent à juste titre leur solidarité. Elle aurait pu lui être maintenue si la réplique attendue d’Israël à l’attaque avait été ciblée sur ses auteurs, globalement proportionnée, et menée pour rencontrer, outre l’élimination du Hamas, le second objectif que les dirigeants israéliens lui avaient officiellement assignée, la libération des otages.
Près de deux ans après le 7-Octobre, le gouvernement israélien et son armée sont accusés de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité. Ils sont suspectés de génocide, y compris par des associations et des personnalités israéliennes, et d’avoir usé de la famine comme arme de guerre. D’après le ministère de la Santé du Hamas, plus de 60.000 Gazaouis ont été tués. Des données du renseignement israélien analysées par des médias établissent que 83% des personnes tuées à Gaza sont des civils…
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L’empreinte de ministres d’extrême droite racistes et d’un Premier ministre exalté par sa toute-puissance et son impunité dans ce sinistre bilan est de plus en plus affirmée. Elle ne peut laisser indifférentes les démocraties occidentales. La reconnaissance d’un Etat palestinien à l’Assemblée générale des Nations unies est un paramètre indispensable de cette prise de conscience. Elle doit s’accompagner de sanctions contre le gouvernement israélien dans l’espoir, sans doute pour une bonne partie illusoire sans réaction des Etats-Unis, d’infléchir son attitude, ou si pas, de pousser la population à l’y inciter.
Arrêter la fuite en avant de Benjamin Netanyahou, c’est aussi sauver l’âme et l’avenir d’Israël. A défaut, le pays restera durablement un Etat paria sur lequel aucun organisateur de compétition sportive ne souhaitera miser et dans lequel peu d’Occidentaux surmonteront leur malaise de s’y rendre pour y faire du tourisme, à côté d’un cimetière de 360 km2.