Alors que le gouvernement Arizona affirme œuvrer pour les générations futures, plusieurs organisations de jeunesse dénoncent une politique qui, selon elles, compromet leur avenir.
Le gouvernement Arizona (MR, N-VA, Les Engagés, CD&V, Vooruit) prétend agir pour l’avenir de la jeunesse, comme le disent Georges-Louis Bouchez («Si nous voulons que nos enfants aient toujours une sécurité sociale, nous devons réformer») et Bart de Wever («Nous ne le faisons pas tant pour nous que pour la génération de nos enfants et nos petits-enfants»). Mais est-ce vraiment le cas? Les mesures proposées par le gouvernement Arizona sont-elles favorables aux jeunes? Ce gouvernement pense-t-il réellement aux générations futures?
Nous, organisations de jeunesse de la société civile, néerlandophones et francophones, contestons cette logique fallacieuse. L’Arizona n’est pas le gouvernement des jeunes. Le démantèlement des droits sociaux et la précarisation accrue des travailleurs, des jeunes et des pensions ne préparent pas notre avenir: ils le détruisent. Les jeunes seront justement les plus touchés par les mesures prévues par le gouvernement Arizona. Comment?
Celui-ci fait de la précarité et de l’instabilité la norme pour l’emploi des jeunes. D’abord en maintenant le blocage des salaires. Le gouvernement empêche ainsi toute augmentation des salaires, même dans les entreprises qui réalisent de plantureux bénéfices. Or, c’est en début de carrière que les salaires sont les plus bas. Les jeunes sont parmi ceux qui ont le plus besoin de hausses pour devenir autonomes, s’émanciper de leurs parents, acheter ou louer un logement, fonder une famille… Le gouvernement prive la jeunesse de ces augmentations indispensables, accentuant notre dépendance financière et nos difficultés à boucler les fins de mois. Il nous vole notre indépendance et notre liberté.
«Le gouvernement prive la jeunesse de ces augmentations indispensables, accentuant notre dépendance financière et nos difficultés à boucler les fins de mois.»
L’accord supprime aussi les primes de nuit –en commençant par les primes entre 20h et 24h dans le secteur de la distribution et de l’e-commerce. Des centaines d’euros retirés aux jeunes qui sont nombreux à travailler dans ces secteurs.
L’accord prévoit aussi de «demander aux partenaires sociaux de mettre en pratique le travail intérimaire à durée indéterminée». La perspective d’un intérim à vie, ce n’est pas ce à quoi les jeunes aspirent. Aujourd’hui, plus de 50% des contrats intérimaires sont occupés par des jeunes de moins de 30 ans. Au lieu de l’incertitude et de la précarité, les jeunes aspirent à une stabilité professionnelle et à mieux équilibrer leur vie privée et leur vie professionnelle. Et ils ont bien raison: comment se projeter dans l’avenir si on ne sait pas de quoi demain sera fait?
Ce gouvernement veut aussi généraliser les heures supplémentaires (le plus souvent sans compensation), le travail étudiant bon marché ou les flexi-jobs. Il veut durcir les règles pour avoir droit au chômage pour les jeunes et limiter la durée des allocations d’insertion à un an. Et il mène également une offensive d’ampleur contre le droit à la pension des salariés –à tel point que de nombreux jeunes se demandent s’ils auront encore droit à une pension dans le futur. D’une certaine manière, on peut dire que ce gouvernement veut que tous les jeunes travailleurs deviennent comme les livreurs à vélo des plateformes: qu’on puisse les appeler quand on veut et les payer quasiment rien. Nous faire travailler un maximum, avec un minimum de droits.
Des mesures qui condamnent les générations futures
Si elles sont présentées comme nécessaires, ces mesures condamnent de fait les générations futures à l’instabilité et à la pauvreté. En parlant au nom de la jeunesse, le gouvernement vise à monter les générations les unes contre les autres, à créer la division entre parents et enfants et à utiliser la jeunesse pour justifier des mesures contre l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Comme jeunes, nous disons clairement: l’Arizona n’est pas notre gouvernement!
«Comme jeunes, nous disons clairement: l’Arizona n’est pas notre gouvernement!»
Le gouvernement Arizona n’est pas au service des jeunes générations, il est au service des grandes entreprises et de leurs actionnaires. Alors que les travailleurs sont durement touchés par les mesures, les multi-millionnaires ne sont pas mis à contribution. Seule une toute petite mesure sur les plus-values est prévue –mais son efficacité même est remise en cause. Une nouvelle fois, ce sont les travailleurs et travailleuses qui paient la facture, alors que les épaules les plus larges sont protégées.
Cette logique est injuste, absurde et inefficace. Elle est injuste car ce sont les travailleurs, les jeunes et les pensionnés qui font et ont fait tourner l’économie; sans travail, pas de richesse produite. Elle est absurde car sans consommation des ménages, pas de relance économique. Elle est inefficace car cela fait quinze ans que des mesures d’austérité dans les services publics, de réduction des dépenses de la sécurité sociale et de blocage des salaires sont appliquées, et cela ne fait qu’aggraver la crise économique et sociale.
Comme organisation de jeunesse, nous nous inquiétons aussi des décisions en ce qui concerne les budgets militaires. Est-il souhaitable d’augmenter massivement les dépenses militaires alors qu’il manque d’argent pour les pensions, les hôpitaux, les écoles et les transports publics? Ne devrait-on pas investir dans les besoins sociaux de la jeunesse plutôt que dans une course aux armements?
Pourtant, il est parfaitement possible de faire d’autres choix: mettre en place un véritable impôt sur les fortunes, augmenter les salaires pour financer notre sécurité sociale et augmenter notre pouvoir d’achat, lutter contre la fraude et l’évasion fiscale et investir dans la jeunesse et son avenir.
Ce sont ces choix-là que nous voulons. Nous voulons une société juste, solidaire et durable. Une société où chaque jeune peut se construire un avenir sans devoir se battre en permanence contre l’insécurité économique et jongler entre jobs instables et factures impayables. Nous revendiquons:
Ce gouvernement prétend agir en notre nom. Il ose dire qu’il casse nos droits pour nous protéger. Nous lui répondons: l’Arizona n’est pas notre gouvernement!
Nous appelons l’ensemble de la jeunesse à ne pas se laisser faire. Mobilisons-nous pour défendre notre avenir et une société solidaire, juste et durable.
(Le titre est de la rédaction. Titre original: «L’Arizona n’est pas le gouvernement des jeunes»)
Organisations signataires:
ABVV Jongeren, Arc-en-Ciel ASBL, Association Joseph Jacquemotte, Cercle de Philosophie ULiège, CGASP-ALR ACOD-LRB Jeunes, CGSP ACOD ALR LRB BRU, Comac, Commission jeunes CGSP Bruxelles, Déclic en PerspectivES, Fédération des Étudiant(e)s francophones, FGTB Bruxelles, FGTB Wallonne, Gratte, Hart Boven Hard, Indications asbl, Jeunes CSC, Jeunes CSC de Liège-Verviers-Ostbelgien, Jeunes CSC Mons La Louvière, Jeunes FGTB, Jong Groen, KAJ vzw, Latitude Jeunes, Magma asbl, Mouvement Des Jeunes Socialistes, PhiloCité, Projeunes, Quinoa, S.I.A.J. (Service d’Initiatives et d’Actions des Jeunes)
Personnes signataires:
Ajdain Nadia, Balthazar Romain, Bauraing Jean-Marc, Bencheikh Morad, Bertrand Stéphanie, Bohems Arthur, Bordenga Giuseppe, Boscariol Eric, Bouacida Mehdi, Bouwens Martin, Brisbois Aurore, Buckenmeyer Valérie, Busiau samuel, Buyssens Eric, Caci Fabian, Cagniaux Emmanuel, Calvagna Marie-Aude, Centulio Giuseppina, D Orazio Giuseppe, De Fruytier Daphné, De Fruytier Sophie, de Lannoy Djuna, de Reilhan Lucile, De Wolf Camille, Decellier Benoît, Dehon Fabre, Delporte Amélie, Deprez Anne, Deriveaux Celine, Dessard Lison, Devos Anaëlle, Di Giglio Sarah, Dirksen Oliana, Droulans Katia, Dubois Jean-Luc, Duchesne Brigitte, Dumoulin Eva, Gabriel Pierre, Georges Nicolas, Georges Tod, Gerard Colette, Gerardy Aude, Geysen Pierre, Godefroid Quentin, Godfurnon Michel, Goffin Hubert, Grignard Sandy, Hagelsteens Marjorie, Hoxhaj Emila, Imhauser Jérôme, Jeremy Dejardin, Keller Odile, Lang leila, Léonard Jean-Marie, Léonard Juliette, Leto Ewan, Liégeois Cédric, Lorfèvre Sandrine, Madinier Oscar, Makhlout Fatima, Maquet Brigitte, Mateo Robberecht, Merchez Noémie, Merken Vincent, Michiels Sylvain, Modica Giuseppe, Monique Simon, Navez Laurence, Nosal Victor, Noto Christopher, Pairoux Dany, Pattyn Florence, Periez Pierre, Pieron Julien, Pietquin Zoé, Pieyns Agnès, Quevy Candice, Raway Philippe, Robert Olivier, Rome Monique, Rongé Zoé, Scharpé Julien, Schelck Miguel, Szpes Silvia, Tanghe Xavier, Tarantino Raphaël, Templeton Jack, Thibaut Jean-Yves, Van Noten Zjef, Vander Putten Laurent, Vandermosten Antoine, Vansaingele Roland, Verhaeghe Didier, Vidotto Laura, Vreven Dries, Walgraeve Nathalie, Wauthier Jean-Philippe