« Tsunami », « menace » pour la presse: Rossel et IPM officialisent leur projet de fusion 

Les groupes de presse Rossel (Le Soir, Sudinfo) et IPM (La Libre, DH, L’Avenir) ont officialisé leur volonté de fusionner.

Les groupes de presse Rossel et IPM ont officialisé la signature d’un protocole de fusion de leurs activités, via un communiqué commun. La holding de la famille Le Hodey, propriétaire notamment de La Libre Belgique et de La DH, entrera au capital du groupe Rossel.

Ce rapprochement est présenté comme « indispensable » pour garantir la pérennité d’un journalisme professionnel et indépendant en Belgique francophone. L’opération reste soumise à l’approbation de l’Autorité belge de la concurrence.

La ministre Galant demande des garanties claires quant au respect du pluralisme des médias

Lors de sa rencontre, avec les dirigeants des groupes Rossel et IPM, la ministre des Médias en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Jacqueline Galant, a demandé « des garanties claires quant au respect du pluralisme des médias en FWB et à la préservation de la diversité des titres de presse présents sur le territoire », indique-t-elle.

« Je comprends les enjeux auxquels est confrontée la presse écrite francophone sur un marché étroit et ultra-concurrentiel. Un rapprochement entre deux groupes privés n’est, en soi, pas problématique, d’autant plus dans un paysage médiatique francophone ou la dominance du média public est bien établie », souligne la ministre. 

« Il relève cependant de la compétence de l’Autorité belge de la concurrence de statuer sur les conséquences de ce rapprochement pour le marché et la concurrence. Mon rôle, en tant que ministre des Médias, est d’être garante du pluralisme et de veiller à ce que ce projet ne porte atteinte ni à la diversité des titres, ni à la qualité de l’information en Fédération Wallonie-Bruxelles », ajoute Jacqueline Galant. 

Cette dernière assure « avoir demandé à François Le Hodey et Bernard Marchant des garanties précises sur ce point ». 

« Le gouvernement restera particulièrement vigilant quant aux suites de ce dossier et à ses impacts sur notre paysage médiatique », affirme la ministre. Les groupes de presse Rossel et IPM ont officialisé, lundi, un protocole de fusion de leurs activités. La holding de la famille Le Hodey, propriétaire notamment de La Libre Belgique et de La DH, entrera au capital du groupe Rossel à hauteur de 10% par l’apport des activités presse d’IPM. L’opération reste soumise à l’approbation de l’Autorité belge de la concurrence

Pour Ecolo, « la menace sur un des piliers de notre démocratie est réelle »

« La menace sur un des piliers de notre démocratie est réelle. Les gouvernements doivent rencontrer les parties prenantes afin de définir comment les pouvoirs publics peuvent soutenir la meilleure option pour un réel pluralisme des médias », a réagi Ecolo après l’officialisation du rapprochement entre les groupes de presse IPM et Rossel.

« Le pluralisme des médias et l’indépendance de la presse sont des piliers dans une démocratie. D’autant plus lorsque celle-ci est attaquée de toute part », ont souligné les Verts.  « L’indépendance éditoriale doit également être garantie vis-à-vis des propriétaires des médias. En ce sens, des rédactions autonomes pour chaque titre existant aujourd’hui sur notre territoire doivent continuer d’exister malgré la fusion annoncée », ont-ils insisté. 

Face à un « tsunami pour le pluralisme des médias », le PS demande un débat démocratique

La fusion officialisée ce lundi entre les groupes de presse IPM et Rossel constitue « un véritable tsunami dans le paysage médiatique francophone », estime le PS qui demande qu’un débat démocratique soit mené sur le sujet au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

« Les représentants des personnels et de plusieurs rédactions, ainsi que l’Association des journalistes professionnels, avaient exprimé ces dernières semaines de vives inquiétudes face à un possible rapprochement. On est ici un cran plus loin encore que ce qui avait été anticipé », souligne le parti sans pour autant nier les « difficultés structurelles auxquelles sont confrontés les médias ».

« Réduire cette opération à sa seule dimension économique est inacceptable. La presse et les médias, régulièrement qualifiés de 4e pouvoir, jouent un rôle trop fondamental dans une démocratie pour qu’une telle concentration se déroule sans débat public approfondi », poursuit Martin Casier, le chef du groupe PS au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour les socialistes, c’est clair: « il faut un véritable débat démocratique sur cet enjeu, pas seulement un avis des autorités en charge de la concurrence ». Des auditions parlementaires ont d’ailleurs été officiellement demandées. La question sera discutée ce jeudi en Conférence des Présidents du parlement de la FWB. « Vu l’enjeu démocratique », le PS espère enfin que toutes les formations politiques soutiendront cette démarche, « afin que les auditions puissent être organisées rapidement ». « Il faut entendre tous les acteurs concernés sur les conditions nécessaires pour garantir le maintien de l’emploi, la liberté de la presse et le pluralisme des médias. Et le monde politique devra prendre ses responsabilités si de nouvelles formes de soutien aux médias sont nécessaires pour garantir ces principes essentiels », conclut le parti.

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