LN24
LN24 s’est délestée récemment de ses journalistes vedettes. Avant de fermer boutique? © BELGA

LN24 et le couperet 2026: la chaîne d’info au pied du mur

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

La chaîne «info» s’est délestée de ses principaux journalistes et multiplie les partenariats commerciaux acrobatiques en attendant une éventuelle recapitalisation. En interne, on serre les dents.

LN24, pour «les news» 24. Les «news», justement, on les cherche dans le futur de la chaîne, qui vient de licencier ses journalistes les plus en vue, dont son rédacteur en chef Jim Nejman. Le taulier de la matinale info Maxime Binet a lui aussi dû faire ses valises, tout comme Nicolas Pipyn, journaliste de la première heure et figure du prime de la chaîne. Une purge qui s’ajoute aux «remerciements» de pigistes fin octobre, conduisant à une baisse des chroniques à l’antenne.

Lourde dette

Ce n’est pas nouveau, la situation financière de la chaîne, propriété du groupe IPM  (La Libre, DH, L’Avenir), n’est pas bonne, lestée par une dette de plus de 21 millions d’euros. Fondée en 2018 par le trio Martin Buxant, Johan Condijts (venus de L’Echo) et de l’entrepreneur Boris Portnoy, avec l’ambition d’en faire la première chaîne d’info en continu en Belgique, «LN» n’a jamais atteint la rentabilité, peu aidée par un marché publicitaire qui n’a cessé de s’effriter depuis sa création.

La reprise par le groupe IPM en 2021 n’a pas permis d’inverser la tendance, malgré des audiences qui ont progressé et la multiplication de contenus achetés à bas coûts venus remplir la grille au fil des années. Après une recapitalisation récente (deux millions d’euros) et l’entrée au capital de Freddy Tacheny, ex-RTL et fondateur de Zelos, spécialisée en contenus sportifs, la chaîne a continué de tirer le diable par la queue. Au point qu’il a parfois fallu nouer des partenariats parfois acrobatiques, telle cette collaboration avec la chaîne de propagande chinoise CGTN (via sa section «Regard sur la Chine»), épinglée par nos confrères du magazine Médor cet été. «Si j’avais eu assez d’argent, aurais-je fait le partenariat avec CGTN ? Probablement pas», a concédé le directeur général Denis Pierrard auprès de nos confrères. Et ce n’est pas la seule collaboration chinoise à faire grincer des dents en interne.

Les routes du succès

Deux jours seulement après le licenciement des journalistes précités, DH Les Sports+ annonçait le début d’un partenariat avec le constructeur de voitures électriques BYD, afin de produire une émission où Stéphane Pauwels (ex-RTL) conduira des entrepreneurs à succès sur les lieux de leur réussite. Les quelques épisodes de cette nouvelle émission intitulée «Les routes du succès» et programmés pour début janvier passent assez mal en interne, nous revient-il, alors même que le sort de la chaîne devrait être scellé prochainement, le conseil d’administration devant se prononcer sur une offre de reprise de Freddy Tacheny. Interrogé pour savoir si la chaîne a reçu d’autres offres, Denis Pierrard répond: «No comment.»

Il y a urgence pour IPM, bientôt absorbé par son concurrent Rossel (si l’Autorité belge de la concurrence donne son accord), et qui n’a pas pu inclure la chaîne dans le deal. Car du côté du groupe qui détient encore LN24, les comptes font là aussi grise mine, au point que du chômage technique risque d’être mis en place du côté du quotidien wallon L’Avenir, en attendant que la fusion avec Rossel soit effective.

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