La RTBF dit vouloir préserver la pluralité des opinions sur ses antennes. © Werner Lerooy

Coupes budgétaires à la RTBF: la froide colère des associations responsables des émissions concédées

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Ces associations représentant des cultes, mais aussi la laïcité et des instances syndicales, ne bénéficieront plus de l’appui financier et des moyens de la RTBF pour diffuser leurs émissions.

En quête de sens, l’émission qui regroupe les associations représentatives (ARR) sur les antennes de la RTBF tant en radio qu’en télévision, commence à ressembler furieusement à un sens interdit. Fin juin dernier, Cathobel, le Consistoire central israélite, l’Eglise orthodoxe, le culte protestant, mais aussi le Centre d’action laïque, la CSC et la FGTB ont appris, par un courrier lapidaire, que la RTBF ne subsidierait plus leurs émissions, ni financièrement ni en leur allouant des moyens techniques comme c’est le cas actuellement.

Concrètement, certaines associations, notamment Cathobel et le Centre d’action laïque, voyaient leurs contenus subsidiés à hauteur de 36.000 euros par an et bénéficiaient parfois de studios, techniciens, etc. mis à disposition par l’entreprise publique. En 2026, il n’en sera plus rien. En cause: les économies budgétaires contraintes, a fait valoir Jean-Paul Philippot, l’administrateur général. Si elles veulent continuer à utiliser les moyens de la RTBF pour leurs émissions, elles devront payer, «sur la base d’un tarif préférentiel»

Entaille dans le service public

Dans un courrier commun adressé fin août à Jean-Paul Philippot et consulté par Le Vif, les associations écrivent: «Nous tenons à vous faire part de notre étonnement le plus total devant les décisions que vous annoncez et qui pourraient avoir, pour nos organisations comme pour les équipes de la RTBF avec lesquelles nous collaborons, de très lourdes conséquences. Cette manière de procéder, unilatérale, contraste fortement avec l’esprit de coopération et de confiance qui guide le travail que nous menons avec elles depuis de nombreuses années.» Ces associations représentant la société civile voient dans ces annonces une «menace, pour le pluralisme de vos émissions comme pour le vivre-ensemble. Ne pouvant plus compter sur le soutien de la RTBF, il est possible que certaines associations, singulièrement les plus petites, soient amenées à stopper, purement et simplement, la production de leurs émissions. Cela nous semblerait en totale inadéquation avec la mission de service public qui est la vôtre.»

«Nous tenons à vous faire part de notre étonnement le plus total devant les décisions que vous annoncez.»

Voilà pour le fond. Sur la forme aussi, la pilule est mal passée: l’annonce a été faite à la veille des vacances d’été, alors que la décision aurait été prise dès le mois d’avril. «L’annonce ne respecte que de très peu la durée légale de préavis concernant la révision des moyens alloués prévue par vos règlements», ont fait remarquer les responsables au sein des associations, tout en se disant «parfaitement conscients des très lourds défis budgétaires auxquels vous êtes confrontés».

Quant aux «tarifs préférentiels» évoqués par Jean-Paul Philippot, certains doutent de leur caractère réellement avantageux, allant jusqu’à parler d’une proposition «indécente». Face à cette situation, les associations réclament un moratoire de six mois pour s’organiser. Mais rares sont celles qui y croient. La RTBF a répondu, par courrier puis lors d’une réunion le 23 septembre, en réaffirmant sa volonté de préserver «la pluralité des opinions».

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