La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ne devrait plus compter que huit médias de proximité d’ici janvier 2031 au plus tard, contre douze actuellement, selon un projet de réforme présenté mardi matin au secteur par la ministre des Médias.
Attendue avec une certaine inquiétude par les opérateurs, la note rédigée par Jacqueline Galant (MR) va moins loin que ce qu’elle avait évoqué à l’automne dernier. Elle avait en effet alors dit vouloir réduire à six seulement le nombre de médias de proximité, anciennement appelés « télévisions locales ». Ils seront finalement huit, d’ici janvier 2031, contre douze actuellement.
La libérale justifie notamment sa réforme par le contexte budgétaire étriqué de la FWB. Son objectif? Optimiser l’organisation du secteur « en concentrant les moyens sur un nombre réduit d’acteurs, mieux structurés et géographiquement cohérents », précise la note. Concrètement, l’idée est de voir la FWB ne plus subsidier, à partir de janvier 2031, qu’un média de proximité par province seulement, à l’exception du Hainaut et de Liège. Vu leur poids démographique, celles-ci pourraient en disposer de deux chacune.
L’impact de cette réduction se ferait surtout sentir dans le Hainaut -qui compte aujourd’hui quatre médias de proximité, à savoir Télé MB, Notélé, Antenne Centre et Télésambre- ainsi que pour les trois acteurs établis en province de Namur -Bouké, Matélé et Canal Zoom, ce dernier couvrant une commune namuroise et trois brabançonnes.
Jacqueline Galant entend laisser un délai maximum d’un peu plus de cinq ans aux opérateurs pour préparer les éventuelles fusions.
Les médias encouragés à trouver d’autres financements
Parallèlement à cette rationalisation, la libérale veut aussi encourager, « mais pas forcer », les synergies avec la RTBF. L’avenant au contrat de gestion de la radio-télévision publique -actuellement en cours de rédaction- traduira d’ailleurs cette volonté de coopération.
La note Galant comporte aussi plusieurs dispositions budgétaires. Ainsi, dès 2026, il sera mis fin à l’indexation des subventions allouées aux médias de proximité, comme cela a déjà été décidé pour la RTBF. Par ailleurs, l’enveloppe d’aides à la promotion de l’emploi (APE) qui est octroyée aux médias de proximité (8,4 millions d’euros en 2023) ne sera réduite que de 10% annuellement jusqu’au terme des conventions qui les lient avec la FWB. « Au vu des importantes disparités qui ont été constatées, la répartition des moyens APE sera rééquilibrée entre les différents médias de proximité », précise toutefois le texte. Les médias de proximité seront également encouragés à chercher des financements auprès de partenaires privés.
Comme annoncé, le projet de la ministre Galant intègre aussi un important volet de simplification administrative. L’idée est notamment de réduire ou de supprimer toute une série de contraintes qui pèsent aujourd’hui sur ces médias en termes de production (en matière d’éducation permanente notamment, etc). Deux missions principales sont en revanche réaffirmées: l’information et la promotion de la culture.
Soumis mardi aux acteurs, ce projet de réforme rédigé après des mois de consultation est présenté par la ministre comme une « pièce à casser », et non comme une partition imposée. La Jurbisienne se dit d’ailleurs à disposition des acteurs pour « enrichir le projet dans le cadre d’un dialogue continu« . Un nouveau rendez-vous avec le secteur est déjà fixé au 10 juin prochain.
On «force la main» des médias de proximité
Laurent Constantiello, directeur général de Matélé, n’est pas d’accord avec l’assertion selon laquelle la note de la ministre Galant va moins loin que prévu. « De manière générale, la note va plus loin que ce qui avait été annoncé par la ministre. Il était en effet question de geler les indexations, mais pas de raboter une seconde fois les subventions allouées aux médias de proximité« , a-t-il déclaré sur le site internet de Matélé. Ce média de proximité touche une aide directe de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 650.000 euros.
« On nous demande plus de synergies, mais on supprime l’organe qui les facilite. La ministre parle de coconstruction, mais force ensuite la main de manière unilatérale. On s’écarte fort du scénario de fusions volontaires inscrites dans la déclaration de politique générale du gouvernement », a-t-il encore regretté.