Yassin Mrabtifi

Adolescent, Yassin Mrabtifi s’est plongé dans différentes formes de danse hip-hop – breakdance, popping, locking. C’est Wim Vandekeybus et sa compagnie Ultima Vez qui lui ont ouvert les portes de la danse contemporaine, comme interprète. En tant que chorégraphe, il a monté le solo From Molenbeek with Love au KVS. Sa nouvelle création, Categoreez, orchestre la rencontre de différents styles et genres dans une sorte de cabaret postapocalyptique.

Pourquoi ce titre, Categoreez?

Parce qu’en tant que personne issue d’une minorité qui a traversé plusieurs catégories – sociale, ethnique, religieuse – , en analysant mon propre cas et en le mettant en perspective avec d’autres, je me rends compte qu’un des problèmes dans nos sociétés, c’est qu’on est très divisés. Aux catégories existantes, on a ajouté récemment la distinction entre les vaccinés et les non-vaccinés. Ça devient très facile de se séparer et très compliqué de trouver des raisons de se rassembler.

Le spectacle réunit trois danseurs: Justine Theizen, Naïm Belhaloumi et Alae-Eddine Belmiloudi. Comment les avez-vous choisis?

Ça s’est passé assez spontanément. La création fut un processus très intuitif dans le sens où rien n’a été forcé, tout s’est fait naturellement. Il y a eu beaucoup de changements et d’imprévus à cause de la crise sanitaire, mais quand j’ai organisé les auditions il y a presque deux ans, je cherchais des personnes complexes, qui portent en elles plusieurs catégories. Des caméléons, en quelque sorte. Ce qui est un peu mon parcours aussi: je me suis adapté en fonction de là où je devais aller. Ce spectacle, c’est une invitation aux personnes caméléons, une manière de leur dire: ici, vous pouvez être de la couleur que vous voulez. Je voulais créer une sorte d’espace que, plus jeune, j’aurais rêvé connaître.

Pour la musique, comment avez-vous procédé pour que tous la partagent?

C’est grâce à Stef Heeren, qui est musicien, chanteur et compositeur. Lui-même a trois ou quatre groupes de styles différents. C’est un pur caméléon. Il possède un arsenal musical où tout est tellement mélangé que c’est presque comme s’il avait oublié d’où il venait musicalement. Il compose de la musique électronique mais ses influences vont dans différentes directions.