Virginie Hocq: Bête de scène

Sur les planches et en télé, tout lui réussit. Mais son triomphe, notamment à Paris, ne lui monte pas à la tête. La comédienne humoriste a du métier et de la jugeote.

Ouuula ! On a beau être prévenu et la dépasser de quelques centimètres (ouf), elle impressionne avec son mètre quatre-vingts. La jolie perche n’en tire aucune vanité. Au contraire. Son sourire à fossettes et ses yeux noisette, qui vous fixent avec franchise, révèlent une générosité rare dans le milieu auquel elle appartient désormais : celui du showbiz. Seul hic chez cette grande Hocq : elle marche trop vite. A cause de ses longues gambettes évidemment et de son côté speedé. Son compagnon, l’humoriste Vincent Taloche, n’arrive pas à la suivre. Ou alors à moto. Tant pis pour les balades amoureuses en forêt…

Le succès de ses one-woman-shows et ses apparitions remarquées sur le petit écran français ne lui enflent pas non plus les chevilles. Virginie Hocq attire les foules, parisiennes qui plus est. Le public de la capitale hexagonale l’a applaudie pendant sept mois l’année dernière, au Théâtre des Dix Heures, puis au Petit Montparnasse, où elle rejouera encore de mars à fin mai 2008. En Belgique, les reprises de son dernier spectacle  » C’est tout moi « , à Louvain-la-Neuve (ce 15 février), à Binche (le 16) et à Seraing (le 23), affichent complet, depuis plusieurs semaines ! Restent Bel£il, Mons et Namur (1).

Elle connaît un égal bonheur en télévision, auprès des animateurs vedettes de TF1 et de France 2. Patrick Sébastien, Jean-Pierre Foucault, Thierry Ardisson, Michel Drucker, Christophe Dechavanne, Laurent Ruquier : tous sont tombés sous le charme de son bel aplomb. L’effrontée se paie même le luxe de refuser leurs offres. Elle a ainsi décliné celle de Marc-Olivier Fogiel, a abandonné Ruquier après trois émissions, et carrément dit non à Patrick Sébastien qui, méga-emballé comme il sait l’être, avait proposé de la coproduire. Le  » roi de la fête  » n’en revient toujours pas… Séduit par ses improvisations dans  » Bêtes de scène « , le 22 décembre dernier, Dechavanne lui a offert une collaboration permanente. Elle a préféré accepter ses futurs projets au coup par coup. Et toc !

A huit ans, elle fait rire le public.  » J’ai trouvé ça énorme ! « 

Ce n’est pas qu’elle fasse la fine bouche ou la dédaigneuse. Non, Virginie Hocq a la tête dans un petit nuage, mais les baskets sur terre. Elle tient à tout prix à sa liberté d’artiste, évitant de brûler les étapes pour ne pas devenir une de ces étoiles filantes vite éclipsées dans les oubliettes du paf (paysage audiovisuel français). Elle veut surtout préserver la spontanéité dont débordent ses spectacles en solo. Elle le reconnaît elle-même : une fée s’est penchée sur son berceau, à sa naissance en 1975, à Nivelles. Elle ne va pas gâcher sa chance.

Le rire est familial chez elle.  » Ma mère est comique sans le vouloir, confie-t-elle. Mon père est un incroyable raconteur de blagues. Nous avons toujours tout pris à la rigolade, même dans les situations dramatiques « . Gamine, elle aimait faire le clown. A huit ans, elle a reçu, lors d’un camp de Lutins, le diplôme prémonitoire de  » meilleure comédienne en herbe « . C’est un prof de l’académie de Braine-l’Alleud, où elle a grandi, qui lui a donné l’envie de jouer sur scène. De passage dans sa classe de troisième primaire, il a proposé aux élèves de monter un spectacle.  » J’interprétais un clown lunaire sorti de l’imagination d’une petite fille. Lorsque, sur scène, j’ai entendu rire le public, j’ai trouvé ça énorme !  » Elle s’inscrira aussitôt à l’académie de Braine-l’Alleud et ne lâchera plus son rêve. Ses parents, boute-en-train mais sévères, y mettent une condition : réussir à l’école, avec des résultats de plus de 80 % ! La cigale sait heureusement se montrer bosseuse…

Le dynamisme semble d’ailleurs aussi être une marque de fabrique chez cette sportive qui pratique, ou a pratiqué, le basket (forcément), le volley, l’équitation, le ski, la natation, la danse classique et, aujourd’hui, le fitness en salle. Virginie Hocq est comme elle parle : prolixe. Elle ne s’arrête jamais, sauf pour aller faire pipi. Lorsqu’elle est sortie du conservatoire royal de Bruxelles, en 1999, elle n’a pas attendu qu’on vienne la chercher. Elle a directement créé son premier one- woman-show,  » Dis oui ! « , écrit par Patrick Ridremont et mis en scène par Olivier Leborgne. Tous deux sont des piliers de la Ligue d’impro où elle jouea pendant cinq ans. La jouteuse très étoilée y rencontra Victor Scheffer avec qui elle écrivit ses spectacles suivants.

Chez les guides, elle a reçu le totem de yearling (un pur-sang âgé d’un an), affublé du qualificatif  » mosaïque « , pour son côté mille facettes qui ne l’a pas quittée. Virginie aime la diversité. Outre ses one-woman-shows, elle a tâté du cinéma avec Michel Deville et Alain Berliner, a fait partie du Magic Land Théâtre, a joué  » Les Monologues du vagin  » d’Eve Ensler, a tenu une rubrique radio sur Vivacité, a animé une émission télé culinaire (lire encadré), a participé à un téléfilm français, a tourné dans la série de Canal +  » Confession sur canapé « …

 » J’ai besoin de ce contact direct « 

Avec l’expérience, Virginie a pris de l’assurance. Le trac vrillant de ses débuts – la  » gerboulade « , en langue d’Hocq – s’est calmé. Elle n’en reste pas moins très consciencieuse dans son travail. Sa préparation et sa puissance de concentration lui permettent de se lancer dans des improvisations parfaitement maîtrisées avec le public.  » J’ai besoin de ce contact direct, dit-elle. Je fais du spectacle vivant.  » Aux spectateurs français, elle apprend, avec succès, à chanter La P’tite Gayole de Julos Beaucarne et à répéter la phrase en wallon : vos n’dallez ni tchir su mes pids (vous n’allez pas chier sur mes pieds). Et, après chaque spectacle, elle met la main à la pâte pour aider les techniciens à ranger le matos. Rarissime dans le métier. l

(1) Le spectacle C’est tout moi ! se jouera à Bel£il, le 7 mars, à Bierges, le 20 avril, à Mons, le 26, à Namur, le 13 mai. Renseignements sur www.virginiehocq.be. Retrouvez aussi la chronique hebdomadaire de Virginie Hocq dans Weekend/ Le Vif/L’Express !

Thierry Denoël

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