Vacances présidentielles

Cette année, grande nouveauté. Les stars de l’été s’effacent, les people lassent. Ladies and gentlemen, voici Nicolas Sarkozy ! En tee-shirt et en maillot, de Brégançon à Wolfeboro ; le président de la République française a si bien dompté les médias pendant la campagne électorale qu’il ne peut plus décrocher des écrans, lors même qu’il tente de prendre du champ. Est-ce vraiment pour lui déplaire, même s’il a piqué une colère ? Toujours est-il qu’il entraîne avec lui la meute échotière, jusque sur les bord du lac Winnipesaukee. Et que ses baignades ou parties de pêche se transforment en sujet de sciences politiques.

Mieux vaut en rire. Si l’on adopte le point de vue britannique ou américain, la principale vertu de Nicolas Sarkozy est de remettre la France dans la logique de la mondialisation. A ce titre, il ne faut pas s’étonner qu’il rejoigne le peloton des chefs d’Etat ou de gouvernement qui défraient la chronique en raison de leur goût du luxe. Tel Tony Blair, critiqué pour ses vacances passées chez Alain-Dominique Perrin, poursuivi jusqu’en Toscane, dans la fameuse propriété du prince Strozzi, raillé pour ses loisirs partagés avec Terry Leahy, PDG de la chaîne de supermarchés Tesco, ou moqué pour ses affinités avec différentes célébrités dont Geri Halliwell, emblème des Spice Girls… Il faudrait aussi évoquer les congés de Vladimir Poutine et de son épouse à Porto Rotondo, petit port de Sardaigne où Silvio Berlusconi possède un ahurissant sanctuaire dans lequel près d’une dizaine de chefs de gouvernement ont séjourné. Sans parler de Gerhard Schröder, adepte de la  » Toscana Fraktion « , qui n’a jamais dédaigné les amis riches. Faut-il, pour finir, suivre l’exemple de George W. Bush, qui a choisi de s’enfermer dans son ranch du Texas, au risque d’y passer quatre semaines complètement isolé, comme en août 2005, sans voir que les flots soulevés par l’ouragan Katrina ravageaient La Nouvelle-Orléans ? Ou bien se forcer à  » faire peuple « , à la manière de Bill Clinton, qui avait passé les deux étés de son premier mandat à visiter les grands parcs américains parce que son lieu de villégiature habituel, l’île huppée de Martha’s Vineyard, faisait baisser son score dans les tests de marketing politique ? Rien n’oblige Nicolas Sarkozy à opter pour la France profonde. Mais, quitte à choisir la grande vie, il a tout intérêt à répondre à la médisance en communiquant avec davantage de transparence.

CHRISTIAN MAKARIAN

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