Pierre Huart et Valérie De Bue concentrent le pouvoir entre leurs mains. Un tandem bien rodé. La taille de la commune brabançonne n’aide pas les groupes de pression ou autres contre-pouvoirs à exister.
Un duo. Un tandem. Un binôme. Appelez-le comme vous voulez, le » couple » formé par Pierre Huart (MR) et Valérie De Bue (MR) est un élément incontournable de la vie politique nivelloise. A deux, ils décident de pratiquement tout. Ils se consultent sur les grands enjeux, les orientations à prendre jusqu’aux décisions les plus anecdotiques.
Ces deux libéraux ont pris les rênes de la ville en 2006. Pierre Huart est devenu bourgmestre après douze années comme échevin. Valérie De Bue a ajouté une corde d’échevine de l’Aménagement du territoire à un arc qui comptait déjà un poste de députée fédérale. » Les rôles sont bien répartis entre eux, confie ce membre du collège. Pierre Huart est bien évidemment le bourgmestre, au-dessus de la mêlée. Mais Valérie De Bue a un rôle réel, elle est écoutée. Elle parcourt, de plus, le terrain régional, alors que Pierre Huart n’est intéressé que par la politique communale. »
Ce dernier, affable et bon vivant, est entièrement dévoué au devenir et au développement de sa ville. Il ambitionne de remettre Nivelles sur la carte du Brabant wallon. Cela passe par l’image : la Grand-Place, le développement économique – les zonings cartonnent – ou encore les nouvelles technologies. Nivelles aspire, par exemple, à devenir une » smart city « . Un troisième homme à l’oreille du duo Huart – De Bue : Pascal Rigot, échevin Ecolo, fort présent sur le terrain.
» Les autres membres du collège ne font pratiquement que de la figuration, critique ce conseiller socialiste. En fait, les décisions se concentrent entre quelques-uns. Le pouvoir est une chasse gardée. Ce duo ou trio n’écoute pas les avis extérieurs. Cela les pousse à développer une politique bling-bling. Mais leur point faible est surtout qu’ils ont peu de relais à d’autres niveaux de pouvoir. Ce qui n’est jamais bon… »
Dans une » petite » commune de 27 000 habitants, le bourgmestre fait assez logiquement office de tout-puissant. Les contre-pouvoirs et groupes de pression sont pratiquement absents du débat. » L’asbl Nivelles Commerces, et son nouveau président Eric Hudebine, ne pèsent absolument rien, par exemple, fait remarquer cet observateur de la vie nivelloise depuis trente ans. D’autant plus dans un contexte d’énorme morosité commerciale. Le collège se voile la face mais le commerce est bien mort dans le centre. »
Bernard De Ro, directeur du Shopping de Nivelles, est également cité régulièrement. Ce centre commercial connaît un certain succès depuis son extension et dispose de quelques projets immobiliers. Pour le reste, Nivelles est un important vivier de PME. Mais aucun patron ne sort réellement du lot. La faute à la taille des entreprises et à des patrons assez peu intéressés par la cause nivelloise. Au niveau culturel, aucun acteur ne sort non plus du lot, à l’exception peut-être de la directrice de l’académie de musique, Patricia Dacosse, qui a quelque peu dépoussiéré cette structure.
L’opposition groggy
Au rayon politique, l’opposition socialiste est pour sa part relativement groggy. Après deux échecs successifs aux communales, elle peine à se relever et pèse de moins en moins sur les débats. » On voit de moins en moins André Flahaut (PS), persifle l’un de ses principaux adversaires, membre du collège. Et puis, j’ai toujours douté de son influence réelle pour Nivelles. Il n’a pas fait avancer un seul dossier, malgré son réseau. Et ces derniers temps, il met parfois des bâtons dans nos roues. Il m’est par exemple revenu qu’il avait fait jouer ses relais auprès du Palais pour s’opposer à la venue du Roi et de la Reine en avril dernier, à l’occasion des festivités liées aux vingt ans du Brabant wallon. C’est regrettable. » André Flahaut confirme de son côté qu’il a été sollicité par l’entourage du Palais sur la visite royale en Brabant wallon. Et qu’il a simplement suggéré un meilleur » équilibre » dans les lieux de visites…
Le marché immobilier étant encore accessible par rapport à d’autres communes du Brabant wallon, Nivelles attire les promoteurs. Matexi et BW Promo poursuivent l’urbanisation de la campagne du Petit Baulers (800 maisons). Alors que la société Chantiers, de Marc Uyttersprot, développe le projet de réhabilitation de l’îlot des Conceptionnistes, le plus important dossier immobilier de la législature (52 logements, une polyclinique, des commerces et 295 places de parking). Ce promoteur a, par ailleurs, racheté le bâtiment Belgacom, situé sur la Grand-Place. Des logements y seront aménagés.
» Les promoteurs sont particulièrement encadrés chez nous, tranche Valérie De Bue, échevine empêchée de l’Urbanisme. La Ville a ses desiderata. Notamment en matière de charges d’urbanisme. Plus aucun projet n’est développé dans le centre-ville sans que l’on exige un nombre important de places de parking. C’est le prix à payer pour venir chez nous. Nous tentons de réhabiliter les derniers chancres urbains. Le prochain pourrait d’ailleurs être l’ancienne papeterie Delcroix. »
Enfin, du côté des habitants, peu d’associations sortent du lot. Il y a quelques années, des riverains se sont rassemblés pour s’opposer au projet éolien de La Brie. Mais pour le reste, aucune association n’est réellement influente. » Une preuve que nous ne gérons pas trop mal la commune « , sourit Pierre Huart.
Un dossier de Xavier Attout, coordonné par Philippe Berkenbaum