Alors que le projet privé de réhabilitation se fait attendre, le public veut redynamiser Bavière. C’est sur ce site abandonné que la Province construira sa nouvelle bibliothèque en remplacement des Chiroux. L’ULg, en revanche, ne devrait plus y installer sa faculté d’architecture.
Il y a des dossiers, comme ça. Du style à s’enliser. Tellement profondément qu’on finit par penser qu’ils ne remonteront jamais à la surface. A Liège, on pourrait en remplir un (petit) placard : îlot Tivoli, Droixhe, Grand-Poste, Eros Center, voire même le tram… Mais la palme de la lenteur revient incontestablement à Bavière. Vingt-huit ans d’abandon et toujours un chancre à l’horizon.
Depuis le déménagement du CHU vers le Sart-Tilman en 1987, les grandes promesses se sont pourtant succédé. Comme les propriétaires. Le quatrième en titre, l’association momentanée Thomas & Piron, Kaïros et Galère (BAM), possède le site depuis 2012 et annonçait les premiers coups de pelleteuses pour mi-2015.
Toujours rien. Plus pour longtemps ? C’est ce que promet la Province. Car face aux atermoiements du privé, le public voulait donner une impulsion, un » coup d’envoi « . Pourquoi pas en y implantant la bibliothèque des Chiroux, dont les actuels locaux datant de 1970 commencent à transpirer l’obsolescence ? Ce déménagement nécessitait 46 millions d’euros. Une demande de fonds Feder avait été introduite et acceptée par l’Europe au printemps dernier. Les subsides ne seront pas si plantureux qu’espérés (23,5 millions) mais la Province mettra 15,5 millions de sa poche. Et se serrera la ceinture : point de concours d’architecture, ses services internes se chargeront du chantier.
Bref, la Province a finalement racheté 5 000 mètres carrés de parcelle au propriétaire privé. 2016 sera consacrée à l’élaboration du projet, 2017 au début des travaux (si tout va bien) et 2020 à l’inauguration. Date butoir exigée par l’Europe. A partir de là, il ne faudra plus dire Chiroux mais » pôle culturel « . Qui ne sera plus seulement une bibliothèque comportant 1 million de références, mais aussi une » maison de la création » (ou espace de coworking culturel) ainsi qu’une pépinière d’entreprises en lien avec le secteur du livre.
Projet au rabais ?
Un » projet au rabais « , comme le critique l’opposition communale libérale eu égard au budget restreint ? Un manque d’ambition architecturale comme le soutient l’association urbanistique Urbagora par rapport à l’absence de concours d’architecte ? » Nos services internes sont très compétents, répond-on au cabinet du député Paul-Émile Mottard, en charge du dossier. Puis, il faut tenir compte de contraintes budgétaires et de calendrier : si on avait fait un concours, on aurait dépassé la date limite. »
Cette future bibliothèque semble satisfaire les investisseurs privés. » Cela va être une locomotive. Avoir un pôle culturel fort sera plutôt un atout pour la totalité du site « , considère Jean-François Méan, project manager chez Thomas & Piron. Qui confirme que Bavière n’est pas au point mort. » On est souvent harponné par des gens qui disent « encore un promoteur qui ne va rien faire et se casser la figure ». Mais non, il faut qu’on avance. » Prochaine étape : mise en route d’une étude d’incidence » pour le 15 février au plus tard « , indispensable avant une demande de permis.
Le projet n’aurait pas changé : un mix entre logements, bureaux, kots, commerces… Mais sans la faculté d’architecture de l’université de Liège, un temps annoncée. L’ambition de regrouper les deux implantations actuelles (jardin botanique et caserne Fonck) dans un nouveau bâtiment » baviérois » devrait être abandonnée au profit d’un agrandissement des infrastructures à la caserne Fonck. En espérant que ce soit là le seul désistement.
Mélanie Geelkens