Tubize en D1 : un petit tour et puis s’en va ?

Jamais un club de foot brabançon ne s’était hissé en division 1. Chapeau, donc, pour Tubize ! Mais, à long terme, le club a-t-il les moyens de se maintenir au sein de l’élite ? Les avis sont partagés.

Ce mardi après-midi, le stade de Tubize paraît bien calme. Assoupi, même. Deux jours après la liesse qui a envahi la ville, pour fêter l’ascension des  » Sang et Or  » en division 1, les enceintes du club sont gagnées par la torpeur. Pas un chat, ni sur le terrain, ni dans les tribunes, ni dans les loges VIP, flambant neuves et plutôt luxueuses pour un (ex-)club de D2. Un seul détail indique que l’AFC Tubize est, peut-être, entré dans une nouvelle ère : le téléphone portable de Louis Derwa, le manager général, vibre trois fois plus que d’ordinaire. Le coup d’envoi du championnat 2008-2009 semble déjà tout proche. D’ici là, il y a mille et un dossiers à régler pour cet avocat au look de golden-boy (chemise rose, cheveux blonds, visage hâlé et ceinture à large boucle).

Premier chantier : trouver un public. Cette saison, la fréquentation du stade a oscillé entre 700 et 800 spectateurs par match. Tubize espère atteindre l’année prochaine une assistance moyenne de 2 500, voire 3 000 spectateurs.  » Des clubs comme le KV Courtrai et le FC Liégeois peuvent s’éclipser pendant dix ans, analyse Derwa. Dès qu’ils retrouvent l’élite, leur public répond tout de suite présent, car ils possèdent une vraie assise populaire. Mais, en Brabant wallon, il n’existe aucune tradition de football pro. Tout est à construire… « 

Le budget constitue une autre inconnue. Cette saison, il était de 1,1 million d’euros.  » Pour 2008-2009, il faut au moins 2,5 millions. C’est le minimum vital pour s’implanter en D1 « , tranche Alain Courtois, sénateur MR et ex-secrétaire général de l’Union belge de football. Dans sa course aux finances, l’AFC Tubize dispose au moins d’un atout : il rejoint la D1 alors que les droits TV du foot belge ont été réévalués à la hausse.

Pour Philippe Saint-Jean, l’entraineur qui a mené Tubize à la victoire, le club est promis à un bel avenir. La saison prochaine, il aurait souhaité endosser le rôle de manager sportif, afin de cornaquer toute la politique de formation… Mais la direction ne l’entend pas de cette oreille. Déçu, Saint-Jean expose néanmoins ses plans :  » J’aurais voulu miser sur les jeunes, et faire de Tubize une réplique de Nantes ou d’Auxerre. Je crois que c’est possible. C’est même la seule façon de se maintenir en D1 ! Mais cela exige un gros travail de formation. L’objectif serait de sortir chaque année trois joueurs qui ont le niveau pro.  » Pour un club aux moyens limités, comme Tubize, cette politique présenterait un avantage : éviter d’acheter trop de joueurs ailleurs, et donc épargner de coûteux transferts. De plus, ces joueurs issus du sérail développeraient un vrai sens du collectif – un moyen de rivaliser avec des équipes plus fortes sur le papier. A en croire Saint-Jean, 50 % du noyau pourrait être composé de joueurs originaires de Tubize et des environs. Réaliste, pour un club de D1 ?  » L’achat d’un joueur représente toujours une inconnue, répond Philippe Saint-Jean. Alors que, si on forme un jeune du coin, on connaît ses qualités et ses défauts. Et puis, regardez le nombre de joueurs étrangers qui manquent de motivation ou qui ne s’adaptent pas… « 

A quelques centaines de mètres des confortables installations de l’AFC Tubize, rendez-vous à la buvette spartiate du SC Clabecq. Le club végète en 4e provinciale. La présidence est occupée par l’ancien Diable rouge Michel Dewolf, un gars du cru. Celui-ci ne cache pas son scepticisme :  » Je ne vois vraiment pas comment l’AFC Tubize va pouvoir quadrupler son nombre de spectateurs…  » Pure jalousie ? Dewolf siège au conseil communal dans les rangs socialistes, alors que Raymond Langendries, président de l’AFC Tubize et bourgmestre de la ville, est d’obédience CDH. Mais il n’en démord pas :  » L’AFC Tubize ne vit que par Langendries. Le bourgmestre a beau prétendre le contraire, c’est lui qui attire les sponsors. Dès qu’il sera parti, je doute fortement que le club puisse se maintenir en division 1.  » l

François Brabant

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