Terres : peu de tracas, peu de rendement

Investir dans des terres s’envisage à très long terme. Le succès se calcule au moment de la revente.

Qui dit  » immobilier  » ne dit pas uniquement  » briques « , mais également  » terres de culture « . Leur abord n’est toutefois pas si simple.

Les  » plus  »

En Belgique, le risque de mauvais investissement est relativement minime :  » Par rapport au reste de l’Europe, nous avons un sol de très bonne qualité pour la majorité des terres agricoles, indique Martin de Cock de Rameyen, administrateur d’Agriland (Wavre), et de la chance pour ce qui est du climat.  »

Le premier atout de l’investissement, pour un non-agriculteur, vient surtout de la simplicité de la gestion.  » On paie le précompte et on reçoit les fermages ou les bénéfices « , indique Yves Lange, administrateur du Comptoir Foncier (Huy). A cela s’ajoute un léger avantage fiscal pour celui qui louerait son bien à un exploitant : il peut se contenter de payer le précompte immobilier sans déclarer ses revenus à l’IPP.

Le troisième intérêt se fera attendre : la plus-value. Sans être formellement assurée.  » Depuis une vingtaine d’années, elle est bien réelle, totalement déconnectée de la rentabilité, note l’expert hutois. Mais cela va-t-il durer ? Le stock n’est pas extensible. Ce n’est pas comme l’immobilier bâti : on ne crée pas du neuf tous les ans.  » Quant au caractère spéculatif, il est dépassé.  » L’époque où l’on achetait une terre agricole dans l’espoir qu’elle soit un jour transformée en terrains à bâtir est quasiment révolue « , renchérit l’expert wavrien.

Les  » moins  »

Sans tomber dans le déni, le désavantage essentiel tient au bail à ferme.  » L’investisseur est pieds et poings liés « , signale Yves Lange. Tout lui échappe : fixation du loyer, durée du bail…  » Les rendements sont faibles, poursuit-il. Et cela vaut aussi pour les terres libres de bail parce que leur prix d’achat est élevé.  »

Car, dans ce petit marché, marginal, non liquide, une grosse concurrence rôde, emmenée par des agriculteurs qui, pour peu que la terre soit belle et à même de former un bloc, acceptent d’y mettre un prix déraisonné. D’autant qu’ils sont généralement les seuls à être au courant des ventes. Ici, les intermédiaires sont rares. Et les annonces tous azimuts, exceptionnelles . C’est essentiellement le bouche-à-oreille qui fonctionne, ce qui ajoute à la difficulté de l’investissement.

Un novice sera d’autant plus perdu que ce segment manque totalement de transparence : pas de statistiques sur les prix ; pas de comparaisons possibles.  » Le monde agricole a trop longtemps vécu replié sur lui-même et devrait davantage s’ouvrir, explique Martin de Cock de Rameyen. Il faut être dedans pour le comprendre.  » Selon lui, il faut avant tout acheter des terres pour leur valeur émotionnelle ou pour une potentielle plus-value à long, voire à très long terme.  » La valeur économique d’une terre aujourd’hui, pour quelqu’un qui n’est pas agriculteur, ne sera pas immédiate.  »

Zoé Mary

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