Tatouage pour PC

Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Afin d’assurer le bon fonc-tionnement de leurs ordina-teurs, certains constructeurs n’hésiteraient pas à limiter l’installation de programmes autres que ceux supportés officiellement par le système d’exploitation de la machine

L’histoire remonte au début des années 2002. Pour renforcer la sécurité et la stabilité des ordinateurs, le fondeur Intel, avec sa technologie TCPA ( trusted computing platform alliance), et Microsoft, avec le projet Palladium, décident qu’il est grand temps de limiter les tentatives de bidouillage informatique des utilisateurs. Pour ce faire, ils projettent de développer une série de procédures qui devraient permettre au système d’exploitation et aux programmes de ne fonctionner qu’après avoir reconnu certaines caractéristiques physiques des composants de l’ordinateur. A l’époque, on parlait même d’une sorte de clé (un numéro unique) stockée matériellement dans le processeur qui aurait permis aux producteurs de logiciels d’être certains que les programmes utilisés sur la machine n’étaient pas des versions piratées. Derrière cet élan sécuritaire se cachait également un système qui aurait permis de mieux contrôler la gestion des droits ( digital right management) des documents numériques, notamment dans le cadre de la copie de musique. Devant la levée de boucliers des associations de consommateurs soucieuses du respect du droit à la vie privée, les deux géants de l’industrie informatique ont fait marche arrière. Exit donc Palladium et TCPA.

Enfin, pas tout à fait exit. Depuis le printemps dernier, sur certains forums Internet, on peut croiser des utilisateurs qui semblent rencontrer, avec leur ordinateur portable, des problèmes dont la description n’est pas sans rappeler le projet Palladium. Selon le site Présence PC (www.presence-pc.com), une sorte de tatouage du matériel serait apparue sur certains ordinateurs, afin d’empêcher, par exemple, l’installation pirate sur d’autres ordinateurs du système d’exploitation vendu avec l’ordinateur tatoué. Le BIOS (présent dans une mémoire morte de la carte mère, le basic input output system est un petit programme chargé de gérer l’échange d’informations entre les différentes parties matérielles d’un ordinateur) et le disque dur disposeraient d’une sorte de numéro d’identité commun. Si, au démarrage de la machine, il apparaît que le numéro entre les deux éléments ne correspond pas (à la suite d’un reformatage ou du remplacement du disque dur, par exemple), l’ordinateur se bloque. Mieux, le remplacement d’un disque dur défectueux serait impossible puisqu’il ne serait pas tatoué de la même manière que le BIOS de la carte mère. Selon Hewlett Packard (qui avec Packard Bell et Géricom semble être le seul constructeur à utiliser cette technique), les choses ne sont pas aussi diaboliques. Le Drive Lock installé sur certains ordinateurs de sa gamme d’ordinateurs portables, est un dispositif qui permet avant tout que les informations présentes sur un disque dur ne puissent pas être lues ou utilisées en cas de vol du disque dur.  » C’est une demande qui émane de nos clients professionnels, explique-t-on chez Hewlett Packard Belgique. Ceux-ci trouvent que Windows n’offre pas de garanties suffisantes en cas de vol d’une machine. Les protections par mots de passe du système d’exploitation de Microsoft ne permettent pas d’assurer de manière optimale la confidentialité des données. Avec notre système, toutes les informations sont cryptées sur le disque dur et, donc, impossibles à utiliser en cas de vol. Selon Microsoft, les protections devraient être améliorées avec son prochain Windows Vista.  » En ce qui concerne le remplacement du disque dur, Hewlett Packard Belgique explique que l’opération reste toujours possible, sauf si le BIOS a été expressément configuré pour empêcher le boot (la séquence de démarrage) depuis un autre disque dur. Dans ce cas-là, le remplacement du disque dur demanderait l’intervention d’un technicien.  » Il ne faut pas oublier que cette protection n’est présente que sur notre gamme de produits destinés aux entreprises, poursuit HP. Nos ordinateurs pour le grand public ne sont pas équipés de telles sécurités. De plus, la présence de ce système est clairement mentionnée dans la notice des ordinateurs. Mais, il est clair que, si certaines personnes sont au courant de l’existence de ce système, elles ne sont pas toujours conscientes de sa présence sur leur machine.  » Chez Packard Bell, le mutisme semble être la seule réponse à l’éventuelle utilisation d’un tatouage dans ses ordinateurs portables.

Vincent Genot

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