Dans la région de Biarritz, les surfeurs portent désormais un étonnant dispositif autour du mollet. Depuis cet été, la science s’invite sur leur planche par l’intermédiaire du projet Curl. Objectif: récolter des données sur la pollution chimique des eaux marines. Car si la contamination bactériologique est souvent contrôlée, notamment dans les zones surveillées et auréolées du célèbre label Pavillon bleu, du côté de la pollution chimique, c’est le grand flou.
« Dans le cadre réglementaire européen sur les eaux de baignade, rien n’oblige les Etats membres à surveiller la qualité chimique des eaux », souligne Marc Valmassoni, de Surfrider Foundation Europe, une association de surfeurs impliquée dans la préservation des océans. Résultat, quand il a lancé, en 2020, une étude auprès du réseau de bénévoles, 98% des répondants ont manifesté leur inquiétude quant à la potentielle pollution chimique à laquelle ils étaient exposés en surfant.
« J’ai discuté avec une écotoxicologue d’Ifremer, l’organisme de recherche et d’observation de la biologie marine, et on s’est rendu compte qu’il serait intéressant de nous équiper, nous les surfeurs, avec des capteurs passifs. » Ces capteurs détectent à la fois les micropolluants organiques (pesticides, hydrocarbures, substances médicamenteuses, cosmétiques…) et des micropolluants métalliques (cadmium, mercure…). « Pour collecter les données, il faut à peu près l’équivalent de quatre jours d’immersion, soit une centaine d’heures. Ça représente entre cinquante et cent sessions de surf à l’année. » Les bénévoles de Surfriders Europe se relaient pour immerger les capteurs et des kits ont également été confiés à des associations de baigneurs et à des plongeurs (dans les calanques de Marseille) afin de déterminer, entre autres, si l’exposition aux polluants diffère en fonction de la pratique.
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Les données de cette première phase seront bientôt analysées par Ifremer ainsi que l’UMR Epoc, une unité de recherche, à Bordeaux. Dans un deuxième temps, il faudra déterminer les risques sanitaires liés à l’exposition aux substances identifiées. « On souhaite étendre le projet à l’échelle européenne, avance Marc Valmassoni. Dès l’année prochaine, on prévoit de le faire en Espagne et, peut-être, aux Pays-Bas où nous avons un bureau salarié très impliqué. On souhaite tant que possible dupliquer cela dans tout notre réseau. » L’association est présente dans une douzaine de pays en Europe, dont la Belgique, et propose à ses membres de prendre part à de nombreuses actions et campagnes environnementales.