Le Car d’or réussira-t-il à monter d’un seul élan la rampe Sainte-Waudru ? A en croire la croyance populaire, rien moins que le sort de la cité en dépend. Chaque année, lors du dimanche de la Trinité, une prestigieuse procession s’ébranle dans les ruelles escarpées de la vieille ville. Elle démarre à la collégiale, où la châsse contenant les reliques de la sainte est hissée sur un somptueux carrosse de style Louis XVI, avec ses angelots bouclés et ses dorures. De très nombreux figurants prennent part au cortège. Ils évoquent les confréries de jadis ainsi que les chanoinesses de Sainte-Waudru en grande tenue de ch£ur du xvie siècle. Accompagné par la lecture des miracles attribués à la patronne de la ville, le cortège finit par rejoindre symboliquement l’hôtel de ville, siège du pouvoir actuel. Tiré par de puissants chevaux de trait et poussé par les jeunes Montois, le Car revient ensuite à la collégiale sous les cris et les applaudissements d’une foule en liesse. » Avec le combat du Lumeçon sur la Grand-Place, un jeu évoquant la lutte de saint Georges contre le dragon, ce sont les moments les plus émouvants et les plus intenses du folklore montois « , observe Benoît Van Caenegem, conservateur de la collégiale et de son trésor, ajoutant que » la Ducasse de Mons, qui évoque le prestigieux passé de notre ville, est le plus important cortège historico-religieux de Wallonie. Il a d’ailleurs été inscrit récemment, par l’Unesco, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. » Chef-lieu de la province du Hainaut, Mons tire un charme tout particulier de son passé multiséculaire. » Pour s’en imprégner, conseille un dépliant touristique, il faut parcourir les ruelles tortueuses et pentues de la ville. » Une visite du centre historique s’impose donc.
Elle démarre à la collégiale gothique. Fleuron du patrimoine montois, l’histoire de sa construction commence en 1450. La communauté religieuse, fondée à cet endroit dès le viie siècle, était devenue au fil du temps un chapitre noble extrêmement riche et puissant. Pour honorer sainte Waudru, la fondatrice de leur monastère, les chanoinesses souhaitaient remplacer l’église romane, jugée trop vétuste. Malgré 171 années d’efforts, jamais aucune flèche ne s’élança dans le ciel montois, faute de moyens. En revanche, à l’intérieur, l’effet vertical est garanti. Quand la nef s’inonde de couleurs et de lumière, le visiteur sent son âme littéralement aspirée vers le ciel. Dans le jubé se trouvent quelques chefs-d’£uvre en albâtre, dont La Résurrection, signée Jacques Du Broeucq, de loin le plus grand artiste de la Renaissance, au nord de la Loire. Le christ y donne l’impression de s’envoler hors du tombeau. L’ancienne salle capitulaire abrite le trésor. Outre des souvenirs de sainte Waudru et des manuscrits anciens, on est subjugué par le travail des orfèvres (xiie-xixe siècle) : calices, ciboires, ostensoirs, chrismatoires et de remarquables reliquaires.
La butte montoise
En empruntant une rampe située à l’arrière de la collégiale, on débouche au sommet de la ville où se dresse la haute tour du beffroi. Vue imprenable. Coiffée d’un bulbe, elle abrite un carillon de 49 cloches. Symbole de puissance et de prospérité, le beffroi de Mons est le seul de style baroque en Belgique. Il sera exceptionnellement ouvert à l’occasion des Journées du patrimoine consacrées à la citoyenneté, les 8 et 9 septembre prochains. » Profitez-en, lance le guide sur un ton ironique, il n’a fallu que huit ans pour le construire, mais vingt-cinq longues années à la ville pour le restaurer. » C’est ici que se dressait l’ancien château des comtes de Hainaut, du xie au xve siècle. Dans le parc, il n’en reste aujourd’hui que la chapelle romane Saint-Calixte, dont la crypte – qui semble hantée par ses gisants – est très agréable à visiter par temps de canicule. La promenade débouche enfin sur la Grand-Place, où, coiffé de son campanile, l’hôtel de ville médiéval domine l’ensemble. Adossé à gauche du porche d’entrée se trouve le petit singe dit de la Grand-Garde. Emblème de la ville, personne ne sait vraiment d’où il sort, mais le câliner de la main gauche, dit-on, porte bonheur. Passé la cour intérieure, le passage s’ouvre sur le Jardin du mayeur, un petit espace secret et enchanteur, où le Ropieur de Mons vous attend à la fontaine. Son sourire semble cacher une intention malicieuse…
e La Maison de la Toison d’or (xviie siècle) accueille l’Office du tourisme, 22, Grand-Place, à Mons. Tél. : 065 33 55 80.
e Visite guidée du centre historique de la ville, tous les jours en juillet et août à 14 h 30. Départ au pavillon d’accueil de la place Léopold, en face de la gare. Durée : 2 heures. Prix : 3 euros. Sinon sur réservation.
e Trésor de la collégiale, place du Chapitre : ouvert tous les jours de mars à novembre, de 13 h 30 à 18 heures. Prix d’entrée : 2,50 euros.
e Chapelle romane Saint-Calixte, ouverte du 1er mai au 31 octobre, tous les jours, sauf le lundi, de 12 à 18 heures ou sur demande pour groupes. Prix d’entrée : 2,50 euros.
e A se procurer : Mons, collection Vill’en poche. 2,75 euros.
M.Fa.