Sélection poches

Journal d’Aran et d’autres lieux, par Nicolas Bouvier

La cinquantaine mérite une peau neuve : c’est l’avis de la maison Payot pour sa Petite Bibliothèque (PBP), lancée en 1962 avec Les Grands Penseurs de l’Inde, d’Albert Schweitzer. Avec plus d’un millier de titres, la collection est  » relookée « , y compris pour sa série  » trekking littéraire « , créée en 1988 par l’écrivain Michel Le Bris et qui accueille notamment Nicolas Bouvier (1929-1998), sa Chronique japonaise, les textes réunis sous le titre Il faudra repartir et son Journal d’Aran. Des marges de l’Irlande, il écrit :  » J’étais en train de me dire : « Qu’est-ce que j’ai au monde à foutre ici ? » lorsque, sur un caprice du ciel, la lumière de fin d’après-midi est d’un coup devenue très belle…  » E. H.

Petite Bibliothèque Payot Voyageurs, 170 p.

Un été au bord du lac, par Antonio Vigevani

La jeune femme au bord de la piscine, sur la couverture, donne envie de tout plaquer. Et si c’était elle qui avait raison ? Imaginez le lac de Côme, dans l’entre-deux-guerres, ses villas chics et ses secrets toc, la bourgeoisie milanaise en villégiature, des jeunes gens, Clara, Aldo, Giacomo et la confusion des sentiments, en cet ultime été où les incertitudes de l’adolescence se mêlent à celles de l’Europe. Alberto Vigevani (1918-1999), éditeur et libraire à Milan, a écrit sur le tard ce livre nostalgique. Mais à temps. E. H.

Trad. de l’italien par Claude Bonnafont. Liana Levi/ Piccolo, 160 p.

La Guerre du Viêt Nam, par John Prados

Le Vietnam est la seconde guerre de Trente Ans, si, comme John Prados, on la fait débuter à la formation de l’armée populaire du Vietnam (22 décembre 1944) et on la clôt lors de la chute de Saigon (30 avril 1975). C’est moins à l’histoire militaire qu’à l’histoire politique du conflit, au rôle des conseillers du président des Etats-Unis, à l’engrenage, aux illusions (de la  » vietnamisation  » de la guerre ou du  » jaunissement des cadavres « , c’est selon) que s’attache le chercheur de l’université George Washington. Le récit global d’une guerre  » ingagnable  » (le titre en VO) mérite largement un pavé d’un millier de pages. E. H.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Johan Frederik Hel Guedj. Perrin/Tempus, 1 080 p.

Amor, par Dominique Forma.

Attention, roman classé X. Beaucoup de sexe. C’est ce qui cimente le couple de Maximilien, prof d’économie à l’Ecole normale supérieure, à Paris, et de Camille, chargée des affaires culturelles à la mairie de Saint-Fargeau (Bourgogne). En vacances sur la Côte d’Azur, ces bobos très épris, parents d’un petit Yvan, 6 ans, n’ont de cesse de pimenter leur libido. Au point d’accueillir Viviane dans leur lit : cette jeune marginale, qui vend des colifichets indiens, les séduit le temps d’un été. Un torride  » ménage à trois  » qui ne devait pas durer. D’autant moins que Maximilien, en mal de reconnaissance, se laisse convaincre d’entrer en politique. Mais Yvan adore Viviane, baby-sitter idéale. Et Viviane s’attache… D’une écriture blanche aux accents houellebecquiens, Amor déjoue les codes du polar pour mettre à nu l’époque, son cynisme, ses compromissions. Un livre puissant. D. P.

Rivages/Thriller, 304 p.

E.H. – D.P.

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