SÉLECTION POCHES

Comment il ne faut pas écrire Par Antoine Albalat

Riche idée de rééditer cet opuscule, dans une version abrégée, qui date de 1921 mais reste d’actualité : Antoine Albalat (1856-1935), grand critique littéraire injustement oublié, y pourfend posément ce qu’il appelle le  » mauvais art d’écrire « , en relevant les  » principaux défauts de style « , à commencer par ceux des  » bons auteurs « . De l’affectation des frères Goncourt aux  » câlineries de tournure  » d’Alphonse Daudet, des exagérations de Chateaubriand à la  » manie du portrait psychologique et scientifique  » chez Balzac, de Victor Hugo à Bergson, ce fin lettré met en garde contre les descriptions alambiquées, le jargon philosophique, les formulations à la mode. Surtout quand ils sont imités !  » On est épouvanté quand on songe à l’énorme quantité de romans sans intérêt qui se publient chaque année « , déplorait déjà Albalat…

Delphine Peras

Mille et Une Nuits, 125 p.

En ce lieu enchanté Par Rene Denfeld

Prix du Premier Roman étranger en 2014 : une distinction très méritée pour ce texte dérangeant, sombre et lumineux à la fois, qui se situe dans une prison américaine et met en scène un condamné à mort. Arden, le narrateur, brisé dès l’enfance, évoque avec rage le quotidien de cet enfer, ses moindres recoins –  » le donjon « ,  » la cabane des violeurs « ,  » le quartier des perpètes « , etc. Qui dit prison dit perte, perdition, punition. Mais c’est aussi  » un endroit où l’imagination est reine  » et la poésie encore décelable entre les parpaings. Signée d’une journaliste de Portland (Oregon), spécialisée dans les enquêtes sur la peine de mort, cette confession prend aux tripes, remue le coeur et dénonce l’inhumanité de l’univers carcéral.

D. P.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Frédérique Daber et Gabrielle Merchez. 10-18, 235 p.

Automobile Club d’Egypte Par Alaa El Aswany

Encore une merveille de l’Egyptien Alaa El Aswany. Usant des mêmes procédés que pour L’Immeuble Yacoubian – unité de lieu, récit polyphonique, foisonnement des personnages, et langue simple et accessible -, l’écrivain du Caire restitue avec maestria et générosité la société égyptienne des années 1940. Soit le huppé Automobile Club, traversé par le racisme anglais, la dictature du chef des serviteurs, la corruption à tous les étages et les frasques royales. Alors que le pouvoir est encore entre les mains des colons britanniques, du roi Farouk et de ses dignitaires, quel- ques individus (étudiants, communistes, membres du parti nationa- liste Wafd, étrangers francophones convertis à la cause) tentent, dans une ambiance de fin de règne, d’alimenter la grogne du peuple et de précipiter la chute des puissants.

M. P.

Trad. de l’arabe par Gilles Gauthier. Babel, 637 p.

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