Etape par étape, voici quelques clés pour étoffer votre carnet d’adresses, entretenir les liens et en tirer profit le moment venu.
S’il est un domaine où les réseaux peuvent jouer à plein, c’est bien celui de l’aide à l’emploi et au déroulement de la carrière. Ne pas pouvoir miser dessus représente un solide handicap. » Disposer d’un capital social, c’est la clé « , souligne Geneviève Morand, auteure de L’art de développer son réseau relationnel (1). » Au début de la vie professionnelle ou en cas de reconversion dans un nouveau secteur d’activité, il faut compter au minimum deux ans pour se construire un réseau. » Se bâtir des relations est un véritable travail. Mais avant de partir à la pêche aux cartes de visite, mieux vaut respecter quelques règles d’or.
Organiser
D’abord, dites-vous que tout le monde a un réseau. Ainsi commencez par estimer l’ampleur de vos relations. Grâce à cet autodiagnostic, le constat se révèle vite : les clients, les partenaires, les amis, la famille forment déjà un maillage solide. Triez ensuite ces contacts selon le jeu des familles. Le conjoint : le carnet d’adresses de votre compagne ou compagnon peut se transformer en une mine d’or. Comme celui de vos proches, frères, cousins, belles-soeurs, amis… Les anciens collègues : y compris les contacts noués lors d’un stage en entreprise, d’un job d’étudiant. L’éducatif : les anciens élèves, mais aussi les personnes avec lesquelles vous avez suivi une formation, et les parents des camarades de vos enfants. Les incontournables : les notables, les élus locaux, les présidents d’association, bref, tous ceux qui vous permettent de faire un peu de lobbying. On peut même y inclure le médecin ou le dentiste qui connaît beaucoup de monde et peut suggérer des idées, des contacts, des pistes. Les militants : des réseaux tels que des cercles régionaux ou les chambres de commerce vous permettent de participer à des conférences, rencontrer des personnes expérimentées… Les publicitaires : faire du sponsoring pour le club sportif local ou participer aux activités de votre ciné-club renforce votre image. N’hésitez pas à dessiner ce réseau. Il est intéressant de suivre les liens entre les contacts : qui vous a mis en contact avec quelle personne, etc.
Trier
Reste à faire le tri. Telle personne ne mérite pas de lui consacrer trop de temps, quand telle autre nécessite une cour assidue. Ainsi, selon le sociologue américain Mark Granovetter, un bon réseau est constitué de liens forts et de liens faibles. Les premiers sont composés des amis ou des connaissances proches. Les seconds, de relations plus ou moins lointaines ou croisées épisodiquement. Dans les liens forts, les réseaux sont très redondants. Par opposition, les liens faibles permettent de démultiplier les passerelles vers d’autres personnes et de développer de bonnes opportunités de rencontre. Autrement dit, ne limitez pas votre réseau au cercle de relations dont vous avez besoin au quotidien.
Echanger
Loin des yeux, loin du coeur. » Les réseaux changent et évoluent et leurs maillons s’émoussent et s’usent lorsqu’on ne les entretient pas. Ils perdent aussi leur efficacité – et leur pertinence – lorsqu’on les sollicite trop « , explique Geneviève Morand. Alors soyez vigilant et entretenez votre réseau. Les relations s’entretiennent sur la durée. Adresser ses voeux est le minimum, comme un mot de félicitations pour la naissance d’un enfant. Ne jamais omettre également un changement professionnel, une promotion, un déménagement.
Surtout soyez généreux. Un réseau ne fonctionne que s’il repose sur le donnant donnant, même s’il ne s’agit que d’échanger des informations. Cela ne coûte rien. Par exemple, envoyer un article de presse qui peut intéresser une connaissance est une agréable façon de dire à quelqu’un qu’on pense à lui. Ou lui refiler des infos à l’issue d’un voyage ou d’une conférence. Le secret de la pérennité d’un réseau, c’est l’effet boule de neige. Accumulez les dons, payez de votre personne, fidélisez vos contacts. Sans en faire une obsession boulimique et y consacrer tout votre temps, votre réseau doit en permanence être réactivé et entretenu comme une belle machine.
Donner
Rebondir après un accident de parcours, accélérer sa carrière ou changer de cap, le réseau sert à tout. Car, fondamentalement, le réseau, c’est le moyen d’accéder au réseau des autres. » On peut obtenir beaucoup de choses en termes d’échanges, d’informations et de conseils « , insiste Geneviève Morand. A condition de se montrer subtil. N’utilisez pas votre réseau de front. Cela peut être très néfaste. Placez-vous toujours en position de demander un conseil plutôt qu’un service. C’est la différence entre solliciter son réseau et l’exploiter. Question de style et de savoir-faire. Ceux qui font partie des hautes sphères maîtrisent parfaitement le code de bonne conduite et en tirent tout le bénéfice possible. Ils ont été biberonnés au réseau dès la plus tendre enfance et l’ont toujours fait avec un parfait naturel, sans en attendre un quelconque retour : » Je ne me suis jamais demandé ce que je pouvais obtenir des personnes avec lesquelles je suis en relation. Bien au contraire, je me pose toujours la question : « Qu’est-ce que je peux leur apporter ? » « , affirme John-Alexander Bogaerts, qui dirige notamment Ubu Pan et Zoute People tout en organisant des séminaires pour des entreprises. Conclusion : évitez particulièrement le comportement utilitariste et le rentre-dedans. Ne gaspillez pas vos relations en les utilisant pour obtenir des places de cinéma gratuites. La bonne manière d’utiliser son réseau, c’est de ne rien lui demander. Avec le temps et la confiance, c’est le réseau qui viendra à vous.
Par Soraya Ghali