Recherche moteur francophone…

Méconnu, Exalead veut offrir une alternative à l’américain Google. Mais, depuis 2000, il est handicapé par le manque de capitaux

Informations : www.exalead.fr

Et si, pour une requête en ligne, au lieu de taper machinalement Google, les 650 millions d’internautes du monde utilisaient un moteur de recherche… français ? L’hypothèse peut faire sourire, tant le recours à l’américain tient du réflexe ; elle n’est pourtant pas totalement incongrue, car ce moteur francophone existe. A son lancement, en 2000, Exalead aligne des atouts prometteurs : ses fondateurs, formés dans les meilleures écoles d’ingénieurs de l’Hexagone, ont créé, de toutes pièces, une technologie spécifique.  » Elle a nécessité l’écriture de plus d’un million de lignes de code et deux ans de travail acharné « , note Olivier Andrieu, éditeur du site abondance. com, spécialiste des moteurs de recherche. Une solution intelligente û elle inclut les images et les résultats sonores û est née, qui séduit des clients sérieux, tels AOL France ou le ministère italien de la Défense.

Aujourd’hui, pourtant, Exalead, toujours inconnu du grand public, compte 27 collaborateurs, cent fois moins que son grand frère américain. Pourquoi ? La différence tient d’abord au financement. Quand les dollars pleuvaient sur Google û plus de 25 millions avancés par Sequoia Capital et Kleiner, Perkins, Caufield & Byers û Exalead parvenait péniblement à souscrire 3,8 millions d’euros auprès de l’entreprise Qualis, aucune société française de capital à risque n’ayant tenté l’aventure. Ce manque de liquidités limite à deux l’ouverture de bureaux à l’étranger, en Italie et aux Etats-Unis, contre 13 chez Google. Un handicap, car c’est avant tout une publicité ciblée par pays qui permet de gagner de l’argent. Elle représente plus de 80 % des revenus d’un moteur de recherche.

En outre, Exalead a péché par excès de modestie :  » Dans ce métier, le ridicule tue « , répète à l’envi son patron, François Bourdoncle, qui a préféré attendre plus de cinq ans avant de lancer sa version définitive. Agressif depuis le début de l’année, il prévoit de quadrupler le nombre de ses pages référencées d’ici à septembre. Il n’a pas une minute à perdre. Histoire de ne pas répéter une autre erreur hexagonale. L’équipe du Français André Truong, disparu le 29 mars, avait participé à l’invention du micro-ordinateur en 1973 û un événement que Bull avait choisi d’ignorer. Huit ans plus tard, IBM fabriquait le sien en série…

Guillaume Grallet

La publicité représente plus de 80 % des revenus d’un moteur de recherche

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