Dans les dessins de Matta jaillit une sorte d’hymne à la joie. © Courtesy galerie Aliénor Prouvost

Ramuntcho Matta

Le Vif

Il y a peu, la jeune galerie Aliénor Prouvost, avec laquelle il faudra apprendre à compter en raison d’une sélection aussi pertinente et accessible qu’en phase avec son époque, levait le voile sur le travail de Ramuntcho Matta. Jamais entendu parler? Pas si sûr. Cet artiste pluridisciplinaire français (Neuilly-sur-Seine, 1960) fait valoir une précieuse généalogie. L’homme n’est pas seulement le fils du peintre surréaliste chilien Roberto Matta, il est également le frère du célèbre «anarchitecte» Gordon Matta-Clark.

Pas moins créatif que ces deux figures marquantes de l’histoire de l’art, Ramuntcho s’est d’abord fait un nom dans la musique, notamment en composant et produisant le titre Toi mon toit pour et avec Elli Medeiros. Il reste que l’intéressé cultive la pratique du dessin au quotidien, un exercice quasi méditatif qui agit comme un exutoire. En la matière, son travail se caractérise par une spontanéité désarmante, des traits jouissifs et imprévisibles, qui épousent à merveille un propos libéré des catégorisations sociales – le titre de son accrochage à la galerie bruxelloise était C’est pas mon genre.

Pour le regardeur, le travail de Matta séduit instantanément en raison d’une espèce d’hymne à la joie qu’il entonne. Mais il y a plus. En scrutant attentivement les lignes, on débusque l’évidence, à savoir l’influence marquante du mouvement Cobra. Celle-ci est tout sauf gratuite, car le jeune Ramuntcho Matta a appris à dessiner en compagnie du peintre danois Asger Jorn, excusez du peu. L’intérêt de ces dessins, qui panachent aquarelle, pigments et papier en coton naturel, réside également dans le fait qu’ils renvoient tous vers un texte, ensemble plus ou moins long de phrases qui interpellent le visiteur à la manière d’un aphorisme dont la pertinence surprend immanquablement. Le tout pour, comme le dit très justement Aliénor Prouvost, «un voyage poétique nous invitant à réfléchir à qui nous sommes, des êtres beaucoup plus complexes que de simples étiquettes».

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