Qui veut gagner des  » miljoenen  » ?

Alexandre Charlier Journaliste sportif

Bert Anciaux monnaie le  » splitsing  » de l’Union belge de football. Mais l’accueil se révèle plutôt froid.

L’Union belge de football, la plus grande fédération sportive du roy- aume, va-t-elle exploser en 2009 ? Certains l’ont compris ainsi, au sortir du dernier week-end, en rebondissant sur le coup médiatique du ministre flamand des Sports Bert Anciaux (VlaamsProgressieven). Son travail de lobbying intense auprès des pontes (flamands) de la  » Maison de verre « , le QG de l’URBSFA, avait accouché, samedi, d’un vote émis par le comité exécutif et qualifié d’historique. Ce dernier aurait en effet avalisé la création d’une Ligue flamande de football pour 2009. Elle regrouperait les clubs, de la Division 3 nationale à la 4e provinciale, femmes et jeunes compris, au sein d’une ASBL. Les clubs placés sous l’aile protectrice d’Anciaux bénéficieraient de subsides importants, quelque 3,5 millions, tels que prévus par les décrets communaux et provinciaux du  » sport pour tous « . Le plan du ministre vise le soutien à la formation des jeunes et l’amélioration des infrastructures. Une enveloppe est prévue pour 80 terrains synthétiques. Les clubs pros, eux, recevraient une jolie part du gâteau, par le biais de subsides alloués au financement de nouveaux stades annoncés à Bruges, Genk, Gand et Anvers.

L’Union belge monnaierait ce schisme à hauteur de 2 millions d’euros. Le projet d’Anciaux semble beau, a priori, et cadre parfaitement avec l’évolution institutionnelle belge. Il y aura donc aussià une Ligue francophone. Seules les fédérations de hockey et de boxe restent unitaires. Les gouvernements de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Région wallonne n’ont d’ailleurs pas attendu de sceller un deal avec les pontes de l’Union belge pour soutenir les clubs, par le biais de subsides aux infrastructures : Académie Louis-Dreyfus pour le Standard, centre de formation des jeunes de Neerpede pour Anderlecht.

Mais plusieurs zones d’ombre subsistent à la suite de la sortie tonitruante du ministre. Officiellement, l’Union belge ne parle que d’  » une déclaration d’intention  » pour la création d’une Ligue flamande. L’accord tiendrait en 4 lignes alors que le document qu’Anciaux avait proposé faisait une page et demie… Par ailleurs, sans parler de l’épineux cas du Sporting d’Anderlecht, qui se veut asexué linguistique, l’accueil a été froid dans le nord du pays. Gand a ainsi remercié poliment en rappelant que le montage financier pour son stade  » Artevelde  » était bouclé. Plus fort encore, le FC Bruges lâchait un ironique  » Les millions, c’est bien, mais un permis de bâtir, ce serait encore mieux !  » : le gouvernement flamand n’a pas donné son feu vert pour l’emplacement du nouveau stade en  » Venise du Nord « . Par ailleurs, si le pactole promis par Anciaux était équitablement partagé par l’ensemble des quelque 1 350 clubs recensés en Flandre (football en salle compris), chacun ne recevrait que des miettes : 2 600 euros ! Enfin, Anciaux aimerait pousser Anderlecht à choisir son camp. Le club bruxellois refuse de le faire, mais constate que la Région bruxelloise est incapable de débloquer le dossier de son indispensable nouveau stade. La carotte pour le Sporting : 10 millions de  » Vlaamse  » euros. Anciaux a choisi son moment pour annoncer la scission de l’Union belge, longtemps retardée par le bastion bruxellois. Et le FDF l’a évidemment repris de volée. Mais en prônant l’union des clubs bruxellois, le parti 100 % francophone est-il informé que le FC Brussels est un club flamand aux yeux de la Fédération ? Un héritage de la fusion, en 2003, avec Strombeek…

Alexandre Charlier

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