Qui derrière les grands projets ?

Quel est le point commun entre le nouveau siège de l’Otan, les futurs hôpitaux Chirec Delta, du MontLégia et New Erasme ? Tous ces grands projets ont été dessinés par Assar Architects, bureau leader en Belgique francophone.

Chaussée de la Hulpe, à Boitsfort. Situé à deux pas de quelques fleurons de l’architecture contemporaine à Bruxelles, l’immeuble occupé par le bureau Assar Architects est plutôt discret. Un seul élément accroche l’oeil : le hêtre pourpre majestueux trônant devant la façade. Le cabinet qui accumule les grands projets à Bruxelles et en Wallonie n’éprouve apparemment par le besoin de se doter d’un siège imposant.  » Nous disposons, pour nos 125 collaborateurs, de deux étages dans ce bâtiment et d’implantations à Liège et à Luxembourg « , indique Renaud Chevalier, le jeune patron du groupe, qui a pris, en 2013, la succession du fondateur, Eric Ysebrant.

L’actionnariat de la société est entre les mains de 17 partenaires, tous architectes et tous actifs au sein du bureau. Les uns développent leurs compétences de concepteurs, d’autres de techniciens, de gestionnaires de projets ou de coordinateurs d’études de faisabilité. Dès sa création, il y a trente ans, Assar s’est structuré sur le modèle anglo-saxon, avec des équipes d’experts de différentes disciplines.  » Nous sommes par ailleurs l’un des premiers bureaux belges à avoir investi dans l’informatique, à avoir opté pour le dessin en 3D par ordinateur, signale Renaud Chevalier. Chez nous, il y a bien longtemps que les tables à dessin ont été abandonnées.  »

Dans Building Together, l’ouvrage publié par le bureau pour marquer ses trois décennies d’existence, figurent ses opérations récentes ou en cours de réalisation les plus prestigieuses : le nouveau siège de l’Otan à Bruxelles-Haren, qui doit être inauguré à la fin de l’an prochain ; l’hôpital Chirec Delta, à Auderghem, qui ouvrira en 2017 ; la clinique du MontLégia, près de Liège (2018), l’hôpital New Erasme, à Anderlecht (horizon 2023), le nouveau complexe pénitentiaire de Leuze (2014), la tour de bureaux et de logements Realex, rue de la Loi, à Bruxelles (2019)…

Centré sur la Wallonie et Bruxelles

La plupart des projets du groupe sont situés à Bruxelles, en Wallonie et au Grand-Duché. Le bureau est présent de manière beaucoup plus ponctuelle en Suisse, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, tandis que des opérations sont prévues au Maroc et ailleurs en Afrique.  » Nous avons exploré le marché en Russie, au Kazakhstan et dans les pays du Golfe, mais nous sommes arrivés à la conclusion que ce n’est pas là que nous pouvions apporter la meilleure plus-value, confie le patron d’Assar. Nous avons aussi entamé des démarches pour nous développer en Flandre.  » Les principaux concurrents belges du groupe sont, eux, très actifs au nord du pays et certains décrochent des contrats en France, en Pologne, en Chine… (lire l’encadré).

Dessiné par le bureau américain SOM en collaboration avec Assar, le quartier-général de l’Otan est, par ses dimensions, le plus grand projet du bureau.  » Mais aussi le plus complexe, s’empresse d’ajouter Renaud Chevalier. Les nombreuses mesures de sécurité en vigueur sur le site ne facilitent pas la tâche. Les complexes hospitaliers et les laboratoires sont également des opérations délicates, qui nécessitent d’étudier avec soin les flux des patients, des visiteurs et du personnel soignant. La clinique du MontLégia dispose d’un vaste terrain et peut donc s’étendre, tandis que le futur Chirec, à Auderghem, est un hôpital plus compact, situé dans une zone où nous allons aussi implanter un hôtel, une maison de repos, des appartements et des commerces.  »

Pas de  » style Assar  »

Renaud Chevalier le reconnaît : il n’y a pas de  » style Assar « . Faute d’avoir une star de l’architecture à la tête de la boîte ?  » Nous n’avons pas de gourou, explique le CEO. La conception des projets passe par de nombreuses mains. Nous ne disons jamais à nos clients que nous avons une idée lumineuse à leur proposer. Nous cherchons plutôt à comprendre leurs besoins, leurs objectifs. L’image découle de cette recherche, de cette analyse. Pour la plupart des clients, le bâtiment est un outil, pas une fin en soi. Quand nous avons affaire à des professionnels de l’immobilier, appelés à rendre des comptes à leurs actionnaires, il convient de concevoir un bâtiment qui garde sa valeur au fil des années, moyennant un minimum d’entretien.  »

Outre la qualité du projet, qu’est-ce qui peut orienter le choix lors d’un concours ? Les coûts ? Le copinage ?  » Il y a des pressions sur les prix, admet Renaud Chevalier. Mais si nous découvrons que le marché tient uniquement à cet aspect, nous n’y participons pas. Nous savons que nous ne sommes pas les moins chers. Nous mettons dès lors l’accent sur nos atouts : l’accompagnement du client, la fiabilité, la flexibilité. Peut-être que, pour certains, le copinage fonctionne pour décrocher des contrats. Mais je pense que nous sommes choisis pour d’autres raisons.  »

Par Olivier Rogeau

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