Le parti d’Elio Di Rupo digère tout doucement sa relégation dans l’opposition fédérale. Mais, au PS, la discipline de parti n’est plus ce qu’elle était. N’en déplaise au Montois.
Le 6 avril, le Parti socialiste fêtait ses 130 ans à Bruxelles. Les célébrations ont été discrètes. Le parti, encore traumatisé par sa relégation dans l’opposition fédérale, et par sa réconciliation ratée avec un monde du travail en colère contre le gouvernement MR – N-VA, n’affiche en effet pas la forme la plus pétulante de sa glorieuse histoire. Sorti de sa charge de Premier ministre, Elio Di Rupo s’est fait réélire à la présidence du Parti socialiste dès la fin de l’année 2014. Sans compétiteur, mais non sans critiques tacites. Il a reconnu avoir avalisé, comme Premier ministre, des mesures qui ne lui plaisaient pas. Des erreurs, même, selon lui. Son » j’ai le coeur qui saigne » restera dans l’histoire, mais pas comme un moment de sincérité. L’année d’Elio Di Rupo au boulevard de l’Empereur n’a pas été de tout repos, tant les questions qui se posent et qu’il se pose ont de quoi lui donner des cheveux gris. Il y a l’absence de relève, en particulier dans les stratégiques fédérations bruxelloise et liégeoise. Il y a le fait que les régionalistes, wallons aussi bien que bruxellois, battent en brèche le belgicanisme en noeud papillon. Il y a le fait que son dauphin désigné, Paul Magnette, pose davantage en président de parti, ce qu’il n’est pas, qu’en ministre-président wallon, ce qu’il est. Il y a le fait que certains socialistes réclament un durcissement sur les questions de sécurité, bien de saison en cette époque maculée de terreur djihadiste. Il y a le fait que l’héritage de Philippe Moureaux à Molenbeek soit mis en cause après les attentats de Paris. Ou que des députés socialistes fassent publiquement mais inutilement pression sur leur président de parti pour qu’il empêche l’organisation d’une mission économique en Israël. Et il y a également le fait qu’Elio Di Rupo lui-même a tenté de se faire désigner président du Parti des socialistes européens, au printemps dernier, par ses homologues du continent.
Autant d’éraflures sur la statue présidentielle. Face caméra, le Montois ne desserre pas les dents : président il est, président il reste. » Et pourquoi ne me présenterais-je pas après 2019, au terme de mon mandat ? « , fait-il même mine de s’interroger sur les plateaux de télévision. Et puisque la com défaille, le président du PS mise sur le fond. Le » Chantier des idées » va mener à un toilettage de la doctrine socialiste, qui doit le transformer en force de proposition (sur la réduction du temps de travail, les inégalités, l’impôt sur la fortune, etc.) tout en jugulant, pense-t-on au Boulevard de l’Empereur, la poussée du PTB.
Nicolas De Decker