Prodi cherche sa gauche

Malgré les efforts de son nouveau leader, l’opposition ne parvient pas à s’unir pour affronter Berlusconi

Le retour de Romano Prodi sur la scène politique italienne en novembre 2004, après plusieurs années à la tête de la Commission européenne, avait fait naître un nouvel espoir à gauche. Beaucoup d’opposants à Silvio Berlusconi voyaient déjà en lui leur sauveur, l’homme qui allait enfin être capable de les rassembler dans une  » Grande Alliance démocratique  » et de la conduire à la victoire. Mais l’euphorie a fait long feu. Trois mois après, force est de constater que Silvio Berlusconi, dont la popularité semblait, l’été dernier, dangereusement entamée, remonte dans les sondages, alors que la gauche est en chute libre. Et cela à quelques semaines seulement des élections régionales d’avril, considérées comme un test important un an avant les législatives de 2006.

La Grande Alliance démocratique pourrait bien se révéler être une gageure. D’abord, sans doute, parce que ce rassemblement est trop vaste et trop disparate. Il s’agit, en effet, d’amalgamer autour de la coalition de l’Olivier (centre gauche) des formations aussi différentes que les ex-démocrates-chrétiens de gauche de Francesco Rutelli (la Marguerite), les ex-communistes de Piero Fassino û rebaptisés  » Démocrates de gauche  » û les centristes de l’Udeur, qui ne cessent d’osciller entre gauche et droite, les communistes radicaux de Refondation communiste, dirigés par Fausto Bertinotti, les Verts et quelques autres encore… Dissensions et polémiques n’ont pas tardé à surgir, chacun ayant surtout à c£ur de ne pas disparaître ni de sacrifier les ambitions de son chef sur l’autel de l’unité.

Consulter la société civile

Ces difficultés expliquent sans doute la prudence affichée par Romano Prodi à l’égard du programme de la Grande Alliance, dont le nom même est contesté. On sait seulement que  » cela ne sera pas la révolution « , mais qu’il y aura  » de sérieux changements « … L’un des éléments les plus novateurs reste la volonté affichée par l’ancien président de la Commission européenne de consulter la société civile. Il a, en effet, prévu de transformer une usine désaffectée de sa ville de Bologne û bastion de la gauche intellectuelle û en un lieu de débat permanent et annoncé la tenue, au mois de mai, d’élections primaires destinées à désigner le futur candidat de l’Alliance au poste de président du Conseil. Mais cette démarche est mal comprise. Elle est étrangère à la tradition italienne et les électeurs n’en voient pas l’utilité, puisque la gauche vient précisément, avec Prodi, de se doter d’un leader. En outre, la victoire imprévue du candidat de Refondation communiste lors d’un scrutin partiel dans les Pouilles effarouche déjà certains modérés. Silvio Berlusconi, lui, fanfaronne. En claironnant que la gauche n’a  » ni programme, ni idées, ni idéaux « . Et  » pas même un nom « .

Vanja Luksic

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