Prendre de la hauteur

Des biches, des renards ou encore, des écureuils. Voilà le voisinage quotidien du jeune architecte Anthony Seutin qui, au sortir des études, a entrepris seul la construction de sa maison namuroise, dressée sur le flanc d’une colline boisée.

Construire sa propre maison, c’est l’idée fixe d’Anthony Seutin. Lorsqu’il obtient son diplôme d’architecte, le projet a déjà bien mûri. Cette maison, il l’imagine comme un refuge qui serait à la fois en retrait de la ville mais à proximité de tout. A la recherche du terrain qui pourrait concrétiser cette vision, il déniche une parcelle en vente depuis une dizaine d’années. A croire que personne n’en voulait. De fait, le chemin forestier qui grimpe le long de cette colline boisée et s’achève en cul-de-sac sur une zone relativement plate est totalement impraticable pour les camions.

Hormis le problème d’accessibilité, la pente forte du terrain et la présence prédominante des arbres constituaient d’importantes contraintes. Or, l’architecte ne souhaitait en aucun cas bouleverser l’environnement naturel qui l’accueillait. La seule solution était donc de prendre de la hauteur et d’aller chercher la lumière et les vues intéressantes, en construisant une maison perchée au-dessus des arbres. C’est la raison pour laquelle il a fallu désarticuler la construction. Une désarticulation qui s’est concrétisée en une composition de quatre volumes montés sur pilotis et assemblés autour d’un volume central.

Le défi d’Anthony Seutin était aussi de construire une maison qui ne lui coûterait pas plus cher que le loyer qu’il payait alors. Pour atteindre cet objectif, la solution de l’autoconstruction s’est naturellement imposée. Après avoir dessiné tous les volumes en détail, l’architecte a fait réaliser une ossature bois en queue d’aronde, qui s’assemble comme un Meccano. Sans capacité d’entreposage, il a eu la bonne idée de dessiner quatre modules identiques. Il a ainsi pu utiliser indifféremment chaque élément – montants de mur, traverses de plafond et de plancher – en étant sûr de ne jamais se tromper.

Pour tirer le budget vers le bas, le choix des matériaux était d’une importance cruciale. A commencer par la composition des murs. Pour les quatre modules, il s’agit de deux panneaux OSB entre lesquels on a insufflé de la cellulose. Le parachèvement intérieur est réalisé tantôt avec des lambris de bois, tantôt avec du papier peint intissé collé à même les panneaux. Côté extérieur, le choix d’Anthony Seutin s’est principalement porté sur de l’aluminium. Le volume central se distingue du reste de la construction par l’usage de panneaux alvéolaires en polycarbonate. Outre son aspect économique, ce matériau est translucide et très isolant au niveau thermique. S’il ne présente pas de bonnes propriétés acoustiques, ce n’est pas un problème dans le cas présent, en raison de la situation isolée de la maison. Le risque de surchauffe est également évité grâce à l’orientation ouest du volume faisant face au versant boisé.

Réalisation : Urban Architectes, Anthony Seutin. Tél. : 081 20 19 49. www.urbanarchitectes.be

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Stephan Debusschere

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