L’Etat belge, c’est-à-dire vous et moi, paie cher son financement sur les marchés. Plus cher que l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas. Les banques » belges « , qui, à en croire ING (Le Vif//Express du 28 octobre 2011), vont opérer à partir de janvier 2012 un nouveau hold-up sur nos porte-monnaie (via, entre autres, la facturation des retraits au Bancontact), se financent auprès de l’épargnant belge à un taux scandaleusement bas, bien plus bas que celui que les » marchés » imposent à l’Etat belge. Quand on pense que si les banques bénéficient de cette manne, c’est grâce à la garantie que l’Etat belge donne à l’épargnant… Sinon, par les temps qui courent, qui se fierait encore à une banque-casino ?
Nous sommes donc face à un paradoxe d’autant plus interpellant que les fonds récoltés auprès de l’épargnant belge par certaines banques » belges » alimenteraient en liquidités (très bon marché, merci les Belges !) les holdings bancaires français dont elles dépendent (Dexia, BNP Paribas…) afin de financer leurs investissements douteux… Pourquoi donc l’Etat belge ne réagit-il pas ? Est-il muselé à ce point par le lobby bancaire ? Pourquoi l’Etat belge ne crée-t-il pas un compte d’épargne en ligne destiné aux particuliers à un taux un peu plus intéressant que les scandaleux taux bancaires mais bien au-dessous du taux de marché auquel il se refinance ? Il pourrait assortir ces comptes d’épargne de la même exonération fiscale que celle qu’il donne aux comptes d’épargne bancaires. Il pourrait ainsi remplacer une partie importante de son financement sur les » marchés » (capricieux, on le sait) par un financement moins coûteux et beaucoup plus stable. Et il pourrait annuler en » compte d’ordre « , le montant correspondant de la garantie qu’il fournit aux dépôts d’épargne en banque.
Irréalisable ? Très simple pourtant à organiser… Si ne fût-ce que la moitié des 172,4 milliards d’euros placés au 31 décembre 2010 sur des comptes d’épargne, auprès des six plus grandes banques du pays, étaient désormais placés en compte d’épargne » Royaume de Belgique « , quel en serait le bénéfice pour l’Etat ? Réponse : un financement plus stable à un taux plus bas.
Démonstration. La Belgique paie 4,75 % l’an pour ses obligations à 10 ans (l’Allemagne paie 1,9 %, la France 3,5 %). La masse monétaire que pourrait récupérer l’Etat belge auprès de l’épargnant (disons donc 86 milliards au minimum) pourrait remplacer une partie correspondante d’obligations à long terme, cette masse étant stable, d’autant plus stable que l’on voit mal pourquoi les épargnants retireraient leur confiance à l’Etat pour revenir aux banques… avec la garantie du même Etat. Si le taux consenti par l’Etat à l’épargne des particuliers en ses livres était de 2,75 % (en ne parlant plus de prime d’accroissement ou de fidélité qu’on laisserait aux banques pour continuer entre elles leur petit jeu de concurrence obscure…), son gain annuel serait de l’ordre de 1,08 milliard… Ce serait autant de gagné pour boucler le budget… Et les banques, direz-vous, que feront-elles ? Elles dégraisseront à même hauteur leur portefeuille de produits » pourris » pour se consacrer (enfin !) à leur mission de base.
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PHILIPPE SERON (DION-VALMONT), PAR COURRIEL