PAUL PASTUR: Valoriser le travail manuel
Si Paul Pastur, célibataire, est décédé sans enfants, on ne peut évoquer les grandes familles de Charleroi sans présenter cette figure marquante de la région. Ce franc-maçon célèbre naît à Marcinelle en 1866 dans une maison qu’il occupera toute sa vie. Son père, Octave Pastur, est ingénieur-régisseur des charbonnages de la Société de Couillet et enseigne à l’Ecole industrielle de Charleroi.
Profondément marqué par les émeutes de 1886, avec Jules Destrée, son ami qui, tout comme lui, est pourtant issu de la bourgeoisie catholique, il appuie la Chevalerie du Travail. Cette corporation, secrète à ses débuts, réunit d’abord 1 000 à 1 500 souffleurs de verre, puis essaime parmi les mineurs. Elle façonne le mouvement ouvrier dans le bassin de Charleroi. Avec Jules Destrée, Paul Pastur, qui a fait des études de droit à l’ULg et est inscrit au barreau de Charleroi, va jusqu’à développer des syndicats et, en 1892, ils fondent le Mouvement démocratique dont Paul Pastur est le secrétaire, avant de rejoindre le POB (Parti ouvrier belge).
» Paul Pastur est un homme de réalisation qui agit dans un esprit de collaboration de classes, entre les industriels et les ouvriers, note Jean-Louis Delaet, directeur du Bois du Cazier. En 1926, il a réussi à mettre fin à la grande grève des métallurgistes qui a duré dix mois ! Il était accepté par les deux mondes du patronat et des ouvriers. » Il sera député pendant quelques mois, de 1899 à 1900, mais ne le reste pas, parce qu’il veut se consacrer à Charleroi et à la Province de Hainaut, dont il est député permanent jusqu’à son décès, en 1938.
En 1903, avec Alfred Langlois, inspecteur provincial de l’enseignement technique, Paul Pastur fonde ce qui deviendra l’Université du Travail (UT) en 1911. » Ce n’est pas du tout une vraie université, insiste Willy Pourcel, bibliothécaire de la Bibliothèque de l’UT. Il voulait valoriser, magnifier le travail manuel ! Il y développe des méthodes actives d’enseignement : le travail en atelier, les stages en entreprise, les excursions éducatives, les projections lumineuses… »
Au départ, cette institution consacrée aux métiers techniques et destinée aux fils d’ouvriers est une école de promotion sociale avec des cours du soir. Dès 1909, il s’y ajoute une école professionnelle. En 1919, Paul Pastur est un des initiateurs de la Commission provinciale des loisirs de l’ouvrier qui, dans la perspective de la loi des huit heures, veut offrir aux ouvriers la possibilité d’occuper leurs loisirs de manière épanouissante. Il en devient l’administrateur délégué. C’est dans le cadre de cette commission qu’en 1927, Paul Pastur lance la fête des mères en Hainaut.
FRÈRE: Un contrôle familial verrouillé
Bien qu’installée à Gerpinnes et non dans une des 15 communes de Charleroi, s’il est une famille que l’on peut difficilement passer sous silence, c’est bien celle des Frère. Aussi fameuse que discrète, elle ne se prêtera cependant pas au jeu du portrait de famille…
» Rien […] ne prédestinait ce fils d’un modeste marchand de clous de Fontaine-l’Evêque […] à un tel parcours. Sinon un formidable sens du commerce, le génie des affaires et du culot à revendre. Et Dieu sait s’il en fallait pour transformer l’entreprise familiale […] en l’une des plus formidables machines à gagner de l’argent de la sidérurgie européenne « , lit-on dans l’ouvrage de l’ancien correspondant du Monde à Bruxelles, José-Alain Fralon (Albert Frère : Le fils du marchand de clous, éd. Fayard Editions, 1998).
On y apprend aussi que si Frère a conquis l’essentiel de la sidérurgie du bassin de Charleroi au début des années 1970, c’est parce qu’il trouvait ridicule le fractionnement des investissements dans un tissu industriel morcelé. Il en naîtra un empire familial dans lequel le fils et la fille du milliardaire, Gérald Frère et Ségolène Frère-Galienne, occupent aujourd’hui de nombreux postes d’administrateur… mais pas les commandes.
En septembre 2009, évoquant la question de sa succession dans La Libre Belgique, Albert Frère – première fortune de Belgique (2,9 milliards d’euros) et 363e mondiale – soulignait qu’elle n’était ni taboue, ni à l’ordre du jour, tout en admettant que son fils Gérald est » présent, en première ligne, dans tous nos grands dossiers. […] Pour ce qui est de la structure de l’actionnariat, il y a bien longtemps que j’ai mis en place le schéma verrouillant le contrôle que la famille détient au niveau de Frère-Bourgeois, la maison mère « .
DEPELSENAIRE: Une dynastie d’architectes
Marcel d’abord, Jacques ensuite, et Dany, enfin. Trois générations d’architectes aux personnalités totalement différentes. Marcel, né à Ath en 1890, est actif à Charleroi durant l’entre-deux-guerres. On lui doit quelques maisons bourgeoises, comme celle des Dermine, désormais classée, au boulevard Audent. » Associé avec l’architecte Jules Laurent, il a construit le premier lotissement de maisons à Loverval, sur des terres qui appartenaient au prince de Mérode. C’était un promoteur clé sur porte d’avant-garde travaillant avec des artisans « , explique son petit-fils.
» Mon père était un bouffeur de vie, assoiffé de travail. Ce qui lui a joué des tours, confie encore Dany. Quand il arrivait à manquer de commandes, il s’inventait des projets. Il était très proactif. » A Charleroi, les oeuvres maîtresses de Jacques Depelsenaire, à qui l’on doit aussi le Centre social de délassement à Marcinelle, sont l’Institut national du verre et le palais de justice (1963). Aujourd’hui, avec l’équipe du bureau d’architecture de son père décédé en 2009, Dany Depelsenaire a dessiné une nouvelle extension des bureaux du Parquet qui devrait être mise en adjudication fin de cette année. » Ce sera le trait d’union entre l’ancien Palais du verre, devenu tribunal du commerce, et le palais de justice. Un bâtiment sur pilotis, complètement en verre, dont les deux façades les mieux orientées intégreront des cellules photovoltaïques. Le projet inclut un cheminement piéton qui reliera la Ville Basse-à la Ville-Haute. » Quant au lien entre les générations, le voilà tout trouvé.
DEWANDRE: Une famille tentaculaire
Les Dewandre font partie de ces familles tentaculaires qui, au gré des alliances matrimoniales, en regroupent d’autres tout aussi fameuses. » Au XIXe siècle, ils fricotaient fort ensemble « , s’amuse Bernard Dewandre qui précise aussi qu’à l’occasion de la dernière réunion familiale en 2008, quelque 1 000 invitations ont été lancées aux membres des différentes branches.
L’histoire carolorégienne des Dewandre débute avec Barthel Dewandre, époux liégeois de Louise de Haussy puis, après le décès de celle-ci, de sa demi-soeur, Jenny, qui lui donnera neuf enfants. Louise et Jenny sont les filles de François-Philippe de Haussy, échevin de Fontaine-l’Evêque, sénateur libéral de Charleroi, ministre de la Justice de Léopold II et premier gouverneur de la Banque nationale de Belgique (de 1850 à 1869).
Paul Dewandre, fils de Barthel, épouse Elise, fille de Jules Audent (1834-1910), bourgmestre libéral de Charleroi à l’époque où la ville reçoit les autorisations d’aménager l’espace libéré par le démantèlement des remparts. Audent est aussi sénateur et l’homme de la Société Générale de Belgique. C’est de cette branche que descend Jean-Louis Dupont, arrière-arrière-petit-fils de Barthel, dont le travail de recherche généalogique nous guide au travers de cet écheveau d’une extrême densité.
Les Ateliers Germain de construction automobile sont fondés à Monceau-sur-Sambre en 1897 par les fils de Barthel et Jenny – Frans, Georges, Edmond et Paul -, ainsi que par Edouard Demeure (neveu de Jenny), Julien Dulait et Auguste Germain, qui fait apport des ateliers.
Frans, qui donnera son nom à un boulevard, est notamment échevin des Finances de 1896 à 1925. Sa fille, Germaine, épouse Van Hoegaerden et directrice de l’Hôpital de Charleroi, est assassinée par les rexistes le 17 août 1944 à Mont-sur-Marchienne, la nuit de l’incendie du château Dewandre d’Airemont, en représailles de l’assassinat du bourgmestre rexiste Oswald Englebin par des résistants belges. Ajoutons que Paul Dewandre, auteur du spectacle Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, adaptation du best-seller de John Gray, est le cousin du Bernard qui raille gentiment les alliances familiales. Tous deux descendent de la branche d’Edmond. Pour clore ce chapitre complexe, on évoquera encore les liens matrimoniaux de la famille Dewandre avec les verriers Cappellen (et donc Gobbe) et Bivort.
GOBBE: De la verrerie à la culture alternative
Les Gobbe ne constituent pas la famille de verriers la plus importante de la région en termes de personnes employées. Le couple d’historiens formé par André Liérneux et Béatrice Garny (lire aussi en page 103) dresse d’ailleurs une longue liste des maîtres verriers des XVIIIe et XIXe siècles auxquels un portrait eût pu être consacré : les Baudoux, Bivort, Chausteur, Desgain, Fourcault, Goffe, Houtart, Lambert, Casimir-Lambert, Mondron et ceux qui nous occupent ici, les Gobbe. Comme on peut encore rencontrer, aujourd’hui, deux de leurs descendants, ne boudons pas notre plaisir.
L’histoire verrière des Gobbe commence en 1851, quand Edouard épouse Hortense Hocquemiller, belle-soeur du maître de la verrerie Andris dans laquelle ce fils de houilleur prospère est employé. Initié par son épouse, Edouard Gobbe se lance dans la fabrication du verre et, en 1865, le couple fonde une verrerie à Lodelinsart. Edouard y deviendra conseiller communal catholique. Frédéric, son fils aîné, seconde son père malade dans la gestion de l’entreprise et épouse Louise Cappellen, fille d’un fabricant de tabac et homme politique du parti catholique à Louvain. En 1910, à la mort de Louise, la firme Gobbe-Hocquemiller devient société anonyme. En 1912, elle occupe 300 ouvriers. Comme son père, Frédéric est conseiller communal catholique à Lodelinsart.
Son fils Frédéric, ingénieur civil diplômé de l’UCL, travaille dans la verrerie familiale pendant deux ans avant de rejoindre les Usines métallurgiques Saint-Eloi à Enghien, dont son beau-père est directeur. A la mort de son père, Frédéric reprend la verrerie familiale avec son oncle Albert et entreprend la mécanisation de l’usine avec des capitaux apportés par des exportateurs de verre mécontents du monopole d’Univerbel. Cette entreprise est issue de la fusion, en 1930, de toutes les verreries belges utilisant le procédé d’étirage mécanique du verre qu’Emile Fourcault a mis au point avec… Emile Gobbe, lointain cousin d’Edouard.
Après la Seconde Guerre mondiale, la verrerie crée plusieurs filiales et, en 1962, Frédéric Gobbe, voyant venir la fin des petites et moyennes entreprises verrières, négocie la reprise des titres de la SA Gobbe avec Glaverbel, constituée en 1961 par la fusion d’Univerbel et Glaver. Frédéric sera aussi, pendant 14 ans, président du PSC de l’arrondissement de Charleroi.
Son fils, également prénommé Frédéric, entre dans l’entreprise familiale en 1954 et reste chez Glaverbel au moment du rachat. Il travaille dans la partie commerciale et technique jusqu’en 1985, quand il est prépensionné à 55 ans. Il se souvient que » Lodelinsart était appelée ‘le Petit Paris’, parce qu’on y gagnait beaucoup d’argent et que les filles des verreries aimaient s’habiller « . Il se souvient aussi de l’impact de l’indépendance du Congo. » Les recteurs des quatre universités sont allés demander aux entreprises de reprendre les gens rentrés du Congo. A ce moment-là, on n’engageait pas les jeunes ingénieurs et beaucoup se sont tournés vers les carrières littéraires. »
Quant à Jean-Christophe, fils de Frédéric, il est connu sous le nom de » Globul « . Avec son ami » Mika Hell « , il a racheté les Forges de la Providence pour le prix d’une maison et les a transformées en un haut lieu de la culture alternative : Rockerill. » Cela représente beaucoup pour moi qui, gamin, était habitué à jouer dans les usines désaffectées. » (Le Vif/L’Express du 17 mai 2013.)
MAYENCE: Une dynastie de pénalistes
» Le Pierre Mayence qui a donné son nom à un boulevard est un philanthrope qui n’a rien à voir avec notre famille « , précise d’emblée Jean-Philippe Mayence, avocat au barreau de Charleroi. Léonce Mayence, par contre, dont une place à Jumet porte le nom, est le neveu de son arrière-grand-père, François Mayence. Léonce était avocat, lui aussi. Il compte parmi les 19 civils assassinés par les rexistes les 17 et 18 août 1944, dans ce qui est connu sous le nom de » Tuerie de Courcelles « , en représailles de l’assassinat par la Résistance du bourgmestre rexiste de Charleroi, Oswald Englebin.
Les Mayence dont descend Jean-Philippe forment une dynastie de pénalistes : Philippe, son père, était ténor des cours d’assises et son grand-père, Simon, magistrat. Sa mère, Jacqueline Mayence, née Goossens, se présente comme » une pièce rapportée » et ne cache pas son admiration pour sa belle-mère, Thérèse Cordier. » Elle était dans les cinq premières femmes universitaires de Louvain. Mais elle n’a pas eu le temps d’enseigner puisqu’elle a dû élever 13 enfants ! »
De son côté, Jacqueline Mayence a connu une longue carrière politique. Elle est d’abord conseillère communale à Charleroi dans la première mouture du conseil après la fusion des communes. Elle explique que le PRL est venu la chercher alors que son mari avait été conseiller communal PSC à Gosselies. » En 1975, c’était l’Année de la Femme et tous les partis se sont dit qu’il fallait des femmes sur les listes. » En 1978, elle est élue sénateur pour la première fois. Sénateur ? » Oui, parfois, en voulant féminiser une fonction, on la décapite. C’est comme le terme ‘ambassadrice’ qu’on utilise pour désigner l’épouse de l’ambassadeur et non l’ambassadeur elle-même, s’il s’agit d’une femme. » Elle sera aussi secrétaire d’Etat à la Coopération en 1981, puis ministre du Logement à la Région wallonne, en 1983. Elle redevient ensuite sénateur, jusqu’en 1999.
Son fils franchira-t-il le pas, lui aussi ? Interrogé à ce sujet par Le Vif/L’Express, en décembre dernier, Jean-Philippe, dont le père a été président national des jeunes PSC et candidat à la présidence du parti en 1972, avoue adorer la politique, avoir déjà été approché par le CDH et le MR, mais estime que c’est une activité qui nécessite un engagement à plein temps et que sa situation professionnelle et familiale ne le lui permet pas… et qu’il veut rester libre.
MESTDAGH: Quatre générations d’entrepreneurs
Au départ d’une petite épicerie de quartier ouverte en 1900 à Châtelineau, c’est toute une chaîne de supermarchés qui porte la renommée de la famille Mestdagh bien au-delà de la région de Charleroi. Germain est celui par qui tout a commencé. Dernier-né en 1873 d’une famille de 7 enfants, il quitte Bruges, sa ville natale, pour s’installer à Charleroi et saisir l’opportunité de reprendre le commerce d’une veuve à la rue Saint-Antoine à Châtelineau.
A son décès, son épouse continue de gérer l’entreprise, jusqu’à ce que leurs fils, Henri et Germain senior la reprennent. Progressivement, celle-ci se développe, des représentants sont engagés, les denrées commercialisées se diversifient et le rayon d’action s’étend. La SPRL Mestdagh Frères, créée en 1936, devient SA en 1941 et déménage à Jumet, dans un bâtiment beaucoup plus grand. En 1955, elle étend son activité à une chaîne d’affiliés concessionnaires et à une cinquantaine de petites succursales et déménage ses entrepôts à Couillet. En 1957, c’est l’inauguration de la première succursale en libre-service, à Gilly.
Les trois fils de Germain Sr rejoignent la société dans les années 1960 : Henry en 1961, Germain Jr en 1962 et Jacques en 1967. Chacun s’oriente dans une voie particulière. Henry s’occupe de la section des produits frais et son père le charge d’installer un ordinateur en centrale. Germain prend la responsabilité de la volaille, de la boucherie et de la charcuterie, puis des fruits et légumes, tandis qu’Henry s’oriente vers l’administration et les finances. Quant à Jacques, après un stage en magasin, il entre à la centrale comme acheteur épicerie.
Eric, fils d’Henry, débute sa carrière chez Mestdagh en 1987 » comme femme de charge » puis, après son service militaire, réintègre l’entreprise familiale comme adjoint d’un supermarché, puis comme gérant à Jumet, avant de rejoindre la centrale, en 1991. En 2000, alors que l’entreprise fête ses 100 ans, il est directeur général. Son frère, John, se lance dans l’entreprise familiale en 1991, suit le même genre de parcours du combattant, puis prend la direction des achats. Carl, fils de Germain Jr, démarre chez Mestdagh en 1995, après avoir travaillé dans un secrétariat social flamand. Au bout de deux ans, il entre en centrale puis, à partir de 1998, il est chargé de l’expansion, des services techniques et de l’immobilier.
Les fils Mestdagh sont les bienvenus dans l’entreprise familiale, mais ils doivent préalablement faire quatre années d’études supérieures, partir un an à l’étranger et travailler deux ans dans une entreprise extérieure. Arrivés chez Mestdagh, ils ont un programme de deux ans en magasin. Ils doivent y passer par tous les échelons avant de pouvoir entrer au siège central.
Quatre générations se succèdent donc et, aujourd’hui, le groupe Mestdagh est constitué de trois pôles – alimentaire, investissement et immobilier – pour lesquels travaillent 2 650 personnes. La sicafi Ascencio, active dans l’immobilier commercial, est le fruit, en mai 2006, d’une initiative conjointe de Carl, Eric et John et de AG Real Estate Asset Management. » L’une des conditions pour la constitution de la sicafi était de créer une société immobilière indépendante de la société de supermarchés. Nous avons donc fondé Equilis, confie Germain Mestdagh. Mon fils Carl s’occupant déjà de l’expansion pour le groupe, il en a tout naturellement repris la direction. »
En octobre 2010, le groupe Mestdagh reprend seize magasins GB Carrefour ou Carrefour Market. Aujourd’hui, le pôle alimentaire compte 52 supermarchés intégrés et 29 affiliés. En 2013, le chiffre d’affaires s’élevait à environ 600 millions d’euros. Quant à Equilis, elle mène actuellement en Belgique une quarantaine de projets pour du commerce et de l’horeca et 1 000 unités de logement. A l’étranger, en Pologne, en Ukraine, en Hongrie et en France, six projets sont menés dans les domaines du retail, de l’horeca et des loisirs et 660 logements sont en voie de réalisation. Le chiffre d’affaires annuel est de 10 millions d’euros.
KOECKELBERG: Se diversifier pour se sauver
» Mon grand-père, un maçon qui portait le même prénom que moi, a créé son activité en 1929 avec quelques aides. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il y avait cinq à six personnes et ma grand-mère, qui portait la brouette, raconte Norbert Koeckelberg. C’est mon père, Bonfils Koeckelberg, qui a acheté une première grue après la guerre, quand ils ont repris les activités et qu’il fallait tout reconstruire. La journée, il travaillait manuellement sur les chantiers avec son père et, en soirée, il faisait des études techniques. »
En 1951, il passe en société, qui devient une SA en 1957. L’entreprise connaît une grosse croissance dans les années 1960 et 1970, avec la réalisation de travaux publics et de milliers de logements sociaux. » Ces travaux ont permis de passer de 10 hommes à près de 600 personnes au début des années 1980, jusqu’au moratoire en 1982. Ça a été un coup d’arrêt énorme. La société a dû se séparer de 250 ouvriers en une fois et a dû chercher d’autres marchés. Au début de la Région wallonne, mon père a eu le nez assez fin et a acheté des terrains à Namur. On y a construit le siège des TEC, sur 6 000 m². Tous les bâtiments qui y ont été construits ont permis de sauver l’activité via une diversification : promotion immobilière, immobilier de bureaux à Bruxelles, Namur, puis Charleroi, quand elle est devenue capitale sociale de la Région wallonne, et où on a construit 51 000 m² de bureaux. »
Norbert Koeckelberg, 43 ans, rejoint les Entreprises Koeckelberg en 2001, après avoir travaillé dans le secteur bancaire et le crédit aux entreprises. Aujourd’hui, l’entreprise participe à de plus en plus de concours DBFM (Design Build Finance Maintenance), fait de la promotion immobilière un peu partout et travaille sur quelques très gros chantiers, tant privés que publics ou inscrits dans un PPP (partenariat public-privé). Au rang des travaux en cours, citons la construction du centre opérationnel de Voo-Brutele, à l’Aéropole à Gosselies, pour un montant de 6,5 millions d’euros, dont la fin est prévue cette année, et la revalidation du centre-ville d’Andenne, un PPP de 27,3 millions (fin des travaux en 2016).
» Comme nous faisons de la promotion immobilière, le chiffre d’affaires varie d’une année à l’autre, mais en moyenne, il se situe entre 30 et 33 millions d’euros. Quant au personnel, nous occupons 180 personnes, un nombre resté stable depuis quelques années. »
Par Caroline Dunski