Peinture dans la nature

L’Ecole de Tervueren est à la peinture belge ce que l’Ecole de Barbizon est à la peinture française. Inspirés par leurs voisins, une poignée de Belges empruntent la clé des champs… et des sous-bois pour ouvrir une nouvelle voie : le naturalisme.

L’idée de peindre en plein air apparaît dès 1825 dans un petit village français du nom de Barbizon… Cette nouvelle façon d’envisager la pratique picturale se propage naturellement dans toute l’Europe. A partir de 1870, nos artistes établis dans la région de Tervueren réceptionnent à retardement le  » pleinairisme « . Une petite révolution dans l’histoire de la peinture de paysage en Belgique. Regroupés autour de la figure patriarcale d’Hippolyte Boulenger (1837-1874), quelques artistes (Lucien Frank, Joseph Coosemans, Isidore Verheyden, Guillaume Vogels…) partagent le même désir : quitter l’atelier pour aller planter leur chevalet au grand air. Ensemble, ils forment une colonie d’artistes en rupture avec la tradition. Ils se libèrent de la peinture académique pour se tourner vers la nature, dans la nature ! L’occasion de se placer au plus près de la réalité pour la traduire avec le plus de fidélité. La splendide forêt de Soignes – avec ses paysages environnants et ses panoramas pittoresques – incarne le décor idéal de ces peintres qui privilégient, dans une nature sans prétention, des motifs simples.

 » La plupart des peintres habitaient à Tervueren et emportaient leur palette et leur chevalet dans la nature, et ce grâce à l’invention récente du tube de peinture, explique Marjan Debaene, co-commissaire de l’exposition Plein Air organisée au M-Museum Leuven. Jusque-là, les peintres réalisaient une première esquisse en plein air, puis se rendaient dans leur atelier pour en faire un tableau.  » Le  » pleinairisme  » est davantage une méthode qu’un courant. Les peintres conservent les influences et les spécificités qui leur sont propres ainsi que leurs sujets… En outre, cette peinture en plein air apporte de nouveaux défis : les toiles peuvent être mouillées, les arbres et autres sujets sont souvent en mouvement (fouettés par le vent), la luminosité ne cesse de changer… Un autre milieu qui apporte son lot de surprises et de difficultés.

Dans le sillage de Boulenger

 » Coosemans est le premier qui se met à peindre, enchaîne Peter Carpreau, le commissaire de l’exposition. Et avec Hippolyte Boulenger, la situation explose. Il était à l’époque le meilleur peintre de paysage, et c’est lui qui a donné son nom à l’Ecole.  » Chef de file, Hippolyte Boulenger ne se contente pas de reproduire une nature bucolique. Il innove en insufflant à ses paysages à l’approche résolument réaliste autant d’angoisse que de panique, de passion ou de joie… Pour cette raison, il incarne un maillon très particulier. Boulenger sera rejoint par Lucien Frank, Isidore Verheyden, Joseph Coosemans, Edouard Huberti, Guillaume Vogels et Alphonse Asselbergs. Autant de personnalités qui prendront bientôt le relais pour former une branche impressionniste propre à la Belgique… Plus dramatique, plus grise que celle qui existe en France !

Jolie initiative, l’Office du tourisme de Tervueren propose à tous les promeneurs désireux de se perdre dans les paysages qui ont inspiré ces peintres de plein air, des parcours plutôt séduisants. A tenter un dimanche d’été.

Plein Air. L’Ecole de Tervueren, au M – Museum Leuven. Jusqu’au 13 septembre. www.mleuven.be

Office du tourisme de Tervueren, tél. : 02 766 53 40. www.tervureninfo.be

Gwennaëlle Gribaumont

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