Op la boum !

Guy Gilsoul Journaliste

Avec L’Op Art, l’art moderne devient festif. Tout se passe dans l’oeil et l’oeil chavire. Un véritable phénomène sociétal des années 1960 que la Patinoire royale, à Bruxelles, rappelle à travers une vaste exposition-vente.

Il ne faudrait pas confondre le travail d’un musée avec celui d’une galerie marchande. Pas question donc dans cette vaste exposition-vente d’aborder l’Optical Art sous l’angle strictement historique. En lieu et place, une balade dans ces univers ludiques qui s’exposèrent à partir des années 1955 avant d’être consacrés, dix ans plus tard, au Guggenheim de New York (The Responsive Eye). On trouve donc ici des pièces impressionnantes, historiques même, et, à leurs côtés, d’autres de moindre qualité. On y croise les maîtres incontestés (Vasarely, Cruz-Diez, Soto, Morellet…), quelques redécouvertes (Sobrino, Asis, Wilding) et des épigones. Face aux pièces impressionnantes, des expériences moins convaincantes, démodées ou tardives.

Démocratiser l’accès à l’art grâce aux  » multiples  »

Le parcours, divisé en thématiques, met avant tout l’accent sur les diverses pratiques et moyens. Pour faire court, l’Op Art, en renonçant aux expressionnismes et autres subjectivités de l’après-guerre, propose des oeuvres sans message. Construites sur diverses procédures d’ordre scientifique, elles visent, sous forme de tableaux, de sculptures, voire d’environnements, à tester les limites de la perception visuelle. A l’heure de Jacques Tati, cette esthétique ludique s’adresse aussi au plus grand nombre. L’Op Art ne s’invite pas que dans les galeries façon Denise René à Paris, mais aussi dans l’art public et la décoration des barres d’immeubles du modernisme aussi international que navrant. De même, il cherche à démocratiser l’accès à l’art en créant des  » multiples  » ou encore en parasitant l’univers des objets, emballages et vêtements. A la Patinoire royale, ces derniers aspects ne sont pas exploités. Logique puisqu’il s’agit avant tout de convaincre des collectionneurs de haut niveau.

La première des cinq sections est sans doute le plus représentative de l’Optical Art. Par divers procédés (souvent simples et répétitifs), les oeuvres réunies induisent des effets moirés qui s’accentuent selon le déplacement du spectateur. Les créations les plus impressionnantes ici sont signées Vasarely et Soto. Deux tableaux-reliefs de Cruz-Diez, l’un de 1978, l’autre de 2011, révèlent parfois un certain systématisme. La section suivante présente des artistes qui, prolongeant les recherches du Bauhaus et de Josef Albers en particulier, explorent l’interaction des couleurs et le mouvement illusoire que leurs associations peuvent créer à la surface plane du tableau. Exemples, l’effet perspectif (Vasarely) ou celui de mouvement illusoire (Stein). On note aussi deux belles compositions géométriques de Geneviève Claisse.

La troisième section fait la part belle à l’un des plus pertinents créateurs de cette tendance, François Morellet. Dans l’exposition, il est représenté par des pièces (bas-reliefs ou sculptures) impliquant l’utilisation des ampoules électriques ou des néons. Les deux derniers chapitres sont aussi les plus ludiques. Le premier réunit quelques opus d’art cinétique (des oeuvres mises en mouvement de façon mécanique) conçus dans les années 1970, le second immerge le visiteur dans un univers chromatique saturé qui emplit tout l’espace en le dématérialisant.

Let’s move !, à la Patinoire royale, à Bruxelles, Jusqu’au 26 mars. www.lapatinoireroyale.com

Guy Gilsoul

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