Nos pistes pour doper votre salaire

Pour pallier notre manque de compétitivité face aux pays voisins, le gouvernement Michel a gelé les salaires. La masse salariale des entreprises ne peut augmenter en 2015 et les salaires ne pourront pas non plus être indexés. Les travailleurs au pain sec ? Pas forcément. Une multitude d’échappatoires existent pour (re)mettre un peu de beurre dans les épinards. Tour d’horizon.

Cette année, l’augmentation moyenne des salaires à l’échelle internationale atteindra 5,4 %, selon les calculs du consultant RH Hay Group. Les salariés belges, eux, ne seront pas à la fête. Entrée en vigueur le 30 avril, la norme salariale fixée par le gouvernement Michel ne laisse aucune marge aux entreprises. En 2015, l’évolution du coût salarial ne peut dépasser… 0 % ! C’est à peine plus généreux pour 2016 : la masse salariale brute pourra grimper de 0,5 %, toutes charges comprises. Et les travailleurs n’auront pas droit non plus à l’indexation de leurs salaires, victimes du saut d’index tant décrié.

Concrètement, cela signifie qu’aucune entreprise n’a le droit de laisser filer son coût salarial moyen entre le 31 décembre 2014 et le 31 décembre 2015. Pas d’un eurocent.  » Aucune augmentation collective du personnel n’est possible cette année « , résume Jean-Luc Vannieuwenhuyse, expert juridique chez SD Worx, leader belge de la gestion des ressources humaines.  » La loi est très précise à ce sujet. Elle vise tout accord salarial pris au niveau sectoriel, d’une entreprise ou même individuel.  »

Le salaire mensuel n’est pas le seul visé. Les employeurs ne peuvent offrir à leurs salariés ni nouveaux plans de gratification, ni nouvelles primes ni aucun avantage en nature supplémentaire quel qu’il soit, comme une voiture de société ou une assurance groupe. Même les primes de nuit ou les heures supplémentaires entrent en ligne de compte. Les entreprises feront donc tout leur possible pour les limiter au maximum.

Les employeurs veulent motiver

Pour autant, comme le souligne le Groupe S, autre géant belge de la gestion sociale,  » il serait faux de croire que plus personne ne peut aspirer à une augmentation. Le principe de base est que les augmentations individuelles restent possibles tant que l’entreprise veille à ce que son coût salarial moyen n’augmente pas plus que ce que permet la norme salariale.  » Si, par exemple, une société a vu partir à la pension un ou plusieurs travailleurs âgés en 2014, elle dispose d’une marge dont elle peut user à sa guise pour récompenser un ou plusieurs salariés en 2015, résume Jean-Luc Vannieuwenhuyse.

Heureusement pour les salariés, il existe une palette d’autres possibilités sinon pour contourner la norme salariale, du moins pour en atténuer les effets. Nul doute que les employeurs en useront largement. Car contrairement à ce qu’on pourrait croire, eux aussi sont favorables aux augmentations, précise Sarah Peeters, directrice Legal & Reward auprès du groupe de services RH Acerta. Du moins dans certains cas :  » Ils veulent pouvoir continuer à attirer, à conserver et à motiver leurs employés, précise cette spécialiste des rémunérations. Et éviter qu’ils ne les quittent pour obtenir un meilleur salaire ailleurs.  » En matière salariale, conclut-elle, la créativité est devenue l’un des principaux facteurs d’attractivité des entreprises. Gel des salaires ou pas, de nombreux travailleurs en sortiront peut-être même gagnants.

Un dossier de Philippe Berkenbaum – Illustrations : Sonia Klajnberg et Alexandre Dujardin

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire