Moi, Belgique

La RTBF présente la première série télévisée consacrée à l’histoire de Belgique. Avec la complicité d’une narratrice aussi remarquable qu’inattendue

Vous pensiez que le 175e anniversaire de la Révolution, c’était fini depuis longtemps ? Eh bien non, et tant mieux ! Car c’est maintenant à la télévision de nous proposer  » son  » histoire de Belgique. A partir du 25 avril, la première chaîne de la RTBF lui consacrera une série de 7 épisodes, en début de soirée, tous les mardis vers 20 h 40, jusqu’au 6 juin inclus. Le  » prime time  » a ses exigences. Il faut non seulement présenter du bon travail, mais aussi appâter le téléspectateur, le surprendre suffisamment pour l’empêcher de zapper sur une autre chaîne, à une heure où la concurrence est sans merci. Pas question, dès lors, d’aligner une galerie de barbons et autres Pr Nimbus qui dissèquent l’exégèse d’un manuscrit ou commentent la pertinence d’un témoignage, avec une gravité et un goût du détail à faire bâiller les plus motivés. Non, il faut  » raconter une histoire  » de façon plaisante, sans pour autant sacrifier l’exactitude et la rigueur. Cette double exigence a conduit les producteurs de la série, Bernard Balteau et Isabelle Christiaens, à opter pour une narration en langue parlée, directe, qui écarte tics, jargon et mots savants. Mais où trouver l’oiseau rare, cette personnalité connue et appréciée du grand public, capable de traduire, avec des mots justes et un ton captivant, le parchemin parfois compliqué de nos chères régions ? Le choix de la RTBF s’est porté sur une personnalité à première vue inattendue : Annie Cordy. Oui, elle-même, vous savez bien : La Bonne du curé ! Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette comédienne belge de chez Belge nous étonne une fois de plus. Tour à tour chanteuse, actrice de cinéma et de théatre, voire héroïne de BD – elle tenait un rôle non négligeable dans Astérix chez les Belges –,  » la  » Cordy se révèle, ici, une narratrice hors du commun. Son dynamisme, son naturel, la justesse de son ton, sa complicité spontanée avec le téléspectateur –  » eh bien, mes amis…  » – tiennent en haleine et tissent à merveille un cheminement historique où les documents, scènes d’époque et reconstitutions croisent les interviews des meilleurs historiens du moment. Parmi eux, vous retrouverez d’ailleurs nombre de ceux qui avaient été interviewés, l’an dernier, par Le Vif/L’Express. Sur le fond, l’accent de cette série est mis sur l’histoire des gens plus que sur celles des institutions et des discours officiels.  » Nous avons voulu favoriser une démarche de réappropriation de l’histoire par ceux qui l’ont faite ou ceux qui la font, expliquent les concepteurs. L’Histoire est pour nous un « outil de survie ». Comment comprendre notre présent si nous ne possédons pas les repères du passé ?  » Joli programme. Ce qui ne gâche rien, c’est qu’il tient ses promesses.

Jacques Gevers

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