Michèle + Thierry: Le sexe débridé, sauce 68

Elle : 47 ans, prof de musique. Lui : 48 ans, prof de musique. En couple depuis 20 ans.

La parenthèse enchantée, ce laps de temps compris entre Mai 68 et l’apparition du sida, Michèle et Thierry l’ont vécue. Et bien vécue. Dès leur adolescence, ils ont profité plein pot de la libération des m£urs. Michèle, il est vrai, a grandi dans un milieu intellectuel et progressiste. Ses parents l’ont inscrite à l’école Decroly, qui pratique une pédagogie alternative.  » J’ai rejoint des mouvements de jeunesse où régnait une très grande liberté sexuelle. Les grandes couchaient avec X ou Y, sans que cela soit perçu comme de l’infidélité. On prenait la pilule à partir de 14 ans. Moi, j’ai couché avec des types, comme ça, de temps en temps. De façon presque expérimentale. Je ne sais pas si je raconterai un jour à mes filles tout ce que j’ai fait…  »

Thierry, lui, a entamé ses études secondaires dans un collège catholique à la discipline stricte. Il change cependant d’établissement à l’âge de 15 ans, et découvre, d’un seul coup, la mixité, l’enseignement rénové, les joints à la cour de récréation…

Leur rencontre se produit dans une école de musique, où ils suivent ensemble le cours de piano. Entre eux naît aussitôt une grande complicité… qui en reste là.  » On a couché une ou deux fois ensemble, sans plus.  » Ni l’un ni l’autre ne veulent se laisser emprisonner par une vie conjugale plan-plan. L’heure est à la sexualité débridée.  » Dans notre groupe d’amis, dès qu’une fille avait attrapé des champignons, ou une mycose, il y avait directement 30 personnes concernées. Parce qu’on couchait avec tout le monde « , raconte Michèle.  » Le plus étonnant, complète Thierry, c’est qu’on ne se formalisait pas. Si une fille apprenait qu’elle avait attrapé un truc, elle prévenait le plus naturellement du monde : « Ah, au fait, j’ai chopé ça. Voici ce que le médecin m’a conseillé de prendre ».  »

Ce papillonnage intense n’a pas duré.  » A un moment donné, tu te fixes, t’as un boulot, t’es crevé le soir. Bref, tu n’as plus la tête à ça « , analyse Thierry. Michèle approuve :  » Vers 22-23 ans, je me suis assagie. Finies les aventures sans lendemain. Avant Thierry, j’ai habité avec deux gars. Je cherchais déjà un couple stable. J’attendais juste de trouver le bon.  »

En 1987, Michèle se sépare de son compagnon,  » parti pour une autre « . Et Thierry éprouve  » une sorte de coup de foudre décalé  » pour son amie, qu’il connaît alors depuis plus de sept ans.  » Moi, j’avais la pétoche, raconte Michèle. Je doutais de l’amour que j’avais pour lui. Puis, à un certain moment, j’ai senti que je ne me trompais pas. J’ai eu raison. La preuve, c’est que nous sommes encore ensemble.  »

Aujourd’hui, ils habitent une maison remplie de livres et de partitions, à Saint-Josse, la plus multiculturelle des communes bruxelloises. Mais le mariage n’est toujours pas à l’ordre du jour. Il y a dix ans, lors d’une réunion de famille, Thierry a pourtant demandé solennellement à Michèle si elle voulait l’épouser. Ce n’était qu’une blague…  » Il y a quelque chose qui me dérange dans le mariage, confie Thierry. Avant, surtout, je détestais cette obligation, l’idée d’être coincé. Je voulais que la vie à deux reste un choix.  » Michèle est sur la même longueur d’onde. Mais elle ajoute :  » Quand je parle de lui, je dis « mon mari » ou « mon conjoint » …  »

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