On ignore toujours certaines causes de la dépression. Mais on sait que des soucis de santé importants risquent d’y conduire. Une campagne de sensibilisation va le rappeler
L’action » Dépression en questions » porte, cette année, sur le thème » Soigner sa dépression, c’est aussi prendre soin de sa santé « . Informations : www.depressionenquestion.be
Apparemment, ce n’est pas encore évident pour tout le monde. Alors, des médecins s’acharnent encore à expliquer que » notre corps fonctionne comme un ensemble dont chaque aspect peut influencer notre vie émotionnelle. Et inversement « , ainsi que l’assure le Dr André Dufour, président de la Ligue belge de la dépression. Du 14 au 27 novembre, une série de spots radio (1) rappelleront ainsi qu’un grand nombre de personnes atteintes d’une maladie » physique » sombrent de façon insidieuse dans la dépression.
Un quart des patients souffrant d’un cancer seraient dépressifs. Trop souvent, leurs symptômes (comme la fatigue ou la perte d’appétit, par exemple) sont attribués à leur cancer. Du coup, une minorité d’entre eux reçoivent une aide adéquate. Le diabète, lui, multiplierait par deux le risque de dépression. Après une crise cardiaque, de 40 à 65 % des patients vivraient également un épisode dépressif.
Lorsqu’une dépression s’ajoute à une autre maladie, souvent, elle aggrave les situations, tant pour les processus de guérison que pour la qualité de vie. L’état dépressif aurait, d’une part, un impact sur le système immunitaire ; d’autre part, il modifierait le comportement du patient en matière de santé. Ainsi, le malade risque de se négliger davantage, de suivre moins ou plus du tout ses traitements, de fumer ou de boire trop… On a ainsi constaté qu’après un accident cardiaque, les personnes déprimées augmentaient leurs risques de décès dans les six mois par rapport aux autres. De même, les diabétiques souffrant de dépression sont davantage confrontés à des complications liées au diabète.
La maladie grave ou chronique provoque tristesse, peur, inquiétude ou colère. Mais, comme le rappellera la prochaine campagne d’information, lorsque des sentiments anxieux ou dépressifs apparaissent, s’aggravent, perdurent et qu’ils affectent l’attitude de la personne (y compris face à ses proches), il est temps, et plus que temps, de partager ses angoisses, d’en parler à un médecin et de ne pas négliger les possibilités de faire reculer la dépression.
Christelle, 33 ans, vit depuis trois ans avec une polyarthrite rhumatoïde. » Cette maladie n’affecte pas seulement le corps, mais aussi l’esprit, témoigne-t-elle. Elle nous vole notre personnalité et nous force à vivre autrement que nous l’aurions voulu. Et c’est dur de vivre avec « un autre moi ». » Mais moins dur, peut-être, si on ne laisse plus la dépression faire son nid à côté de la maladie.
Pascale Gruber