Les  » victimes maçonniques  » du IIIe Reich

 » Les effectifs de l’ex-franc-maçonnerie allemande se réduisaient déjà à vue d’oeil – il subsiste, dans les années 33-35, un tiers des 82 000 maçons recensés en 1925 -, jusqu’à ce que, le 17 août 1935, la franc-maçonnerie soit finalement et officiellement interdite, les propriétés des loges confisquées et leurs archives pillées. Dès le 8 août, le Völkischer Beobachter, organe officiel du parti, avait titré à la une : « La fin de la francmaçonnerie allemande ». Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Si, dans un premier temps, comme Schacht y fait écho dans ses mémoires, une loi, dès 1933, interdit aux anciens maçons de pouvoir bénéficier d’avancement ou de la nomination à un poste de responsable dans l’administration, et si, à dater du 17 août 35, les biens des loges sont séquestrés et leurs objets précieux vendus au bénéfice de l’Etat – une tâche qui va s’achever en 1940 -, les ex-maçons continuent d’être surveillés par la police du régime.

On les soupçonne de poursuivre secrètement leurs réunions, et le fait est que certains d’entre eux vont maintenir en vie le tissu relationnel créé par les loges, ne serait-ce que par des rencontres dans des brasseries. Il en est même qui vont entrer en résistance, notamment dans le cercle dit de Robinsohn-Strassmann, auxquels les  » contacts et structures maçonniques s’avérèrent très utiles pour l’engagement dans des activités clandestines », selon l’historien Rolf Melzer.

Cependant, les chiffres de « victimes maçonniques » des nazis, que l’on trouve reproduits ici et là, doivent être envisagés avec précaution : les francs-maçons emprisonnés dans les camps de concentration ou exécutés le furent pour faits de résistance ou parce qu’ils étaient juifs, et non pour la seule raison qu’ils avaient appartenu à l’ordre exception faite de certains dignitaires, dont l’héroïque Leo Müffelman. Comme l’indique Rolf Melzer : « En Allemagne nazie, un ancien maçon n’était en général pas personnellement persécuté, à moins d’être juif ou de ne pas agir en conformité avec le système nazi. »

Le 27 avril 1938, Hitler décrète une amnistie partielle vis-à-vis des francs-maçons du Reich en ce qui concerne le parti. Ceux d’entre les anciens maçons qui n’avaient pas atteint dans leur loge un grade supérieur au troisième – ceux, donc, qui n’appartenaient pas aux hauts grades, réputés les plus dangereux – et/ou qui n’avaient jamais exercé la direction ou un autre office dans leur atelier, et qui s’étaient inscrits au parti avant le 30 janvier 1933, « ne devaient pas être désavantagés pour avoir été membres d’une loge ». Les autres ne pouvaient toujours pas exercer de charge officielle ou diriger du personnel au sein du NSDAP. Le 6 juin 1939, cet ordre du Führer est étendu à l’ensemble de l’Etat. « 

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