On appartient à une île quand on porte son nom – et inversement. Tel est le cas de la famille Barrøy, qui vit sur un petit bout de terre d’un archipel, au nord de la Norvège. Au début du xxe siècle, Hans et ses proches luttent ainsi contre l’âpreté du climat (le froid, la » pluie battante « , les tempêtes…), et leurs revenus viennent essentiellement de la pêche. Dans Les Invisibles, Roy Jacobsen décrit l’existence de cette poignée d’individus – la fille Ingrid, le grand-père Martin, la soeur Barbro que l’on surnomme » l’idiote « , etc. – sans véritablement qu’une intrigue cimente le récit. L’auteur norvégien préfère se focaliser sur les petits riens du quotidien et saisir les éléments – les arbres, les oiseaux (les eiders, les macareux…), la couleur du ciel ou tous ces objets qui s’échouent sur l’île. Les sens sont sans cesse en alerte, et l’ensemble est tout simplement magnifique.
Les Invisibles par Roy Jacobsen, trad. du norvégien par Alain Gnaedig. Gallimard, 270 p.
B. L.