Des rires romains aux fureurs hollywoodiennes des volcans, des Caraïbes à l’Egypte ancienne, voici un choix de quelques expositions festives dans cinq pays proches.
Paris L’Afrique des Caraïbes
Comment survit l’Afrique des esclaves noirs dans les Caraïbes d’aujourd’hui ? L’exposition propose de confronter certains types de masques des régions subsahariennes avec les productions carnavalesques en provenance de Trinidad ou de Martinique. Des artistes locaux, comme le sculpteur Hervé Beuzé ou le photographe Zak Ové, révèlent en outre dans leurs £uvres la dynamique toujours en marche de cet héritage métissé.
Mascarades et carnavals, Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry, à Paris. Jusqu’au 15 juillet. www.dapper.com.fr
Paris Le rire romain
William Klein, 26 ans, qui a grandi dans les quartiers italiens de New York vient de publier un premier album de photos sur sa ville. Il est à Paris. Fellini aussi, qu’il rencontre suite à un coup de fil audacieux. L’amitié naît. Deux ans plus tard, Klein devient assistant réalisateur sur le tournage des Noces de Cabiria. Avec quelques comparses de haut vol, Pasolini, Moravia et bien sûr Fellini, il utilise les moments perdus pour déambuler dans la ville dont il va happer les scènes de rue. Résultat : une série ivre de vitalité et de réalisme. Notons au même moment la soixantaine de portraits Venus d’ailleurs, peintres et sculpteurs à Paris depuis 1945 signés Agnès Franck.
Roma + Klein, Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, à Paris. Jusqu’au 8 janvier. www.mep-fr.org
Paris Maoris hier et aujourd’hui
Si l’arrivée des premiers habitants de la Nouvelle-Zélande remonte au IXe siècle, le XVIIIe voit les Caraïbes peu à peu conquises par les prisonniers et autres déserteurs venus d’Australie. Mais en 1895, les Maoris conquièrent déjà leur indépendance. Depuis, ils imposent sans concession leur mode de vie et de pensée. L’exposition a dès lors très logiquement été réalisée depuis le musée Te Papa Tongarewa afin de révéler tout à la fois l’héritage du passé et l’actualité. Deux cents pièces. De la pirogue, la maison communautaire ou l’art des tatouages aux projets écologiques actuels, le tout sous haute surveillance du Mana, l’énergie souterraine, dont l’art statuaire est, entre autres, le réceptacle.
Leurs trésors ont une âme, Musée du Quai Branly, à Paris. Jusqu’au 22 janvier. www.quaibranly.fr
A noter aussi : l’exposition Samouraï (du XIIe au XIXe siècle) à partir de la collection d’Ann et Gabriel Barbier-Mueller. Une référence. Jusqu’au 29 janvier.
Rotterdam Au c£ur des momies
225 objets réunis pour percer le secret des rituels funéraires égyptiens. En accompagnement, photos et vidéos, grâce aux rayons X et autres techniques plus récentes, attisent la curiosité. Parmi les pièces majeures, on peut signaler la momie Ankhhor trouvée intacte sur le site de Deir el-Bahari. Dans une autre partie du musée, première rétro du peintre figuratif anglais Sir Stanley Spencer (1891-1959).
Le Mystère dévoilé, au Kunsthal, Westzeedijk 341, à Rotterdam. Jusqu’au 29 janvier. www.kunsthal.nl
Paris Game Story
Le jeu vidéo, c’est à la fois une technologie en marche et un imaginaire en perpétuelle transformation. Véritable phénomène culturel planétaire, il est l’objet d’une exposition historique qui propose tout à la fois plaisir, mémoire et réflexion.
Game Story, au Grand Palais, à Paris. Jusqu’au 9 janvier. www.rmn.fr
Londres Rétrospective d’un géant
Gerhard Richter fêtera bientôt ses 80 ans. Depuis 1962, cet artiste allemand né à Dresde et vivant aujourd’hui à Cologne, n’a cessé d’interroger la peinture dans ses méthodes et ses techniques. Tour à tour abstrait et figuratif, il est devenu la référence de plusieurs générations de créateurs. Superbe ensemble.
Gerhard Richter, au Tate Modern, Bankside à Londres. Jusqu’au 8 janvier. www.tate.org.uk
Londres Charmes en tous genres
Pour la première fois hors du Mexique, voici une centaine d’ex-voto populaires provenant de cinq collections dont deux situées dans des sanctuaires liés aux travaux de la mine. Des peintures maladroites et troublantes dont certaines évoquent l’univers de Frida Kahlo. Une seconde exposition réunit plus de 400 amulettes et autres bijoux étranges censés posséder le pouvoir d’éloigner la maladie. Des vertèbres sculptées aux pieds de taupe en passant par l’ammonite sculptée en tête de serpent et la noisette enserrée dans l’or… ont été choisies et mise en scène par l’artiste Frederic Powel.
Infinitas Gracias et Charmed Life, Wellcome Collection, 183 Euston Road. Jusqu’au 26 février. www.wellcomecollection.org
Londres Hollywood catastrophe
C’est rougeoyant, tumultueux, emporté par le geste pictural et aspiré par des perspectives abyssales. On y voit des palais orientaux dévastés par les flots, des foules en déroute, des grottes sulfureuses, des tsunamis, des tremblements de terre. Les peintures, souvent de grands formats, font d’abord sourire. L’artiste, John Martin (1789-1854), un contemporain de Turner, vit à l’heure romantique mais son approche du paysage reste déterminée par la littérature. Loin de la modernité annoncée par son confrère, il apparaît aujourd’hui étrangement proche des doutes de la postmodernité.
Apocalypse, au Tate Britain. Millbank, à Londres. Jusqu’au 15 janvier. www.tate.org.uk Dans le même musée, une rétrospective de Barry Flanagan.
Lausanne Art brut
C’est à l’âge de 47 ans que la Chinoise Guo Fengyi commence à dessiner afin, dit-elle, de soulager la souffrance que lui imposent les crises d’arthrite aiguë. A sa mort, vingt ans plus tard (en 2010), elle laisse un millier d’£uvres parmi lesquelles des compositions pouvant atteindre jusqu’à 5 mètres de haut. Des corps d’où émergent figures hybrides, portraits, fées et autres divinités emmenées dans des mouvements graphiques de flux et de reflux.
Collection de l’art brut. Av des Bergières 11, à Lausanne. Jusqu’au 29 avril. www.artbrut.ch
Bâle Avant Bruxelles
Voilà, avant sa présentation à Bruxelles, toute une histoire racontée du Surréalisme à Paris. Avec les plus grands noms comme De Chirico, Ernst, Miro, Dali, Magritte et tous les autres. Au total, pas moins de 110 peintures, 30 objets et sculptures, 50 £uvres sur papier, 50 photos, 4 films… Le plus attendu : les £uvres réunies par la première épouse d’André Breton, Simone Collinet.
Surréalisme à Paris, Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, à Bâle. Jusqu’au 29 janvier. www.fondationbeyeler.ch
Luxembourg Mondes inventés
Entre sciences et technologies, philosophie et métaphysique, les artistes internationaux réunis autour du thème Mondes inventés, mondes habités proposent des £uvres souvent monumentales. Elles renvoient aux énergies qui nous environnent pour le meilleur et pour le pire. Une seconde exposition I’ve dreamt about (jusqu’au 4 mars) se situe davantage dans l’utopie via des projets urbains, architecturaux ou plastiques.
Mondes inventés, mondes habités et I’ve dreamt about, au Mudam, 3 Park Draï Eechelen, à Luxembourg. Jusqu’au 15 janvier. www.mudam.lu
GUY GILSOUL