Les grands mécènes se font plus rares

Le milieu culturel tournaisien a toujours pu compter sur quelques mécènes, mais les mouvements de fusions et acquisitions dans les milieux traditionnellement généreux ont réduit la manne.

Les carrières, qui ont connu de nombreux mouvements de concentration et rachats, ont beaucoup pratiqué le mécénat. Georges Toubeau, président de l’ASBL Les Amis de Tournai jusqu’en février dernier et grand maître de la Confrérie des Chevaliers de la Tour, toutes deux fondées par l’imprimeur et journaliste Marc Rimbaut en 1936 et 1953, s’est installé à Tournai pour diriger Obourg-Granulat, à Gaurain. Cet homme, originaire du Borinage dont il a toujours gardé l’accent, considérait normal de compenser la gêne causée à la population par l’exploitation des carrières en lui ristournant un peu de sa prospérité. C’est ainsi que le premier projet à bénéficier de son mécénat fut La piste aux espoirs, festival international d’artistes de cirque créé en 1988.

Michel Lemay, grand mécène tournaisien décédé en février 2012, était également carrier. Grâce au Fonds Claire et Michel Lemay, dont l’enveloppe annuelle se situe entre 150 000 et 200 000 euros, 17 projets ont été soutenus, pendant sa première année d’activité, pour un montant de 200 000 euros. Ce fonds, administré par la Fondation Roi Baudouin et présidé par Jean-Pierre Winberg, directeur de Notélé, la télévision locale de Wallonie picarde, a permis tout récemment de restaurer le tableau Argenteuil d’Edouard Manet, pour la somme de 30 000 euros. Pour fêter le retour de l’oeuvre peinte en 1874, un spectacle était organisé par les Amis du Musée des Beaux-Arts, toute jeune association fondée, il y a moins de trois ans, notamment par Michel Lemay.

L’homme fut, selon Etienne Pollet,  » un grand président de la Chambre de commerce et d’industrie et un type extrêmement inventif. On le retrouvait un peu partout et il n’est pas étranger à la réussite de la Maison de la culture « . Diane Pollet, épouse d’Etienne, qui a côtoyé le carrier au sein du Rotary mixte de Tournai Haut-Escaut, renchérit :  » Il n’était pas peureux pour lancer des projets un peu loufoques. Il a été un des acteurs importants de la création de Notélé. Jean-Pierre Winberg est son fils spirituel.  »

Parmi les mécènes de Wapica, une ASBL mise sur pied en juin 2011 pour réaliser des publications de haute qualité et faire connaître les hommes qui ont bâti la région, on trouve, notamment, la sucrerie Couplet de Brunehaut, une des plus grosses fortunes de Belgique, l’entreprise de construction Dherte, de Flobecq, des brasseries et Cimescaut, que Paul Bertrand vient de céder à CBR (lire en page 92). Ce dernier est extrêmement impliqué dans les projets transfrontaliers et pourrait bien devenir un autre Michel Lemay en matière de mécénat, considère Pierre Peeters, directeur éditorial de la jeune maison d’édition.

Patrick Desauvage, qui assure la présidence de l’ASBL Les Amis de Tournai, note qu’en raison du manque de moyens financiers il est nécessaire de fédérer la richesse créative et artistique.  » Avant, les banques et les carriers étaient la principale source de mécénat, mais aujourd’hui, la crise et les grands groupes sont passés par là. Il y a 600 associations à Tournai ! Il est grand temps de renoncer à l’esprit de clocher dans le respect de l’identité de chacun.  »

C. Du.

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