Prostitution, drogue, vols, immigration clandestine… La mafia albanaise est la bête noire des forces de l’ordre.
Au Kosovo, l’ancien guérillero Hashim Thaçi, vainqueur des élections législatives du 17 novembre et partisan de l’indépendance, a été éclaboussé, en 2001, par l’arrestation, pour trafic de cocaïne, d’un ancien chef de la police albanaise. D’une manière générale, la réputation des populations et migrants albanophones d’Albanie, du Kosovo, du Monténégro et de la Macédoine est ternie par la criminalité violente de clans mafieux, soudés par le Kanun. » Il a été écrit au xve siècle, afin d’imposer l’autorité du chef de clan, le dévouement de l’individu au groupe, la loi du silence et une codification stricte de la violence en cas de conflits ou d’offenses entre clans, explique le commissaire divisionnaire François Farcy, de la police judiciaire fédérale de Liège. Ce sont surtout les femmes qui en ont été les victimes, notamment à travers la prostitution, car ce code ne leur confère qu’une valeur d’objet sexuel et de main-d’£uvre. » Mais les sentiments de la population albanaise évoluent et, aujourd’hui, les clans albanais, mais aussi bulgares, cherchent plutôt à s’emparer de femmes bulgares, biélorusses, moldaves, russes ou ukrainiennes. «
Les spécialistes européens s’accordent pour dire que la mafia albanaise, qui » excelle » dans le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains, l’immigration illégale, les vols et les extorsions, est actuellement l’une des plus nuisibles du continent. » J’ai relevé, à titre d’anecdote, que sur une période de 34 jours, en 2007, au moins un Albanais était apparu dans les comptes rendus quotidiens de la police fédérale, comme auteur ou comme suspect « , poursuit le policier.
En Europe, ces clans mafieux se sont taillé la part du lion dans le transport d’héroïne vers les pays nordiques, celui de la cocaïne des grands ports du nord vers l’Italie, ainsi que les migrations internationales. De leur passé ottoman, les criminels albanophones ont gardé des connexions particulières avec le crime organisé turc ( » route des Balkans « ) et, de leur voisinage maritime avec les Pouilles italiennes, un lien avec la mafia locale (Sacra Corona Unita). Mieux : en Sicile, berceau de Cosa Nostra, cette dernière autorise les Albanais à s’occuper de drogue, contre paiement d’une dîme. Pas étonnant qu’Europol ait confirmé récemment que la lutte contre les groupes criminels albanophones restait prioritaire.
M.-C.R.