L’effacement de l’Europe
Les Européens ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Si Barack Obama a décidé, la semaine dernière, d’annuler sa participation au sommet bilatéral Union européenne-Etats-Unis, programmé les 24 et 25 mai à Madrid, ce n’est pas pour marquer son dédain à l’égard du Vieux Continent (même si c’est l’impression qu’il a laissée). Pour mémoire, le président américain s’est rendu plus de six fois en Europe pendant la première année de son mandat, soit plus qu’aucun de ses prédécesseurs. Si le rendez-vous de Madrid n’a pas trouvé sa place dans son emploi du temps surchargé, c’est bien plus parce que l’Europe se montre incapable de comprendre le monde tel qu’il change, de descendre de son piédestal, de ne plus se payer de mots et de proposer un vrai partenariat à Washington.
Un ancien ministre français, croisé dans une ambassade, a obtenu son effet en lançant devant un aréopage diplomatique : » Vous avez vu comment Obama nous traite ? » Cher Monsieur, apprenez que nous ne sommes plus au centre du monde ; et que personne ne nous attendra ad perpetuitatem. Désormais, c’est à nous de faire la preuve de notre rang dans le concert mondial, il n’y a plus de rente héritée de la grandeur passée.
Obama – plutôt direct, il est vrai – n’a fait que montrer sa déception et marquer son impatience. Il n’est pas contre l’Europe ; ce n’est pas son problème. Il a noté que le traité de Lisbonne doterait l’Union d’un vrai président du Conseil européen (Herman Van Rompuy) – censé être le seul organisateur des sommets bilatéraux – et d’une haute représentante pour les affaires étrangères (Catherine Ashton), tous deux supposés opérationnels. Or le président américain a constaté l’inverse : José Luis Zapatero a tout mis en £uvre pour faire de la conférence de Madrid le point fort de la présidence espagnole de l’Union européenne – laquelle s’est ainsi superposée à la présidence du Conseil européen, sans pour autant gêner la présidence de la Commission (Barroso). Vous suivez ?
Autre signal. A l’Est. Lors des dernières élections générales en Ukraine, qui ont vu le triomphe de Viktor Ianoukovitch, candidat officiel de Moscou (voir en page 17), la favorite de l’intelligentsia occidentale, Youlia Timochenko, n’a visiblement pas réussi à entraîner son peuple autour de l’idée d’un rapprochement avec l’Europe. Pourquoi ?
Christian makarian
Il n’y a plus de rente héritée du passé. Aux Européens de montrer qu’ils méritent leur rang
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