Le site No Terror en noir et blanc

La bataille contre Daech a aussi ses supports. Le nouveau site No Terror dénonce inlassablement l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Qui sont-ils ?

No Terror a fait son apparition en septembre 2014 et, depuis, ce site enregistre une hausse de ses visiteurs (4 000 visiteurs uniques par mois, 700 abonnés pour sa newsletter). Il est décliné en français (pour la Belgique et la France), en anglais, en italien et en néerlandais. Le tronc commun des articles qu’il relaie provient de la presse nationale, internationale, dont celle du Proche et du Moyen-Orient, avec traduction. Il dénonce sans relâche l’Etat islamique et les pays qui ont adopté une position ambiguë à son égard : Arabie saoudite, Qatar, Turquie. Le graphisme est simple, les articles courts et, si plus longs, ils renvoient au site d’origine, pour ne pas alourdir la lecture. No Terror privilégie un point de vue carré, antisunnite et  » souverainiste « , qui rompt avec l’opacité de la stratégie atlantiste. Ici, les bons et les méchants sont clairement identifiés. Le message est simple : la proximité géographique de Daech et la circulation des djihadistes entre les deux territoires constituent un danger imminent pour l’Europe.

Pas anti-islam

 » Le Centre européen d’information sur le terrorisme est une association libre de tout agenda politique qui repose sur des bénévoles et les quelques donateurs privés qui ont aidé à la création du site « , explique son coordinateur André Armand, un Belge travaillant en France, spécialiste, dans le privé, de l’analyse du risque économique. Il s’appuie sur un réseau de chrétiens d’Orient réfugiés en Europe pour repérer des articles offrant une plus-value par rapport à ce qui paraît déjà dans les grands médias.  » Les chrétiens d’Orient ont quitté leur pays, Irak, Syrie, un peu le Liban, parce que ça chauffait et, ici, ils ont une impression de déjà-vu, poursuit-il. Ils veulent expliquer la situation à un Occident qui ne se doute pas à quel point Daech est menaçant. Ils ne sont pas anti-islam. Les chrétiens d’Orient voudraient reprendre leur vie aux côtés des musulmans. Le problème vient de Daech, qui s’en prend aux alaouites, aux chiites, aux chrétiens d’Orient et aux musulmans sunnites qui rejettent l’extrémisme.  » Le Dr Simon Najm, président du Comité de soutien aux chrétiens d’Orient en Belgique, ne connaît ni le site ni ses promoteurs.

Le coordinateur du site se veut indépendant de tout groupe de pression :  » Toutes les tendances sont représentées parmi les chrétiens d’Orient, déclare André Armand. Ils ne sont pas des inconditionnels de Bachar al-Assad, au contraire, mais le fait est que certains se rappellent que, sous Hafez el-Assad ou Saddam Hussein, les chrétiens étaient en sécurité. Aujourd’hui, on les tue, et demain, l’Etat islamique va venir aussi vous tuer…  » En juillet dernier, No Terror a dénoncé une exposition suspecte qui s’est tenue au Parlement européen, à Bruxelles, à l’initiative de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne. Elle montrait les photos de cadavres horriblement mutilés, pris par  » César « , un soi-disant policier repenti du régime Assad.  » A y regarder de plus près, certaines de ces victimes, présentées comme des victimes des services secrets syriens, portaient sur le corps des crucifix ou un tatouage représentant le visage de Bachar al-Assad. Ne s’agissait-il pas plutôt de victimes des rebelles ?  » s’interroge André Armand. L’information est aussi une arme de guerre.

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Marie-Cécile Royen

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