Le piratage a toujours la cote

Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Malgré l’apparition de nouveaux services de vente en ligne, le piratage musical continue à faire des adeptes

Dans la lutte contre le téléchargement illégal de musique, l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry) a marqué un point décisif. Après de nombreuses passes d’armes juridiques, l’industrie du disque vient, en effet, d’obtenir la reddition de Kazaa, le célèbre service de partage de fichiers. En plus d’un dédommagement de 115 millions de dollars – censé indemniser les détenteurs des droits d’auteur qu’il aurait spoliés -, Kazaa devrait rapidement se transformer en site licite en installant des filtres capables de bloquer les fichiers illégaux.

Pour autant, l’IFPI ne crie pas victoire, tant s’en faut. Les chiffres présentés dans son dernier rapport sur le piratage n’invitent pas vraiment à l’optimisme. Ainsi, il apparaît qu’en 2005 un CD sur trois vendus dans le monde était encore une contrefaçon. Et si les revenus des maisons de disques provenant de la musique numérique ont atteint 1,1 milliard de dollars en 2005, en Europe, le téléchargement légal n’en est encore qu’à ses débuts. Pour la grande majorité des citoyens européens, la musique numérique (acheté de manière régulière ou illégale) est aujourd’hui un nouveau concept. Seulement 6 % des internautes auraient déjà effectué un achat sur une boutique de musique en ligne, et seulement 4 % d’entre eux (moins d’une personne sur vingt) effectuent régulièrement ce type d’achat. Pourtant, dans le même temps, le nombre de services de vente de musique en ligne est, lui, passé à 200, ce qui équivaut à une augmentation de l’offre de 33 % par rapport à 2004.

Du côté des pirates, l’offre s’est également élargie. En janvier 2006, l’industrie du disque estimait à 885 millions le nombre de fichiers musicaux non autorisés en circulation sur Internet. Face à cette abondance, c’est sans trop de surprises que l’IFPI constate une légère progression de la piraterie sur Internet par rapport à celle relevée en janvier 2005. Et s’il n’est pas étonnant qu’un Européen sur trois s’adonnant au piratage avoue acheter moins de CD, l’industrie musicale devrait, par contre, s’inquiéter que cette pratique soit surtout le fait des 15-30 ans. Dans un futur proche, cette catégorie de consommateurs ne sera pas la plus facile à convaincre que la dématérialisation de la musique ne rime pas nécessairement avec gratuité. D’autant que la mise à l’écart de Kazaa ne freinera pas les pratiques délictueuses. Il a déjà été démontré par le passé que la disparition d’un système de piratage provoquait souvent l’apparition de systèmes plus perfectionnés. Ainsi, actuellement, il n’est pas difficile de bidouiller certaines radios en ligne pour récupérer gratuitement tous les morceaux de musique souhaités…

Informations : www.ifpi.org

Vincent Genot

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