Ce jeune homme de 22 ans n’est plus une promesse, mais bel et bien un artiste confirmé. Son toucher subtil et précis se savoure au Conservatoire de Bruxelles, le 27 octobre.
Né à Los Angeles, d’une mère américano-taïwanaise et d’un père britannique, Kit Armstrong est un musicien professionnel (compositeur et pianiste) depuis l’âge de 8 ans. Boulimique de connaissances et infatigable défricheur, il est surdoué pour la musique, la science et les langues. Il parle chinois, français, anglais et allemand. On le retrouve en compagnie du jeune violoniste ukrainien Andrej Bielow et du violoncelliste Adrian Brendel, fils du célèbre pianiste. Ils nous emmènent en Bohême, en France et en Allemagne et nous régalent avec quelques-uns des plus beaux trios du répertoire.
Le Vif/L’Express : Au programme, il y a du Schumann, du Ravel, mais aussi du Josef Suk. Pourquoi avoir opté pour ce compositeur tchèque inconnu ?
Kit Armstrong : Vous avez raison, les oeuvres de Suk ne sont pas souvent jouées en dehors de la Tchéquie. Suk était l’élève d’Antonín Dvorak. Il épousa sa fille. Son Trio avec piano, composé très tôt, a le charme d’une oeuvre de jeunesse qui laisse présager une belle évolution. Nous espérons que le public sera ravi de découvrir cette oeuvre que l’on n’entend pas souvent.
Vous avez choisi comme mentor Alfred Brendel, la légende du piano. Pourquoi lui ?
J’ai été présenté à Alfred Brendel en 2004, à Philadelphie. Puis, j’ai eu l’honneur de jouer en première partie de l’un de ses concerts. Depuis lors, nous collaborons régulièrement. Il me fait progresser sur le plan musical et sur le plan humain. Alfred Brendel est une source d’inspiration constante.
Pianiste surdoué, vous êtes aussi titulaire d’un master en mathématiques. La musique et la science vont-elles bien ensemble ?
Les mathématiques jouent un rôle très important dans mon art de jouer et de composer. Ce qui m’intéresse beaucoup, ce sont les liens entre la musique et les mathématiques. Et aussi leur point commun qui est le sens de la beauté. Privées de ce sens du beau, les mathématiques n’existeraient pas. En effet, en mathématiques, on ne fait pas de recherches pour trouver une solution à un problème, mais pour découvrir la beauté. Parallèlement, dans la musique, des structures logiques existent naturellement. Il n’y a pas de contradiction entre les deux sphères. Elles s’entremêlent et s’influencent mutuellement.
Vous avez acheté une église à Hirson, dans le nord de la France, à 7 km de la frontière belge. Qu’est-ce qui a motivé cette acquisition ?
Quand j’ai visité l’église Sainte-Thérèse pour la première fois en 2012, j’ai été frappé par sa beauté et par son histoire inhabituelle. En tant que musicien, j’avais toujours rêvé de créer mon espace artistique. C’est ainsi que j’ai conçu le projet de la sauver et de la » réveiller » en lui donnant une seconde vie à travers la musique. L’église devient maintenant résidence et atelier, pour moi et pour la communauté. J’ouvre ses portes pour des concerts et des expositions. Le 3 juin dernier, j’y ai joué le récital inaugural, précédé par une exposition sur l’histoire du lieu. Mon programme parcourait sept siècles de musique, de Guillaume de Machaut à Maurice Ravel et Toru Takemitsu. Ce choix reflète mes futurs projets musicaux que je voudrais présenter à l’église. Sans oublier, dans les quatre années à venir, des commémorations de la Première Guerre mondiale.
Le 27 octobre, à 20 heures, au Conservatoire de Bruxelles. www.bozar.be
Entretien : Barbara Witkowska