Au cinéma et en librairie, la naissance d’un amour absolu entre Bel la, jeune provinciale américaine, et Edward, un vampire raffiné, bouleverse les adolesc ents. Surtout les filles…
A la première vision de Twilight pendant les vacances de Noël, Séverine, 14 ans, a pleuré et tremblé de tout son corps. Elle l’a revu une deuxième fois avec une amie. Au troisième coup, ça allait mieux, merci, mais elle avait déjà dévoré les quatre tomes de ce best-seller, paru en français chez Hachette Jeunesse ( Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation). Depuis que Stephenie Meyer, 35 ans, une mère de famille mormone de l’Arizona, a rêvé d’un bel archange nimbé d’argent, luttant contre son goût du sang pour l’amour de sa belle, elle raconte des histoires. Des histoires de vampires. Aux Etats-Unis, le quatrième opus de la saga Twilight a détrôné le septième et dernier épisode des Harry Potter. La version française de cette love story gothique (et pudique) bat des records de vente grâce à un bouche-à-oreille foudroyant : le million d’exemplaires vendus est dépassé. Mais, alors que les filles se pâment, les garçons sont plus réservés, voire carrément indifférents.
Elles aiment
Stéphanie a vu trois fois Twilight : » J’étais à fond dans le film, je savourais surtout les moments romantiques. » Justine renchérit : » C’est une histoire d’amour difficile, assez mystérieuse et très captivante. » Incarnée par Kristen Stewart, Bella est devenue l’icône des adolescentes. A 17 ans, elle est sérieuse, réservée, inconsciente de l’effet qu’elle produit sur Edward, à cent lieues des petites dégourdies de la Californie ou des intellos de la côte Est. » On se glisse facilement dans sa peau, confirment Guenaëlle et Fanny. Et les acteurs sont très beaux. »
Aussi enthousiaste que ses cons£urs, Eva pousse plus loin l’analyse : » Une fille tombant amoureuse d’un vampire aurait pu donner vie à n’importe quelle comédie romantique aussi profonde qu’un dé à coudre. Or tout a été fait pour casser le moule des films pour ados, que ce soit la réalisation, la musique ou, encore, l’ambiance terne qui règne dans Twilight. » Le vampirisme n’est qu’un prétexte. » Ce qui prime, poursuit-elle, c’est l’histoire d’amour entre deux personnes complètement différentes. Comment une fille normalement constituée pourrait-elle res-ter de glace devant tant desentiments ? C’est un vrai conte de fées, mais la princesse n’est ni riche ni cruche. On se dit que si une histoire pareille arrive à Bella, elle peut nous arriver à nous. »
Ils aiment beaucoup. Ou pas du tout
La simple lecture de la quatrième de couverture a rebuté Nicolas autant que Théo, 13 ans. En revanche, Rémy, 14 ans, partage la fatale attraction des filles de sa classe. Il a vu le film et lu avidement les deuxième et troisième tomes : » Impossible de s’arrêter en plein milieu, admet-il. Le film est pas mal, mais les livres sont plus prenants. Stephenie Meyer a un style d’écriture tellement simple et beau qu’on s’identifie aux personnages. Si les filles sont sensibles à l’histoire d’amour, les garçons préfèrent les moments d’action. De toute façon, ce livre n’est pas fait pour les amateurs de guerreà » Son copain Martin a vu le film et va acheter les quatre livres. » Twilight parle de nos contes d’enfance et les replace dans un cadre moderne « , estime-t-il.
Cela dit, le mystère de la différence des sexes n’est pas près d’être élucidé. » Les garçons cachent peut-être ce qu’ils ressentent, hasarde Eva, mais ils sont loin de s’extasier comme nous. Ils semblent être touchés et aimer le film et les livres. Mais pourquoi exactement ? Aucune idée. «
Marie-Cécile Royen