Le frère encombrant sort de l’ombre

Comment se défaire d’un frère égaré dans le rexisme de guerre ? Portrait croisé de Georges et Christian Simenon, deux êtres aux destins opposés. En primeur, les bonnes feuilles de L’autre Simenon, le nouveau roman de Patrick Roegiers.

« Chaque famille a un cadavre dans l’armoire…  » L’assertion figure dans l’un des  » romans durs  » de Georges Simenon, Les Soeurs Lacroix (1934), concentré de haine familiale. Quand il l’écrit, le grand romancier ne peut imaginer à quel point le constat s’appliquera, une dizaine d’années plus tard, à sa propre situation familiale. Son frère cadet, Christian Simenon, devenu dès la fin 1941 chef de section au sein de l’état-major de Rex, parti d’extrême droite fondé dans les années 1930 par Léon Degrelle, se sera alors égaré dans la collaboration la plus criminelle.

En août 1944, alors que la guerre touche à sa fin et que les passions se déchaînent, Christian Simenon participe, dans les rangs d’un commando rexiste, à une expédition de représailles. Il s’agit de venger la mort du bourgmestre rexiste du Grand Charleroi, Oswald Englebin, assassiné, ainsi que sa femme et son fils, sur la route reliant Monceau-sur-Sambre à Trazegnies. L’opération, organisée par la sinistre  » Formation B « , milice de Rex, se solde, à l’aube du 18 août, par l’assassinat de vingt-sept civils. Poursuivis après la défaite allemande, les complices de Christian affirmeront qu’il a personnellement vidé le chargeur de son arme sur le curé doyen de Charleroi, le chanoine Pierre Harmignie, exécuté le dernier. A l’issue du procès de la  » tuerie de Courcelles « , qui se tient de mai à août 1946, le Conseil de guerre le condamne à mort par contumace.

Tué à 41 ans en Indochine

Entre-temps, en juin 1945, Christian Simenon s’est, en effet, engagé dans la Légion étrangère, sous le nom d’emprunt  » Christian Renaud « . Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1947, il est tué en Indochine, au cours d’une embuscade, non loin de la frontière chinoise. Sa mort, à 41 ans, est officiellement confirmée en janvier 1948. C’est son frère Georges qui, sur les conseils de l’écrivain français André Gide, lui avait suggéré de s’engager dans la Légion. Les deux frères se sont brièvement rencontrés au printemps 1945, à Paris, place des Vosges, où Georges a un appartement. Le romancier, lui-même suspecté à l’époque de collaboration pour avoir accumulé les succès littéraires et cinématographiques sous l’Occupation, s’est-il efforcé de sauver la vie de son cadet, homme aux abois, promis au peloton d’exécution s’il était arrêté ? Ou fallait-il que disparaisse de la circulation ce frère encombrant, qui risquait de ternir sa réputation ? Le nom de Georges Simenon ne devait en aucun cas être mêlé au souvenir de fautes bien plus graves que celles que certains imputaient, à la Libération, à l’illustre auteur de, entre autres succès, Les Inconnus dans la maison (sorti en 1940, adapté au cinéma dès 1942 par Henri Decoin), La Vérité sur Bébé Donge (1942) ou L’Aîné des Ferchaux (mai 1945).

Dès octobre 1945, le romancier, ébranlé par la procédure d’épuration engagée contre lui et les règlements de comptes d’après-guerre, s’est exilé outre-Atlantique. En janvier 1948, quand il apprend la mort de son frère Christian, Georges Simenon adresse, de Tucson (Arizona), cette confidence à Gide :  » Vous êtes le seul à qui j’ai parlé de mon frère. C’est pourquoi, à vous seul aussi, j’ai la tristesse d’annoncer qu’il a été tué au combat sur le front d’Indochine. Il a payé cher, courageusement, une faute vénielle, alors que les responsables se sont échappés.  » Les mots  » faute vénielle  » surprennent. Voilà beaucoup d’indulgence pour les crimes de son cadet. L’écrivain poursuit :  » Je me suis longtemps demandé si j’avais eu tort de l’envoyer là-bas. Réflexion faite, je ne crois pas.  » Par la suite, Simenon gardera un silence absolu – et très parlant – sur cet épisode dramatique. Raté sans gloire, Christian a disparu sans laisser de traces.

La part d’ombre de Georges

Dans son nouveau roman, L’autre Simenon, qui sortira à la fin de ce mois, et dont Le Vif/L’Express publie en primeur les bonnes feuilles (lire page 58), Patrick Roegiers remet en lumière ce frère caché, dont il connaissait l’histoire. Il y voit un sujet romanesque, qui lui permet d’explorer, en parallèle, la part d’ombre de l’écrivain consacré. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la population française souffre des privations matérielles et morales, Georges Simenon a mené la vie de château en Vendée, au propre comme au figuré. Invités chez lui, à Fontenay-le-Comte, ses amis les plus chers, le peintre Maurice Vlaminck et le cinéaste Jean Renoir, témoignent de l’aisance démonstrative du père de Maigret.

 » Apercevant à l’occasion deux ou trois Boches qui s’extasiaient devant l’allure chantournée de son palais, il travaillait sur une table de chêne, son fils, élevé comme un « petit prince », jouant à ses pieds, écrit Roegiers. Et, profitant des événements plus qu’il ne les subissait, assurait sans honte ce train de riche parvenu… Georges était fier d’étaler sa réussite, lui qui avait toujours eu l’angoisse de la vie ratée, et qui la racontait à longueur de pages à travers l’existence de ceux qu’il appelait complaisamment « les petites gens ».  » Roegiers rappelle aussi que Georges Simenon a suivi des cours d’allemand pendant la guerre, pour parfaire ses connaissances.

 » Comme beaucoup d’écrivains vivant en France pendant l’Occupation, il continue à publier malgré la censure et la pénurie de papier, et ne semble pas gêné d’être sollicité par les journaux collaborationnistes « , reconnaît Bernard Alavoine dans une biographie de l’écrivain publiée sur le site du Centre d’études Georges Simenon (ULg).  » Cette attitude pour le moins opportuniste lui sera reprochée à la Libération, même si le romancier n’a jamais manifesté de sentiments pro-allemands.  » Ce qui aggrave son cas, ce sont les juteux contrats qu’il a signés avec les agents de la Continental, société de production cinématographique contrôlée par les Allemands.  » Simenon leur a en effet vendu l’exclusivité des Maigret, et, en tout, neuf de ses oeuvres vont être adaptées pendant l’Occupation « , indique encore le Centre d’études Georges Simenon.

Les meetings de Degrelle

Portrait croisé, le roman de Patrick Roegiers est aussi le tableau d’une époque, celle des rassemblements de Léon Degrelle, tribun populiste qui fait vibrer les foules, et de la dérive de son parti vers le fascisme et la collaboration avec l’occupant. Les quatre chapitres qui forment la première partie du livre, évocation de l’ambiance surchauffée d’un meeting de Degrelle auquel Christian Simenon assiste, visent à  » prendre le lecteur à la gorge « , explique l’auteur du Bonheur des Belges (2012) et de La Traversée des plaisirs (2014). Etre influençable, sans personnalité, sans ambition, qui oscille entre patriotisme et couardise, Christian est une proie facile pour le rexisme, estime l’auteur :  » Christian menait une vie sans éclat. Il n’avait aucune confiance en lui. Il n’existait pas à ses propres yeux… Christian était fier d’adhérer à un parti qui le représentait. Il n’était pas un rexiste fanatique comme ceux qui s’étaient affiliés depuis l’âge de quinze ans… Celui qu’il était avait cédé la place à celui qu’il avait choisi d’être. C’était un Nouvel Homme…  »

Georges Simenon est un gagnant, Christian, un perdant. Dans son enfance, le cadet, né le 21 septembre 1906, est un gamin respectueux et obéissant, sinon docile. Alors que Georges, né le 13 février 1903, est indépendant et d’un caractère indocile. Leurs parents ont chacun leur préféré : Georges est celui du père, Désiré, employé d’assurances, qui appelle le gamin  » fiston « . Christian est l’enfant chéri d’Henriette, mère bigote, vendeuse à l’Innovation, qui traite son aîné d’incapable, ne lui donne ni baisers ni tendresse, et dit à son mari :  » Georges est ton fils.  » Le futur écrivain en souffrira, et le temps n’atténuera jamais l’incompréhension entre Henriette et lui. Elle voulait que Georges soit pâtissier, et ne lira aucun des livres de son célèbre fils. Dans Lettre à ma mère, publié en 1974, trois ans et demi après le décès d’Henriette à Liège, l’écrivain confie :  » Nous ne nous sommes jamais aimés de ton vivant, tu le sais bien.  »

Zones d’ombre et de douleur

Patrick Roegiers a lu de nombreuses études sur l’écrivain, dont la biographie de Pierre Assouline. Ce qui ne l’empêche pas, dans L’autre Simenon, de prendre quelques libertés avec l’Histoire : il change le nom des soudards de Rex et des victimes de la tuerie de Courcelles, situe l’ultime rencontre entre les deux frères Simenon place Vendôme, et non place des Vosges, et envoie Christian à la Légion Wallonie mobilisée par Degrelle, et non à la Légion étrangère, ce qui donne l’occasion à l’auteur de consacrer un chapitre entier à l' » enfer  » du front de l’Est, où se mêlent la neige et le sang.

Dans son roman, Roegiers écrit que Christian Simenon demeure  » la part d’ombre de Georges qui s’accommodait de semi-vérités qu’il valait mieux oublier. A quoi bon savoir ce que l’on feint d’ignorer ?  » Dans un numéro paru en 2013 des Cahiers de L’Herne consacré à Simenon, il précise, à propos du grand écrivain :  » Ce qui me frappe dans la vie de Simenon, ce ne sont pas les clichés. Mais les zones d’ombre et de douleur qui sont l’inverse de l’aspect solaire et rayonnant de son oeuvre. Sa tumeur au cerveau en 1984, la mort de sa fille, évidemment, et la part d’ombre qui la recouvre (NDLR : en 1978, Marie-Jo, qui souffrait d’angoisses, se tire une balle de pistolet dans la poitrine), et l’itinéraire de son frère Christian, rexiste militant, fasciste notoire, condamné à mort par le Conseil de guerre de Charleroi en août 1946, et qui finit sa vie à la légion étrangère.  »

[EXTRAITS]Séduit par le rexisme, Christian Simenon, le frère du grand écrivain, plonge dans l’ambiance d’un meeting de Degrelle.

Christian avait longtemps hésité à entrer car il n’entendait rien à la politique, mais en pénétrant dans l’immense vaisseau, il avait été impressionné par la découverte de l’imposante tribune de trente mètres de large sur cinq mètres de haut, peinte en rouge vif et garnie de frises écarlates sur lesquelles irradiait l’emblème du parti formé d’une couronne royale, surmontée d’une croix en or et de lettres en caractères noirs qui formaient le mot Rex.

La salle était pleine à craquer et, sous la verrière prête à exploser comme une bombe, se tenaient des ouvriers avec des casquettes, des mineurs aux trognes éberluées et des cheminots, des petits commerçants, des employés et des rentiers sur lesquels pleuvaient des tracts lancés du dôme transparent comme un ovule ou un ballon dirigeable. Deux heures avant le début du meeting, il n’y avait plus de place pour une épingle. Même une mouche n’aurait pu se glisser dans l’enceinte autour de laquelle les rexistes en uniforme montaient la garde par crainte d’attentats, l’un d’eux ayant été abattu à l’endroit signalé par une gerbe de fleurs ornée d’un ruban flasque.

Il avait fallu fermer les portes avant l’ouverture. On avait inspecté les gradins et des milliers de personnes avaient dû rester dehors. Quelques échauffourées avaient éclaté avec des opposants virés à coups de poing et de pied et, au bas de l’estrade monumentale, qui avait au moins coûté dix mille francs, où pétillaient des éclairs de magnésium illuminant les drapeaux flamboyants, et que le public assis sur des banquettes contemplait de loin, se tenaient au garde-à-vous des gymnastes en maillots blancs frappés du sigle du mouvement et des rexistes en tricots bleus, à brassard rouge sang.

Face au podium, une énorme faute d’orthographe s’étalait sur une pancarte plantée dans une tenture noire : nous battront le fascisme. Christian était abasourdi et il se demandait comment il s’était retrouvé là. Cela s’était passé tout simplement.

– Tu connais Léon ?

– Tout le monde parle de lui.

– Ce n’est pas une raison.

– Pourquoi ne viens-tu pas ?

– L’occasion fait le larron.

– Je n’entends rien à cela.

– Qui ne risque rien n’a rien.

– Si tu ne t’en occupes pas…

– … la politique s’occupera de toi.

– Il n’y a que le premier pas qui coûte.

– Ne discute pas, viens !

– Et après, on ira au café.

Il avait voulu rebrousser chemin, mais le public qui affluait l’en avait empêché. C’était la foule des grands jours. Elle déferlait comme une forte marée. Jouant des coudes pour se maintenir à flot, Christian fixait le panneau et ne voyait que le  » T  » qui rendait dérisoires les cris d’impatience du public réparti sur la pelouse et dans les tribunes. À chaque porte, c’était la cohue. Le service d’ordre était débordé. Chacun était accueilli par un rugissement à son entrée. Rien n’était laissé au hasard. Tout était parfaitement organisé. Le chauffeur de salle hurlait dans un mégaphone.

REX.

Et la salle répondait :

– VAINCRA !

Cela restait à prouver. Les hommes sont des moutons, des poules, des ânes, des veaux, des êtres sans cerveau, que n’attire qu’une pensée. La même pour tous. Chacun la comprenait. Tous la martelaient. Le souffle coupé, Christian se trouvait isolé dans une mer de têtes d’où une seule clameur s’élevait :  » REX VAINCRA !  » Et la foule, aveugle, répétait :  » VAINCRA ! « …

Dernière rencontre entre Georges Simenon et son frère Christian, à Paris, au printemps 1945.

C’était un dimanche soir. Tout était calme et silencieux. Christian était parti à la gare en s’assurant qu’il n’était pas suivi et avait pris le train pour Paris. Il n’était jamais venu dans la capitale française et portait un costume gris mal coupé. Les deux frères ne s’étaient pas vus depuis des lustres et ne se seraient pas reconnus s’ils s’étaient croisés par hasard dans la rue. Georges s’était demandé si c’était son cadet qui était là sur la place vide baignée d’une clarté diffuse où une silhouette se tenait immobile, assise sur un banc, une valise à ses pieds.

CHRISTIAN

Qui est là ?

GEORGES

C’est moi, Georges.

CHRISTIAN

Tu m’as fait peur.

GEORGES

Comme le temps passe.

Il était près de vingt-trois heures. Ils s’étaient observés dans la pénombre bleutée des réverbères. Ils s’étaient à peine serré la main en évitant de tomber dans les bras l’un de l’autre. On aurait dit deux boxeurs qui se dressaient face à face, sur un ring. L’un regardait l’autre et l’autre toisait ce frère qui lui était étranger. Qui aurait cru qu’il deviendrait un assassin ? Il n’était pas de taille. L’un était le meurtrier, l’autre le romancier.  » Ecrire libère de ses démons « , jugeait Georges. Mais Christian pensait :  » L’homme n’est jamais qu’un monstre.  » Une phrase de Georges pourtant les rapprochait : Le policier, au fond, comprend le criminel parce qu’il aurait pu l’être.

CHRISTIAN

Je ne vais pas bien du tout.

GEORGES

Cela se voit.

CHRISTIAN

Et ton coeur ?

GEORGES

Fausse alerte. Je ne me suis jamais si bien porté.

CHRISTIAN

Qu’avais-tu ?

GEORGES

Rien.

Georges était descendu au Claridge. Ils ne s’étaient pas vus depuis juin 1943, à Saint-Mesmin-le-Vieux, où Christian était venu passer un moment. Il se tournait toujours vers son aîné dans les instants difficiles. Il avait une barre dans l’estomac. Il n’était pas rasé depuis plusieurs jours. Il avait les joues creuses et avait coupé sa moustache. Son teint était hâve. Sa peau grisâtre. Ses yeux liquides. Il avait mauvaise mine. Son ventre était alourdi par la bière. Il avait pris du poids. Il avait vieilli de dix ans. Ce n’était plus le même homme. Christian avait l’air fatigué. Il était là sans y être vraiment et donnait l’impression de quelqu’un qui se noie.

GEORGES

Quel effet cela fait d’être un assassin ?

CHRISTIAN

Tu devrais le savoir.

GEORGES

Les crimes ne servent à rien.

CHRISTIAN

C’est à cause de toi que je les ai commis.

GEORGES

Moi, j’écris des romans.

CHRISTIAN

Je suis devenu celui que j’étais.

GEORGES

La vie n’a pas besoin de héros.

CHRISTIAN

On a tous une part d’ombre.

GEORGES

Quand on tue, on se fait des ennemis.

CHRISTIAN

J’en ai pris mon parti.

GEORGES, ironique

Et le parti t’a pris.

CHRISTIAN

Faute de mieux !

GEORGES

Pourquoi as-tu fait ça ?

CHRISTIAN

Il fallait que je le fasse.

GEORGES

Pour quelle raison ?

CHRISTIAN

Pour faire une chose qui nous sépare.

C’était une figure de style. Georges disait la vérité. Christian mentait. Son frère avait décrit tant de vies sans les vivre. Mais lui avait commis ce qu’il n’avait jamais accompli. Ils avaient un compte à régler. Vieille histoire comme il en existe dans toutes les familles. A chacun sa vérité. La rancoeur n’était pas éteinte. Christian était assailli par un mauvais pressentiment. Il était comme celui qui approche d’un précipice et se penche au-dessus du vide. Il croyait plus en Georges qu’en lui-même. Il était celui qu’il aurait voulu être. Il admirait son talent, sa fortune et son succès. Mais il ne lisait pas ses livres.

Ils étaient du même sang malgré le fossé qui les séparait. Dans ce face-à-face, l’un n’avait rien à perdre. L’autre, si. Il fallait à présent vider l’abcès. Christian se murait dans le silence. Georges le fixait sans le voir. Ils étaient comme les coureurs dans ces courses de poursuite cycliste où les concurrents partis de points opposés tentent de se rejoindre ou de réduire l’écart du départ. Mais ils n’y arrivaient pas et savaient qu’ils n’y parviendraient jamais. Christian se sentait écrasé par cet aîné qui lui inspirait un sentiment d’infériorité. Rien ne les rapprochait. Leurs pensées les opposaient et ils ne disaient pas ce qu’ils pensaient véritablement l’un de l’autre…

L’autre Simenon (roman), par Patrick Roegiers, Grasset, 298 p.

Les intertitres sont de la rédaction.

Par Olivier Rogeau

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