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Le dictionnaire

A quinze jours de la sortie de son édition 2023, Larousse a laissé filtrer quelques-uns des 150 mots et expressions qui entrent dans ce dictionnaire. Comme l’opération «beaujolais nouveau», où l’on boit, le troisième jeudi de novembre, un vin produit en septembre, donc très jeune, chaque édition est attendue, celle du Larousse comme celle du Robert. C’est la bataille du printemps. Le monde du dictionnaire, comme celui du vin (ne pas confondre beaujolais nouveau et vins du Beaujolais) se divise en deux catégories. Il y a les instruits (plutôt «de gauche», a-t-on longtemps prétendu), qui s’en remettent au Petit Robert. Et les élèves, les retraités qui font des mots croisés, qui recourent au Larousse, plus familial, suivant le principe édicté par son fondateur, Pierre Larousse: «Instruire tout le monde et sur toutes choses.» Un dico, pourtant, n’est pas un beaujolais. Il est le miroir des mutations sociétales. Reflets de leur époque, les termes récents se réfèrent souvent à la gastronomie, à l’environnement, aux sciences, à la finance et, bien sûr, aux évolutions des mœurs. Tant chez Larousse que chez Robert, l’anglais est la langue étrangère qui contribue le plus à l’enrichissement du français. Mais la principale source d’évolution du français demeure… le français. La supposée invasion de l’anglais se révèle exagérée. Ressemblant souvent à des mots existants, les nouveaux mots venus du français passent davantage inaperçus. D’autres entrent seulement dans les dicos alors qu’ils sont employés depuis longtemps dans certains milieux. Pour ceux qui traquent les nouveaux arrivants, un léger avant-goût. On retrouve évidemment le thème de la crise sanitaire: «covid long», «enfermiste», «passe» (avec un «e»), «visio» ou «vaccinodrome». Une définition est donnée au mot «essentiel». La médecine bénéficie de «glissement» «insula» ou «RO», sigle de ratio. Outre ce lexique pandémique, la gastronomie voit entrer «chawarma», spécialité libanaise, ou le fameux «poke» (ou «poké»), qui envahit les restos. De nouveaux mots apparaissent dans le domaine de l’environnement («mégafeu», «aquaponie» ou «polliniser») et de la société («cyber- harcèlement», «emprise», «grossophobie», «pervers narcissique», «séparatisme» ou encore «wokisme»). A priori, pas de scandale, loin de l’ajout du pronom «iel» dans la version électronique du Robert, qui avait suscité la polémique l’an dernier. Celle-ci s’était vite éteinte par quelques mots rédigés par l’éditeur: «Définir les mots qui disent le monde, c’est aider à mieux le comprendre.»

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