Pas mal, cette rallonge: en 2023, il passe à vingt jours, contre quinze depuis 2021 et dix auparavant. Pas mal, mais il est facultatif et puis, il n’est pas assez long. Pour La Ligue des familles, dans sa dernière étude, il devrait être obligatoire et, d’ici à 2029, compter autant de semaines que le congé de maternité, soit quinze. Pratiquement, ce serait un allongement d’une semaine, chaque année d’ici à 2029. C’est ce qu’a fait l’Espagne, par exemple, parce que ce congé demeure un enjeu, un levier d’égalité entre les femmes et les hommes. C’est connu: avant la naissance, il règne une répartition des corvées entre les futurs parents plutôt égalitaire. Mais, lors du congé de maternité, la mère gère les soins et les tâches ménagères. Au bout de quinze semaines, les vilaines «habitudes» s’enracinent. Il y aurait un autre avantage, méconnu, tabou et, par ailleurs, faisant l’objet de très peu d’études: la dépression post-partum. Elle semble également concerner les pères, puisqu’on estime que cette pathologie touche de 8% à 10% d’entre eux dans l’année suivant la naissance de leur enfant. Pour les chercheurs, il existe des points communs, des similitudes entre les deux sexes: la précarité, des antécédents psychiatriques, une grossesse difficile, le bouleversement social ou encore des nuits trop courtes et chamboulées sont à l’origine d’une dépression post-partum chez l’un et l’autre des parents. Mais son expression se manifeste différemment: la mère éprouve souvent de la tristesse, le père, lui, exprime de la colère, est irritable et, parfois, consomme trop d’alcool, voire de la drogue. Sa dépression pèse évidemment sur la santé mentale de la mère, comme dans le développement de l’enfant. Et voilà que, dans une étude livrée par l’Institut national (français) de la santé et de la recherche médicale (Inserm), des chercheurs détaillent les effets positifs du congé de paternité (alors d’une durée de quatorze jours) sur le bien-être des pères. En résumé, ce «repos» les protège de la dépression, puisque ceux qui n’ont pas pris ce congé sont significativement plus nombreux à développer cette pathologie. Le hic: l’enquête montre étrangement que les mères, dont le coparent a opté pour ce congé souffrent, elles, davantage d’une dépression… Un biais d’étude tout simplement, selon les chercheurs. Ils estiment que lorsqu’une mère va moins bien, le partenaire demeure plus à même de prendre ce congé. Autrement dit, et toujours selon l’étude, cela peut aussi pointer le fait que quinze ou vingt jours ne sont pas suffisants pour soutenir les mères.

Le congé de paternité
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