Le Vif/L’Express a sondé seize dirigeants montois de la politique, de l’économie, de la culture, bref, du pouvoir, sur les personnes les plus influentes de leur ville. Un top cinq leur était demandé. Le premier emportait cinq points, le deuxième quatre, jusqu’au cinquième, qui en obtenait un seul. Elio Di Rupo rafle 79 points sur 80 possibles. Qui sont les suivants ?
2e (38 points) : CAROLINE DECAMPS, directrice générale de l’Idea
Directrice générale depuis mai 2013, Caroline Decamps travaille à l’intercommunale de développement économique et d’aménagement du territoire de la région Mons-Borinage-Centre depuis le début de sa carrière professionnelle. Ingénieure commerciale, diplômée de la Faculté Warocqué de l’Université de Mons-Hainaut, elle entre à l’Idea, en mars 1992, comme conseillère de la cellule PME à la direction du développement régional. Elle devient ensuite adjointe à la direction financière, puis directrice financière, avant de succéder à Jean-François Escarmelle au terme d’une procédure de sélection interne dont elle est l’unique candidate, et qui voit sa candidature approuvée à l’unanimité. La directrice générale est également administratrice de diverses structures publiques (SPGE, SRIW, Aquawal…).
» Caroline Decamps est différente de Jean-François Escarmelle, confie une de ses collègues. De prime abord, il était plus impressionnant, on ne lui parlait pas dans l’ascenseur. Elle, comme elle a été une collègue, on lui fait la bise, on la tutoie. Elle est souriante, compétente. C’est un petit bout de femme, mais elle sait être ferme et se faire respecter. Elle connaît bien sa boîte et a innové en créant des journées rencontres entre les membres du personnel, en organisant des visites de chantiers… »
A l’extérieur, Caroline Decamps suscite respect et admiration pour son intelligence et sa maîtrise des dossiers. On estime qu’elle a dynamisé l’Idea. L’un dit d’elle qu’elle » n’a pas peur de prendre des distances avec les politiques. Elle donne un avis et ne craint pas de remettre l’église au milieu du village. » Un autre qu’elle » ne craint pas d’aller à l’encontre des courants dominants « .
L’intéressée se présente avant tout comme une technicienne. » Idea représente 27 communes et je dois être à la disposition de tous, quelle que soit leur couleur politique. » Caroline Decamps est aussi persuadée que si on la cite comme femme d’influence, ce n’est pas tant la femme que la fonction et l’institution qu’elle incarne qui sont qualifiées. » Si, demain, je deviens fleuriste ou agricultrice, on ne me verra plus dans ce classement. »
3e (25 points) : NICOLAS MARTIN, Premier échevin (PS) et député wallon
Licencié en sciences politiques, diplômé en 1999 de ce qui était encore la Fucam, l’actuel Premier échevin de la Ville de Mons est aussi député wallon depuis les élections régionales de 2014. Précédemment, sous la législature 1999-2004, il gravit les échelons au sein des cabinets des ministres-présidents de la Région wallonne : Elio Di Rupo, d’abord, Jean-Claude Van Cauwenberghe ensuite, dont il devient chef de cabinet.
En 2000, il est élu conseiller communal comme candidat d’ouverture. En 2002, il prend la présidence du CHU Ambroise Paré. En 2006, il devient échevin du Développement économique et du Tourisme et quitte ses fonctions de chef de cabinet d’Elio Di Rupo redevenu ministre-président, après la démission de Van Cau. En octobre 2012, obtenant le 2e score derrière Elio Di Rupo, toutes listes confondues, il est désigné comme bourgmestre faisant fonction, jusqu’à ce que le bourgmestre empêché quitte son poste de Premier ministre, en octobre 2014. En juin 2015, il est élu président de la Fédération PS de Mons-Borinage.
Caroline Decamps estime qu’il symbolise la relève politique, mais aussi » en tant que président montois de la Fédération PS de Mons-Borinage, l’union retrouvée entre les Montois et les Borains. » Un autre interlocuteur ne partage pas du tout ce point de vue. » A un moment, il n’était plus rien, ni bourgmestre ff, ni président d’Ambroise Paré dont il avait fait sa tribune politique. Il a été catapulté à la Fédération, mais je ne suis pas sûr qu’aux yeux des Borains et des militants, il incarne le socialisme. »
4e (22 points) : CALOGERO CONTI, recteur de l’UMons
Ingénieur civil métallurgiste (1978) puis docteur en Sciences appliquées (1983) à la Faculté polytechnique de Mons, Calogero Conti devient doyen de celle-ci en 1997, puis recteur en 2006. En 2009, il devient recteur de la nouvelle Université de Mons, née du regroupement de la Faculté polytechnique et de l’Université de Mons-Hainaut. Depuis 2009, il est président du centre de recherche Materia Nova et, depuis 2014, il assure la présidence du Pôle hainuyer qui regroupe les institutions de l’enseignement supérieur du Hainaut.
» En tant que recteur de l’UMons, Calogero Conti prend des décisions qui concernent directement le territoire de Mons, note la directrice générale de l’Idea. L’orientation que prend l’université dans son développement, dans le renforcement de son potentiel scientifique et dans l’attractivité qu’elle exerce sur les étudiants a forcément un impact sur le territoire, et la présence de l’UMons est essentielle pour le Coeur du Hainaut. »
» Les recteurs et vice-recteurs d’universités jouent très certainement un rôle de conseiller de l’ombre, note un de nos interlocuteurs. Ce sont les universités qui ont porté tous les projets de pôles d’excellence : Multitel, Materia Nova…, qui sont un peu les bras armés des pôles de compétitivité. » » Calogero Conti investit beaucoup dans la ville. Dans les bâtiments et en particulier dans la vie culturelle « , souligne un autre.
5e (9 points) : PHILIPPE LIBIEZ, directeur général ff de la Ville de Mons
Philippe Libiez terminera, au 31 décembre prochain, une longue carrière de fonctionnaire entamée comme rédacteur à la Ville de Mons en 1975. Sa carrière administrative est entrecoupée d’intégrations dans divers cabinets échevinaux, maïoraux et ministériels, à la Région wallonne ou la Communauté française. Il travaillera ainsi pour Richard Biefnot (échevin), Abel Dubois et Maurice Lafosse (bourgmestres), Guy Mathot, Bernard Anselme, Yvan Ylieff, Willy Taminiaux. En 2000, il revient à la Ville de Mons où il occupe la fonction de secrétaire communal adjoint, mais aussi de chef de cabinet adjoint d’Elio Di Rupo.
Pour » rester dans le circuit » au crépuscule de sa carrière, il se présente comme candidat à la présidence de l’Union socialiste communale de Mons, avec un vice-président et une vice-présidente, comme l’exigent les règles de cette USC. Caroline Decamps, qui a travaillé sur de nombreux dossiers avec lui, souligne son énorme connaissance des rouages de la Région wallonne. » Tout comme Ermeline Gosselin, Anne-Sophie Charle et Yves Vasseur, c’est un technicien de haut vol. »
6e ex-aequo (7 points) : ÉRIC DOMB, président du Club des entreprises Mons 2015
Produit d’appel sollicité pour convaincre les entrepreneurs de rejoindre le club et sponsoriser la Capitale européenne de la culture, il est avant tout le patron de Pairi Daiza.
6e ex-aequo (7 points) : PHILIPPE DEGENEFFE, nouveau patron du Manège
Actuel numéro 2 de la Fondation Mons 2015, il deviendra, au printemps prochain, le patron du Manège, la plus importante infrastructure culturelle montoise. Il est encore trop tôt pour prédire comment le Louviérois assumera cette mission, mais un des administrateurs de Mons 2015 estime que » venant du privé (NDLR : il a travaillé pour Franco Dragone), il n’aura pas peur de trancher s’il y a un problème. »
8e (5 points) : MARTINE DUREZ, administratrice de la Fondation Mons 2015
Ancienne présidente du conseil d’administration de bpost et enseignante de l’UMons, elle était la seule Montoise parmi les 12 membres de la Task Force indépendante chargée d’analyser les portefeuilles de la programmation Feder 2014-2020.
9e (5 points) : ANNE-SOPHIE CHARLE, coordinateur superviseur de la Fondation Mons 2015
D’abord porte-parole de la Ville, Anne-Sophie Charle devient chef de cabinet d’Elio Di Rupo à l’âge de 27 ans, en 2004. Depuis le 1er janvier 2013, elle est le coordinateur superviseur de la Fondation Mons 2015 et, avec Gilles Mahieu, administrateur superviseur, joue le rôle-clé de relais entre la Fondation et son ancien patron. On la dit » brillante et intelligente. » Il se murmure qu’après 2015, elle pourrait retourner dans le privé et s’occuper de la communication du domaine viticole familial de son mari, Hubert Ewbank de Wespin.
… et Hubert Ewbank de Wespin, homme d’affaires (4 points)
Membre d’une grande famille d’exploitants agricoles, Hubert Ewbank de Wespin est directeur de l’entreprise de recyclage Vanheede Environment Group, directeur commercial du Domaine viticole du Chant d’Eole, inauguré à Quévy-le-Grand le samedi 3 octobre dernier, et président du club de foot USG Quévy, rebaptisé Royal Albert Quévy Mons. On croit savoir qu’il ne souhaitait plus présider le club quévysien, mais que la décision de son déménagement au stade Tondreau du défunt Raec, en mai dernier, pourrait l’avoir fait changer d’avis.
Les autres personnes citées
Georges-Louis Bouchez (MR) – 4 points ; Chantal Bouchez (CHU Ambroise Paré) – 3 points ; l’entreprise de matériaux Gobert (construction) – 2 points ; Jean-François Escarmelle (ancien patron de l’Idea) – 2 points ; Céline Bernard (du Relais pour la vie, une initiative caritative) – 2 points ; Sylvie Creteur (directrice de l’Invest Mons Borinage Centre) – 2 points ; Liliane Sinigaglia (association de commerçants) – 1 point. Un de nos jurés a attribué cinq points à la franc-maçonnerie…
Par Caroline Dunski